Adoption : état des lieux à La Réunion

Le délai moyen pour une adoption à La Réunion est deux ans.
Adopter un enfant a toujours relevé du parcours du combattant. Une procédure longue et complexe dans laquelle il est possible de se faire accompagner par le Conseil Départemental et le tissu associatif, deux entités pas toujours d'accord sur les méthodes et les moyens mis en œuvre.

L’adoption est une démarche qui permet à  des enfants délaissés de retrouver un foyer et dans le même temps à des familles de connaitre le bonheur d’être parents. Dans l’île, les demandes sont nombreuses, mais les enfants à adopter sont une denrée rare. Selon l’association, ces enfants existent bel et bien, mais ne sont pas administrativement « adoptables ». Une grille de lecture contestée par le Conseil Départemental. Explications.

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

Les procédures pour adopter un enfant sont longues, et les demandes sont nombreuses dans l’île ©Réunion La 1ère

Adoption à La Réunion : mode d’emploi


 Dans l’île, une centaine de famille disposent de l’agrément du Conseil Départemental, la collectivité en charge de la protection de l’enfance. Cet agrément est un passeport qui confirme l’aptitude des foyers à accueillir un ou plusieurs enfants. Cette procédure dure entre six et neuf mois, ensuite il faut attendre un enfant avec le bon profil, puisque les besoins des familles sont tous différents.
Dans l’île, le délai moyen d’attente pour l’adoption est de deux ans mais il arrive parfois que des familles en attente d’enfant ne soit pas exaucées au terme des 5 ans de validité de l’agrément, il faut alors entamer une démarche de renouvellement.

L’association « Enfance et Familles d'Adoption » accompagne et informe les familles pendant et après la procédure d’agrément, elle organise notamment des groupes de parole avec un psychologue. Il s’agit de partager les vécus mais aussi d’aborder des thématiques potentiellement conflictuelles : comment aborder l’adolescence ?

Quel est le profil des enfants mis à l'adoption ?


Selon l’association Enfance et Familles d'Adoption à La Réunion, les enfants  sont placés en famille d’accueil souvent sans autre perspective faute d’évaluation. D’après René Vlody, le président de l'antenne réunionnaise, le problème est administratif et la faute incombe au conseil départemental.
Il dénonce le manque de moyens dédiés aux bilans d’adoptabilité qui supposent l’implication d’un médecin, d’un psychologue et d’une assistante sociale ne sont pas réalisés, ce qui bloque toute procédure d’adoption des pupilles de l’Etat.

Les enfants sont là à attendre d’hypothétiques parents qui ne viennent pas

René Vlody, Enfance et Familles d'Adoption

Une analyse contestée par le Conseil Départemental , qui estime que les délais des évaluations sont longs à juste titre, puisqu'ils permettent de mener une enquête sociale appronfondie. De plus, la collectivité rappelle que tous les enfants placés dans les familles d'accueil n'ont pas vocation à être adoptés, l'objectif étant de leur permettre de retrouver leurs foyers d'origine.
Restent les candidats naturels, les enfants nés sous le secret, mais qui "ne seraient pas si nombreux" selon le conseil départemental, sans pour autant avancer de chiffres.

Que dit la loi sur l’adoption d’enfants étrangers ?


Depuis le 22 octobre 2023, La France a suspendu toute procédure d’adoption d’enfants originaires de Madagascar. Une décision qui vient entériner la suspension déjà prononcée il y a un an et qui va dans le sens de la législation internationale.

Les démarches individuelles sont interdites en France depuis la loi du 22 février 2022 qui vient renforcer les dispositions internationales prises en 1993 lors de la convention de La Haye. Ratifié par la majorité des pays pour limiter les risques de trafic d’enfants  et d’autres dérives privant l’enfant de ses droits fondamentaux, le texte rappelle que les enfants doivent être adoptés en priorité dans leur pays d’origine.