Aide à mourir : le projet de loi sur la fin de vie est soutenu par l'ADMD à La Réunion

Le service de soins palliatifs à Sainte-Clotilde
Un projet de loi sur la fin de vie entre dans l'arène du Palais-Bourbon ce lundi 27 mai 2024. Ce texte vise à renforcer l'accès aux soins palliatifs et à légaliser l'aide à mourir. Durant deux semaines, les élus se penchent sur ce texte du gouvernement, largement retouché par les députés en commission. À La Réunion, l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), soutient ce projet de loi.

Dès ce lundi 27 mai 2024, un projet de loi sur la fin de vie est débattu à l'Assemblée nationale. Ce texte qui vise à renforcer les soins palliatifs et à instaurer une aide à mourir.

Le texte du gouvernement, retouché par les députés en commission, dont la députée réunionnaise Emeline K/Bidy, arrive dans l'hémicycle pour environ deux semaines de débats, avant un vote le 11 juin prochain.

L’ADMD (l'Association pour le droit de mourir dans la dignité) soutient fermement ce projet de loi. Jocelyne Lauret, sa déléguée régionale, était l'invitée de la matinale sur Réunion La 1ère.

"On veut avoir le choix"

Ce projet de loi prévoit notamment la création de maisons d'accompagnement pour les personnes en fin de vie ainsi qu'une aide à mourir pour les personnes atteintes d'une maladie incurable. Cette aide par produit létal est encadrée par le corps médical.

On veut avoir le choix de pouvoir mourir dignement. On veut que les députés entendent la population française dans son ensemble, tout en sachant que plus de 80% de la population veut avoir le choix des conditions de sa fin de vie.

Jocelyne Lauret, déléguée régionale à l'ADMD

En effet, d'après un sondage de l'IFOP, 93% des Français considèrent que la loi française devrait autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie des personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent.

Regardez l'interview de Jocelyne Lauret, déléguée régionale de l'ADMD, sur Réunion la 1ère : 

Projet de loi sur la fin de vie en débat à l’Assemblée nationale : interview de Jocelyne Lauret, la déléguée régionale de l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité

Le droit de "mourir dignement" fait débat

"On veut avoir le choix. On veut juste ça, martèle Jocelyne Lauret, déléguée régionale à l'ADMD. Il ne faut pas que ça soit une obligation. La souffrance et l'attente, on n'en veut plus". Ces paroles font écho à La Réunion, où l'association pour le droit de mourir dans la dignité compte plus de 200 adhérents. "Régulièrement, ils nous disent qu’ils veulent partir, mais qu’ils ne peuvent pas".

Pour les patients qui partent à l'étranger pour "mourir dignement", le coût est onéreux. À La Réunion, "très peu de personnes partent, parce qu’il faut avoir les moyens financiers. Avec notre association, malheureusement, on ne peut pas aider financièrement. Les patients nous appellent parce qu’ils veulent des renseignements pour partir en Suisse ou en Belgique, là où l'aide à mourir est légalisée".

Mais il faudrait qu'un patient débourse huit à dix mille euros, voire des dizaines de milliers d'euros pour pouvoir mourir dignement dans un pays européen où l'euthanasie et le suicide assisté sont légalisés.

"Neuf fois sur dix les patients ont recours à des soins palliatifs"

Comme ils ne peuvent pas mourir dignement, "les patients n'ont pas d'autre choix que de souffrir et d'attendre la fin", déplore Jocelyne Lauret.

Neuf fois sur dix, les patients ont recours aux soins palliatifs à La Réunion, rappelait le Docteur Olivier Collard, (chef de Service du Centre de Soins Palliatifs à la clinique de Sainte-Clotilde NDLR). Mais il reste quand même une fois sur dix où on ne donne pas satisfaction à la personne. Le problème, c’est qu’en France, il manque des lits de soins palliatifs. Certains départements en sont même démunis.

Jocelyne Lauret, déléguée régionale à l'ADMD

Aide à mourir, vers plus de sérénité ?

Je pense qu’à partir du moment où on sait qu’on a la liberté de choix en fin de vie, pour le patient et pour les proches, ça offre un peu plus de sérénité par rapport à ce moment, qui reste un moment difficile dans la vie de quelqu’un. De manière générale, les gens ne souhaitent pas mourir. Les adhérents qu’on a, eux, souhaitent cesser de vivre dans des conditions insupportables.

Jocelyne Lauret, déléguée régionale à l'ADMD

"Il faudrait respecter le choix du patient"

Le suicide assisté ne serait pas réservé aux malades au pronostic vital engagé à court ou moyen terme, il concernerait les patients en phase avancée ou terminale, c’est le principal changement apporté par les députés de la commission spéciale qui a examiné le texte en mi-mai. 

Dans le meilleur des cas, "il faudrait respecter le choix du patient, que ce soient les soins palliatifs ou l'aide à mourir", souligne Jocelyne Lauret.

Pour nous, le seul critère recevable, c’est le choix du patient. S’il souffre de douleurs réfractaires, s’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il souhaite partir, parce qu’il ne supporte plus ses conditions de vie, c’est la liberté du choix qui est importante.

Jocelyne Lauret, déléguée régionale à l'ADMD

"Ce projet de loi apporte une petite avancée"

Ce projet de loi apporte une petite avancée, dans la mesure où l'on parle enfin, dans une loi, d’une aide active à mourir. Mais, on se rend compte aussi que ce texte est en régression par rapport à autre chose qu’on avait avant. Si on parle, par exemple, des directives anticipées, les gens auparavant pouvaient écrire leurs directives anticipées, pour que, au cas où, ils ne pourraient plus s’exprimer au moment final, on tienne quand même compte de leur volonté. Aujourd’hui, ce n’est plus possible.

Jocelyne Lauret, déléguée régionale de l'ADMD

La députée Emeline K/Bidy soutient ce projet de loi

"Il s'agit bien d'un droit nouveau qui permet de mettre fin à sa vie dignement et légalement. Un droit à choisir pour soi", clame-t-elle à l'Assemblée nationale. 

Ecoutez son intervention au Palais-Bourbon : 

Intervention de la députée Nupes, Emelyne K'Bidy, favorable

Le projet de loi sur la fin de vie sera voté en première lecture le 11 juin prochain à l'Assemblée nationale. Il poursuivra ensuite son long parcours législatif au Sénat, dont l'issue n'est pas attendue avant la moitié de l'année 2025.