Le Rassemblement National est-il en mesure d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale ? C’est la question que tout le monde se pose.
À La Réunion, sur les sept sièges remis en jeu pour les élections législatives anticipées, le parti d’extrême droite a peu de chance de l’emporter si l’on se fie au scénario de 2022. Un mois après la vague bleue marine du second tour de la présidentielle, le Rassemblement National n’a envoyé aucun élu réunionnais à l’Assemblée nationale.
Lors des dernières élections européennes et présidentielles, les Réunionnais ont voté pour Jordan Bardella et Marine Lepen car ce sont des personnalités qui ont leur place sur l’échiquier politique national. Mais au niveau local, le Rassemblement National a longtemps manqué d’incarnation.
Mais c’est en train de changer. Le parti d’extrême droite revendique depuis 2020 des élus dans des collectivités, comme Johnny Payet, le maire de la Plaine-des-Palmistes et plus récemment le conseiller régional Jean-Jacques Morel. Mais derrière ces figures de proue, le parti est très peu implanté en termes de sections. Son bureau se déchire régulièrement et le Rassemblement National donne l’impression d’improviser sur la scène locale. Ainsi Marie-Luce Brasier-Clain, notre nouvelle eurodéputée, a appris sa présence sur la liste de Jordan Bardella en regardant le journal télévisé. Marine Lepen n’avait pas jugé utile de l’en informer.
La dispersion à gauche de l’échiquier politique
Sur le scrutin européen, La France Insoumise résiste à La Réunion, à 19 % soit à peu près le score réalisé il y a cinq ans. Mais au niveau national, le Parti Socialiste et Place Publique incarnent désormais la première force de gauche. Vont-ils réussir à reconstituer une union sacrée ?
Après l’implosion de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), cette alliance qui avait permis de propulser six députés sur sept au Palais Bourbon, la gauche part a priori divisée sur fond de lutte de pouvoir entre la maire de Saint-Denis, Éricka Bareigts et la patronne du PLR Huguette Bello. Au moment même où la liste du Parti Socialiste devient la première force de gauche au niveau national.
Cela fragilise la présidente de Région qui, en plus, semble en froid avec la France Insoumise. En tous cas, le député Perceval Gaillard (LFI) a pris ses distances avec la majorité PLR à Saint-Paul.
Un test pour la plateforme de la droite et du centre
Elle avait réussi son pari lors des élections sénatoriales mais c’était un scrutin indirect. Le verdict des urnes pour les élections européennes ne donne que 5 % des voix aux Républicains. Ils n’arrivent même pas en tête à Saint-Pierre, la commune de Michel Fontaine.
Le maire de la commune du sud va tenter de mobiliser sur la base de sa nouvelle plateforme « départementaliste » où figure Cyrille Melchior mais pas Nathalie Bassire, l’unique députée sortante de droite. Ce sera aussi sans Jean-Jacques Morel et Jean-Luc Poudroux passés dans le camp du Rassemblement National.
Renaissance, le parti présidentiel, souffre toujours d’un manque d’incarnation et d’implantation à La Réunion où son seul bastion demeure Sainte-Rose. Les administrés de Michel Vergoz lui offrent son meilleur score avec 46,8% pour les élections européennes.
Une nouvelle campagne électorale démarre avec le RN en position de force
À La Réunion, le Rassemblement National arrive en tête dans 21 communes sur 24, avec des scores supérieurs à 45 % dans les petites communes rurales, à la Plaine-des-Palmistes, à Saint-Philippe ou encore à Salazie.
Les logiques électorales ne sont pas les mêmes d’un scrutin à l’autre. Lors des élections législatives de 2022, le Rassemblement National n'avait obtenu que 10 % des voix sur l’île et aucun député. Loin du tsunami escompté après la vague « Bleue Marine » du second tour de la présidentielle un mois plus tôt.
L’extrême droite progresse toutefois à La Réunion avec 31,71% des suffrages pour le Rassemblement National et 54 000 votes. C’est 2 000 voix de moins qu’en 2019 mais Reconquête, la liste portée par Marion Maréchal, récolte presque 10 000 voix avec 5% des suffrages exprimés.
Seules trois communes n’ont pas placé Jordan Bardella et Marie Luce Brasier-Clain en tête : le Port et Saint-Joseph, où c’est La France Insoumise de Younouss Omarjee qui arrive en tête, et Sainte-Rose qui a voté pour Renaissance, le parti présidentiel, à 46%.