Depuis plusieurs jours, Léandre voit défiler sur sa télévision, son téléphone et dans les journaux, les images de panique et de chaos qui parviennent d'Afghanistan depuis le retour au pouvoir des Talibans. Le Réunionnais connait le pays, il y a passé un peu plus de quatre mois en 2013. Il fait partie des soldats français qui se sont rendus sur place pour combattre les Talibans.
" Il n'y a aucune méthode pour reconnaitre cet ennemi"
Soldat réserviste de l'armée française, Léandre a servi sur de nombreuses zones de conflits, comme le Kosovo et l'Irak. En 2013, un an avant le retrait des troupes françaises, il a effectué une mission pour le désengagement opérationnel des forces françaises. Une mission différentes des autres. "Ce qui est très difficile là-bas, c'est ce que l'ennemi est inconnu. Il peut ressembler à tout le monde parce qu'il n'a pas de treillis. Les Talibans, ce ne sont pas des soldats normaux, confie Léandre. Le plus difficile, c'est de faire la différence entre un civil et un Taliban. On est formés à réagir à toute menace, mais il n'y a aucune méthode pour reconnaitre cet ennemi".
Une mission plus difficile que les autres
Lors de cette mission, Léandre n'a perdu aucun collègue, "mais des compères de l'armée, oui, plein", complète-t-il et "même si on ne les connait pas personnellement, c'est une perte". Pour lui, l'Afghanistan est un pays beaucoup plus difficile que les autres. "Ce qui est différent : la population, les différentes tribus, le climat, le relief et notre famille qui reste derrière nous... On pense tous les jours à elle".
Regardez le témoignage de Léandre :
Une déception pour le peuple afghan
Pour le Réunionnais, ces vingt ans de guerre sont " une déception, pour les Afghans et pour tous les efforts engagés, les pertes humaines, les blessés physiques et psychologiques..." Des blessures que les soldats préférent éviter dans leur discussion. "Je garde contact avec d'anciens collègues, mais on évite de parler de ces missions. On part, on fait notre mission et on passe à autre chose. On garde les bons souvenirs et le reste, on le laisse de côté".
"Je n'ai pas peur"
Réserviste, Léandre peut être appelé du jour au lendemain pour une nouvelle mission. En Afghanistan, il se dit prêt à partir à nouveau s'il le faut. "Je n'ai pas peur, je n'ai jamais eu peur. Nous avons une grosse préparation opérationnelle et mentale, souvent plus longue que la msision en elle-même, mais obligatoire pour savoir gérer." Léandre espère qu'un climat de paix sera vite instauré sur place.