Aides à l'achat, primes à la conversion, bornes électriques : le plan pour la filière automobile est-il adapté à La Réunion ?

Le secteur automobile à La Réunion est touché par la crise du coronavirus.
Aides à l'achat de véhicules propres, primes à la conversion, bornes électriques supplémentaires : Emmanuel Macron a annoncé, mardi 26 mai, un plan de huit milliards d’euros pour la filière automobile. A La Réunion, les acteurs du secteur réagissent.
Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a détaillé mardi 26 mai, un plan de soutien de huit milliards d’euros pour la filière automobile, touchée de plein fouet par la crise du coronavirus.
 

Aides à l’achat de véhicules hybrides ou électriques et primes à la conversion

Pour relancer les ventes, il va augmenter le bonus écologique à 7 000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique neuf, par un particulier. Pour les entreprises et collectivités, il sera de 5 000 euros. Un bonus de 2 000 euros sera créé pour les véhicules hybrides rechargeables. Le chef de l’Etat annonce aussi une prime à la conversion de 3 000 euros à l'achat d'une voiture hybride neuve, 5 000 euros pour une électrique.
 

"Ce plan ne correspond pas à La Réunion"

Philippe-Alexandre Rebboah, porte-parole de la branche automobile du SICR, le Syndicat d’Importation et du Commerce de La Réunion, estime que ce plan de soutien de huit milliards est "historique", mais ne correspond pas "aux besoins de La Réunion". "Le gouvernement a tracé une feuille de route à moyen et long terme, alors que l’urgence, en particulier à La Réunion, c’est un plan à très court terme. Il faut permettre aux distributeurs et importateurs d'écouler les stocks", affirme Philippe-Alexandre Rebboah.
 

6 000 véhicules thermiques en stock

Suite à la crise du coronavirus, près de 6 000 véhicules sont en sur-stock à La Réunion. "Cela représente 120 000 millions environ, le marché est saturé", alerte le porte-parole de la branche automobile du SICR.

La plupart des véhicules en stock ici sont des véhicules thermiques, essences ou diesel. Soutenir une transition énergétique avec un bonus à des véhicules hybrides et électriques, pourquoi pas ? Mais il faut déjà vendre les stocks avant de faire venir de nouveaux véhicules.


Selon lui, il faut "inciter les ménages réunionnais à acheter des véhicules, car seul le consommateur permettra à la filière de repartir". Le secteur automobile à La Réunion estime qu’il y aura 30 % de ventes de véhicules en moins en 2020. Ce secteur représente 6 500 emplois dans l’île. "Aujourd’hui on tient grâce aux mesures de chômage partiel et au Prêt Garanti par l’Etat", assure Philippe-Alexandre Rebboah.

Le SICR,  Syndicat d’Importation et du Commerce de La Réunion, demande à la Région Réunion des solutions d’urgence comme "des reports d’échéance sur l’octroi de mer pour préserver les trésoreries, et revoir à la baisse l’octroi de mer sur du long terme".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
©reunion


Les véhicules propres, 2% du marché réunionnais

Mardi, le chef de l’Etat est aussi revenu sur les discussions en cours avec Renault. En contrepartie d’un prêt de cinq milliards d’euros, l’Etat demande des engagements pour promouvoir la production en France et maintenir l’emploi. L'objectif est de "faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe".

Mais pour Philippe-Alexandra Rebboah, porte-parole du Syndicat d’Importation et du Commerce de La Réunion, "les voitures électriques attirent peu les Réunionnais". Il assure qu’il "n’y a pas d’octroi de mer sur les véhicules électriques qui devraient donc être performants dans les volumes, hors, le véhicule électrique ne représente que 2% du marché en 2019".


100 000 bornes électriques d’ici fin 2021

Mardi, Emmanuel Macron a aussi annoncé un déploiement accéléré des bornes électriques. L’objectif de 100 000 bornes sur l'ensemble du territoire fixé fin 2022, est avancé à fin 2021.

Pour Philippe-Alexandre Rebboah, la question est de savoir si le déploiement des bornes se fera à La Réunion.
 

Aujourd’hui, il faut habiter en maison individuelle pour recharger sa voiture, si vous habitez en immeuble sans borne de prévu, c’est impossible. Il y a des discussions avec les promoteurs immobiliers, EDF, les collectivités, pour promouvoir les bornes, mais ce n’est pas simple de soutenir le marché électrique. Il faut investir dans des infrastructures pour permettre une couverture du territoire et rassurer le consommateur dans son achat.