Affaire Soubaya : 15 ans requis à l’encontre du lycéen accusé de tentative d’assassinat sur sa camarade de classe

La Cour d'appel de Saint-Denis.
Djayan Soubaya, alors lycéen en mai 2019, est accusé d’avoir prémédité l’assassinat de l’une de ses camarades de classe. Les faits avaient été requalifiés lors de la première audience à la Cour d’Assises. Djayan Soubaya avait été condamné à 7 ans de prison pour violences avec armes et préméditation. Le ministère public a fait appel.

Troisième et dernier jour de procès en appel, ce mercredi 24 avril, à la Cour d’Assises pour Djayan Soubaya, 22 ans. Le jeune homme est jugé pour avoir attiré, frappé et tenté d’étrangler une camarade de classe.

Avait-il réellement l’intention de la tuer ? La question est au cœur des débats depuis lundi. Tentative d’assassinat ou violences avec armes et préméditation, les versions de la partie civile et celle de la défense se confrontent. Le verdict en appel est attendu dans la journée.

15 ans de prison requis

Pour l’avocate générale, pas de doute. " Ses aveux m’intéresse peu, ce qui compte c’est l’enchainement des faits ", déclare-telle. Elle estime en effet qu’il y a préméditation dans le repérage du hangar, dans la préparation du scénario du guet-apens, et que l’intention d’homicide est aussi justifiée en droit car elle s’appuie sur le témoignage de la victime qui déclare : " je me suis vu mourir ".

Le ministère public a requis 15 ans de réclusion criminelle à l’encontre de celui en qui il voit un potentiel Michel Fourniret ou un Nordhal le Landais. Djayan s’est effondré en larmes dans le box.

 

Ce matin, ses anciens professeurs et camarades de classes ont témoigné. Des récits utilisés pour renforcer les arguments des deux camps , par la défense comme par les parties civiles. Une recontextualisation pour convaincre les jurés tantôt du profil non psychopathique de Djayan Soubaya, tantôt pour mettre en lumière un danger potentiel lié à son caractère certes brillant mais aussi parfois condescendant.

Ainsi l'avocat général, évoque l'interprétation que le lycéen faisait de Nietzsche, de son éloge de la volonté de puissance qui place certains surhommes au-dessus des lois. Reste que Djayan Soubaya ne saurait se soustraire au verdict de la cour d'assises, décision qui dira sa peine de prison doit être considérablement allongée ou non. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, le verdict sera connu ce mercredi soir.

Un procès en appel

Depuis le premier jour de son procès en appel, rien ne semble pouvoir perturber Djayan Soubaya. Le jeune sainte-marien n'a affiché aucune émotion lors du rappel des faits devant la Cour d’Assise, pas même au moment où il a revu pour la première fois sa victime cinq ans après les faits.

Il avait tendu un guet-apens à une camarade de classe, qu’il a attiré dans un entrepôt désaffecté et qu’il a frappé à coups de barre en métal. Pour quel motif ? " Je voulais l’assommer pour avoir une relation sexuelle mais pas la tuer… J’ai paniqué car je n’avais pas imaginé que ce serait difficile de l’assommer ", explique calmement Djayan Soubaya hier, mardi 23 avril, à la barre.

L’avocate générale lui rappelle que devant les gendarmes, il avait fait des aveux détaillés. Sur la vidéo d’une audition de garde à vue diffusée hier soir, on entend effectivement Djayan expliquer que le plan était de se débarrasser de la victime après lui avoir imposé une relation sexuelle. Mais depuis sa sortie de garde à vue, il affirme qu’il a raconté aux gendarmes " ce qu’ils voulaient entendre ".

Alors, pour les avocats de la défense qui ont déjà obtenu la requalification des faits une première fois, les jurés n’auront d’autre choix que de confirmer la décision de première instance. Dans leurs plaidoiries, ils s’appuieront sans doute sur l’analyse de l’expert psychiatre qui ne voit pas en Djayan quelqu’un de dangereux. " Son acte est inquiétant… mais pas son profil ", estime le docteur Coutenceau. 

Rappel des faits

En mai 2019, le lycéen, âgé de 18 ans, avait, donné rendez-vous à l’une de ses camarades de classe en prétextant des révisions en vue du baccalauréat. La victime de 17 ans tombe alors dans un véritable guet-apens.

Djayan Soubaya l’emmène dans un hangar désaffecté à proximité du Parc Bois-Madame à Sainte-Marie. Il la frappe à coups de barre de fer au niveau de la tête et tente de l’étrangler. Par chance, la jeune fille reste consciente et parvient à raisonner son agresseur. Elle profite d’un moment d’inattention de ce dernier pour s’enfuir.

Dans son sac et sur place seront retrouvés des menottes, un couteau et du scotch, étayant la thèse de la préméditation. Au cours de sa première déposition, Djayan Soubaya reconnaît d’ailleurs avoir tenté d’assassiner et violer sa camarade de classe. Mais lors du premier procès, il revient sur ses paroles et s’il reconnaît avoir eu l’intention de la violer, il nie avoir voulu la tuer.

En première instance, 20 ans de réclusion criminelle avaient été requis à l’encontre du lycéen, mais il avait finalement été acquitté de la tentative d’assassinat. Les jurés l’avaient en revanche reconnu coupable de violence avec armes et préméditation. Djayan Soubaya avait écopé de 7 ans de prison.