Plan contre les "violences de bandes" : les syndicats policiers réclament des moyens

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S'ils ont accueilli favorablement les annonces du préfet de La Réunion pour contrer le phénomène des violences de bandes, les syndicats de policiers demandent aussi des moyens à la hauteur.

Responsabiliser les familles, dépister les tuteurs défaillants, dégrader les titres de séjour ou les allocations familiales, création d'une cellule départementale... Les mesures annoncées mardi 28 janvier par le préfet Patrice Latron dans le cadre d'un plan de lutte contre les phénomènes bandes impliquant des mineurs ont reçu un accueil favorable de la part des policiers, en première ligne face aux violences urbaines qui touchent plusieurs communes de l'île à Saint-Denis, Saint-André ou au Port.

"Il faut qu'on apporte les effectifs"


Mais les syndicats qui les représentent se montrent aussi prudents sur leur efficacité si elles ne sont pas accompagnées de renforts humains dans les forces de l'ordre. 


"On valide, c'est le travail de la police nationale. Mais derrière, il faut qu'on apporte les effectifs pour la création de ces unités" demande Mickaël Hoarau d'UNSA Police. 


Jusqu'ici, le maintien de l'ordre et les enquêtes sur cette nouvelle délinquance se font à moyen constants."Tout le service de sécurité publique de Saint-Denis s'est adapté, on a décalé ces effectifs de voie publique pour apporter des réponses sur des créneaux bien précis concernés. Derrière, la PJ aussi doit s'adapter car il y a eu pas mal d'interpellations, donc traitement de la procédure judiciaire", rappelle le syndicaliste. 

Des délinquants "qui s'adaptent"

Plus d'hommes sur le terrain, réclame aussi Alliance Police Nationale. "Aujourd'hui, on a affaire à des délinquants qui s'adaptent à notre façon de travailler et de fonctionner", souligne Stéphane Patché. "Et quand Alliance réclame des moyens humains, c'est aussi pour combler la plage horaire de 24 heures afin de procéder à des rondes et des patrouilles à des horaires où ils n'ont pas l'habitude, et les surprendre lors de la commission de crimes ou de délits", souhaite-t-il. 


Chez Unité-SGP-FO Police, on garde en mémoire les événements de 2024, "avec des blessures au sein de la police nationale". Et on souhaite des moyens humains et matériels calibrés pour répondre à des violences souvent dirigées contre les policiers. 

Besoin "d'équipements et d'OPJ"

"À un moment, il faut rétablir l'ordre. Avec les machettes, jets de galets, on est face à une délinquance qui veut en découdre avec les forces de l'ordre", souligne Mickaël Payet. "Nous sommes obligés de prendre les mesures adaptées face à ce genre d'agression. Ce sont des équipements plus lourds, des équipes spécialisées formées au tir de LBD, de grenades spécifiques. Quand on arrive avec des chiens, on peut assez facilement rétablir l'ordre."

Invité ce midi du JT de Réunion la 1ère, le secrétaire général d'UNSA Police, en visite à La Réunion, est lui aussi favorable à un plan d'action spécifique, mais pointe un manque de moyens notamment pour traiter l'activité judiciaire qui découle de cette délinquance spécifique.

"Nous avons besoin d'effectifs, d'officier de police judiciaires notamment. On en aura perdu une trentaine à La Réunion en l'espace de deux ans, d'ici septembre 2025, donc il y a une nécessité", affirme Thierry Clair.

Une "force de projection" souhaitée


Il soutient également l'idée d'une "force de projection" basée à La Réunion pour gérer ces événements hors-norme. 


"Il y a une volonté de notre part de mettre en place des effectifs qui soient projetables sur les territoires où il y en a besoin. On a vu, La Réunion a envoyé des effectifs très rapidement à Mayotte après Chido. Ça pourrait être des effectifs disponibles pour intervenir à Mayotte et sur l'ensemble des quartiers à La Réunion", envisage le représentant d'UNSA Police.


Il souhaite également des moyens supplémentaires pour la justice des mineurs. "Il faut un traitement et une application des peines et des sanctions prononcées, avec derrière un rôle éducatif", demande Thierry Clair.

Regardez l'intervention de Thierry Clair, secrétaire général d'UNSA Police au JT de Réunion la 1ère :

ITV Thierry Clair, secrétaire général UNSA Police - 1ere partie