Après le double infanticide commis par un père de famille a priori sans histoire aux Avirons, Frédéric Rousset appelle de ses vœux à une prise de conscience collective. "Ce soir, c'est la tristesse qui le dispute à la colère...", a réagi le président du CEVIF, le Collectif pour l'élimination des violences intrafamiliales, sur le plateau du journal télévisé de Réunion la 1ère.
"Quand cela va-t-il s'arrêter ?", a-t-il lancé, particulièrement ému à la nouvelle du décès brutal des deux petites filles âgées de 4 et 7 ans. "Si seulement ces moments de souffrance pouvaient permettre de tous nous faire prendre conscience que les enfants ne nous appartiennent pas... mais qu'il nous appartient de les élever, de les éduquer, de les chérir, de leur permettre de vivre heureux sur cette terre".
Revoir l'intervention de Frédéric Rousset sur Réunion La 1ère :
La population réunionnaise sous le choc
Au-delà de la petite commune des Avirons, c'est toute La Réunion qui est bouleversée par ce drame qui reste pour l'heure inexpliqué. Comment expliquer d'ailleurs qu'un père puisse prendre ainsi la vie de ses deux enfants, la vie de ses deux fillettes ?
La presse nationale, si souvent sourde à ce qu'il se passe sous nos latitudes, s'en est, elle aussi, fait l'écho en titrant sur ce père ayant "tué ses deux jeunes enfants avant de se suicider". Et pourtant, ce n'est malheureusement pas la première fois qu'une telle horreur se produit.
Des schémas qui se répètent
En mars 2019, à la Rivière des Galets, Jean-Daniel Dijoux a tué trois fois. Il a noyé ses trois fils âgés de 2, 4 et 5 ans dans la baignoire de la salle de bains familiale, tandis que sa fille de 9 ans parvenait à prendre la fuite chez un proche. Un triple infanticide qui a lui a valu la réclusion criminelle à perpétuité en 2022.
A Saint-Louis, Cédric Philéas n'a, lui, jamais été retrouvé après avoir tenté de tuer ses enfants âgés de 2 et 9 ans, en leur portant plusieurs coups de couteau. Au fil des drames, les mêmes schémas qui se répètent et au final, de jeunes victimes qui peuvent donc parfois payer de leur vie pour des conflits d'adultes.
"La question qui doit résonner dans tous les foyers réunionnais"
"Quand cela va-t-il s'arrêter ?", répète ainsi Frédéric Rousset. C'est sûrement la question qui doit résonner dans tous les foyers réunionnais". Pour le psychologue engagé dans la lutte contre les violences intrafamiliales, il faut arrêter "d'instrumentaliser les enfants et de les entraîner de force dans nos querelles et sur nos terrains de guerre !"
Le professionnel de rappeler qu'en 2022, le ministère de l'Intérieur avait relevé qu'une douzaine d'enfants avaient perdu la vie dans un contexte de violences conjugales. "Désormais, je pense qu'il est temps que tous, collectivement, on se lève et qu'on arrête de chosifier les enfants", martèle-t-il.
La Réunion, 2ème département le plus touché par les violences intrafamiliales
"Arrêtons de coloniser les enfants avec nos problématiques d'adultes, laissons-les vivre en paix !" Frédéric Rousset confie qu'il est las "d'égréner ces chiffres sur les plateaux de télévision". Mais avec tous ceux engagés comme lui dans ce combat, il ajoute qu'il continuera à le faire, d'autant que La Réunion est malheureusement remontée sur "le podium" des département les plus violents de France.
"Dès demain, on continuera mais c'est avec toute la population, et aux côtés de la population, que l'on fera reculer ces violences", a-t-il à nouveau défendu. Le drame des Avirons survient au lendemain de la journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes et quelques jours après la journée internationale des droits de l'enfant.