"Je n’imaginais jamais qu’on serait indemnisé, j’avais abandonné, mais grâce à Me Antoine, nous avons pu avoir cet argent. Il a bien bataillé pour nous, salue Delphine Rococo, 80 ans, une des victimes réunionnaises du Médiator. Nous sommes des personnes âgées, nous avons eu des soucis de santé, on pensait prendre de bons traitements, mais ce n’était pas le cas".
Ce vendredi 10 septembre, une cinquantaine de victimes réunionnaises ont reçu leur chèque d’indemnisation. Ces dommages et intérêts leur sont versés individuellement. En mars dernier, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné les laboratoires Servier, reconnus coupables de "tromperie aggravée" et d'"homicides et blessures involontaires".
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Dix ans de combat
Ce vendredi 10 septembre, les victimes réunionnaises étaient réunies au cabinet de leur avocat Maître Antoine particulièrement ému. "C’est à moi de vous remercier de m’avoir fait confiance pendant dix ans, nous avons été entendus, a-t-il déclaré à ses clients qui l’ont longuement applaudi. Au-delà des dix années de procédure, il y a aussi l’aventure humaine. En entamant le combat, on savait que ça serait dur, on a perdu des gens, paix à leur âme, et aujourd’hui vous avez votre indemnisation, c’est votre victoire".
La condamnation des laboratoires Servier
L’affaire du Médiator est l’un des pires scandales sanitaires de ces dernières années. Ce médicament anti-diabétique utilisé comme coupe-faim et commercialisé pendant près de 30 ans, est susceptible d’avoir fait près de 4 000 victimes dont 2 000 décès. Difficultés respiratoires et des problèmes cardiaques, faisaient aussi partie des effets.
Le 29 mars dernier, le tribunal correctionnel de Paris condamnait les laboratoires Servier qui étaient reconnus coupables de "tromperie aggravée" et d'"homicides et blessures involontaires". Le procès s’était ouvert en septembre 2019 avec plus de 6 500 parties civiles, près de 450 avocats et une quarantaine de prévenus.
43 victimes réunionnaises
Après près de dix ans de procédure, les victimes étaient enfin reconnues. Parmi les 2 684 victimes qui se sont constituées parties civiles figuraient 43 Réunionnaises. En 2011, elles s’étaient regroupées en un collectif "Mediator Réunion", porté par Chantal Ethève. Maître Alain Antoine se saisit de cette affaire. En 2012, il demande que des expertises soient réalisées à La Réunion. En 2016 et 2017, les membres du collectif "Mediator Réunion" font entendre leur voix pour obtenir réparation avec la condamnation des Laboratoires Servier.
Pour Me Alain Antoine, avocat du collectif "Mediator Réunion", le jugement du tribunal était l’aboutissement d’un combat. Ce matin, remettre leur indemnisation à ses clients, était l’ultime acte de dix ans de procédure.