Anjouan est en ébullition. Des notables de l'île et les partisans du gouverneur ont organisé une manifestation, jeudi, pour dénoncer le référendum organisé par Azali Assoumani, fin juillet. Trois manifestants, dont un dignitaire ont été blessés par l'intervention musclée des militaires.
La situation se tend de plus en plus aux Comores. Si sur l'île principale de l'archipel, Azali Assoumani, président en exercice, semble avoir la main, à Anjouan en revanche, l'opposition est de plus en plus marquée. Jeudi matin, après les prières de l'aïd et les voeux officiels du gouverneur Salami (prononcé Salam), une manifestation pacifiste contre le référendum a été organisée par des dignitaires et des sympathisants du gouverneur. Le défilé, qui comptait plusieurs centaines de personnes, (hommes et femmes, accompagnés de leurs enfants en bas âge) a été dispersé par les militaires à coup de grenades lacrymogènes.
Trois manifestants ont été blessés ainsi qu'un militaire. Celui-ci a été pris à partie lors de la dispersion violente du défilé.Sur les banderoles, les personnes présentes dénonçaient le référendum et son résultat qui permet au président Azali de modifier la constitution et de briguer un nouveau mandat en 2019. Pour mémoire, aux Comores, afin d'éviter une trop grande disparité dans l'utilisation des fonds par le gouvernement, en fonction de l'origine des élus, il a été institué une présidence tournante. Celle-ci devait revenir aux élus anjouanais en 2021.
Le résultat très favorable au président des Comores, lors du référendum du 30 juillet 2018 et la répression du parti Juwa, suspecté par le gouvernement d'avoir voulu organiser "un coup d'État", doit permettre à Azali Assoumani et ses proches de conserver le pourvoir au-delà de 2019. Cependant, les représentants politiques d'Anjouan ne renoncent pas. Des manifestations devraient être organisées quotidiennement contre Azali et un blocus de l'île est envisagé afin d'obliger la communauté internationale à arbitrer le litige.