A chaque jour son lot de rebondissements dans l'affaire de la SPL Estival. Le 30 août dernier, la société de transport urbain opérant sous le giron de la Cirest a été placée en redressement judiciaire avec un déficit affiché de 1,5 millions d'euros.
Une situation intenable qui a finalement permis de révéler un certain nombre de dérives dans sa gestion financière. Le dernier coup de théâtre, c'est cette plainte contre X pour détournement de fonds public formulée par le maire de Saint-André Joé Bédier, dans un courrier adressé au procureur de la République.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"De fortes suspicions"
"Dans cette procédure, Joé Bédier a une double casquette : il est à la fois le maire de la commune de Saint-André et le vice-président de la Cirest, et à ce titre, il est doublement intéressé à la gestion des deniers publics au sein de la SPL Estival", argumente son avocat Robin Binsard.
"M. Bédier a constaté que la gestion qui a été faite était particulièrement opaque et qu'aucun compte-rendu n'était fait, poursuit le conseil du maire de Saint-André. Dès lors, il a émis de très fortes suspicions sur la manière dont ces fonds ont été gérés par les présidents successifs de la SPL. C'est la raison pour laquelle en sa qualité d'élu, il a souhaité porté ces faits à la connaissance du procureur de la République".
"400 000 euros de dépenses injustifiées"
"Je rappelle que c'est une obligation légale au titre de l'article 40 : un élu qui a connaissance d'une infraction ou qui a des soupçons se doit de la dénoncer au procureur de la République", conclut Me Binsard.
Une plainte contre X mais dans le courrier de neuf pages que nous avons pu consulter, c'est bien Ludovic Alamelou, l'ancien PDG de la SPL, mais aussi Patrice Selly, le maire de Saint-Benoit et président de la Cirest, qui sont visés.
Joé Bédier et son avocat listent une série de dépenses injustifiées, sans rapport apparent avec l’activité de transport public de la SPL, et qui auraient été validées pour un montant total de 400 000 euros. Une estimation qu'on retrouve dans le rapport d'audit du cabinet d'expertise comptable commandé en mars 2023 par Patrice Selly suite à un mail d'alerte lancé par les représentants du personnel.
Patrice Selly rejette toute responsabilité
Dans ce sulfureux dossier, le président de la Cirest se défend, lui, de toute complicité. "Ma seule erreur est d'avoir fait confiance à Ludovic Alamélou. Il m'a trahi", a-t-il notamment déclaré dans le journal Le Quotidien, quelques jours après l'annonce de la révocation de l'ancien PDG de la SPL fin juillet dernier.
Mais pour Joé Bédier, Patrice Selly aurait bien "failli à sa mission". Pour le maire de Saint-André, le président de la Cirest était forcément au courant des dérapages financiers, à travers notamment les multiples révélations faites par la presse.
Le syndicat FO porte plainte
Ce vendredi 15 septembre 2023, nouveau rebondissement, c'est le syndicat FO Transports qui a annoncé lui aussi s'engager sur le terrain judiciaire, en portant plainte pour délit d'entrave syndicale. Elle soulève une dizaine de points sur lesquels le droit syndical n'aurait pas été respecté.
Les explications de Sarah Lambert, élue du CSE à la SPL Estival, sur Réunion La 1ère :
Un incendie suspect le 17 juillet
Suite à l'alerte lancée à l'époque par le commissaire aux comptes de la SPL, un contrôle de la Chambre régionale des comptes avait été annoncé. De quoi s'interroger sur l'incendie des locaux de la SPL survenu dans la nuit du 17 juillet. D'importants dégâts matériels avaient été déplorés et notamment au niveau des serveurs informatiques et du service des archives.
Ce mercredi 13 septembre, le conseil d’administration de la SPL s’est réuni dans l'objectif de trouver une solution pour renflouer les caisses de la société dont le sort, et celui de ses 140 salariés, sera fixé le 25 octobre prochain devant le tribunal de commerce de Saint-Denis. Patrice Selly propose que les six communes de la Cirest entrent au capital de l'entreprise.