Marie-France Samourgompoullé est gérante de la société “Les villas SPJ” qui intervient sur un chantier de maisons individuelles. Selon elle, 90% des sociétés du BTP sont dans le rouge à La Réunion. “On n'arrive pas à trouver des négociations avec l'URSSAF, les impôts, avec les banques”, explique-t-elle.
S'ajoutent à cela les pénuries de main d'œuvre et une augmentation du prix des matières premières. “Il n’y a plus aucune stabilité dans les prix, tous les mois on a des augmentations de prix, que ce soit des matières venant de l’extérieur, que des matières fabriquées à La Réunion”, déplore la gérante.
Le reportage de Réunion La 1ère :
Des banques davantage frileuses
A la même période l’an dernier, la société de Marie-France avait déjà réalisé 20 chantiers. Cette année, à peine 13 sont achevés.
En plus de la pénurie de maçons, la gérante dénonce le rôle des banques. Selon elle, elles ne jouent pas le jeu du développement économique. “Les banques sont en train de bloquer tous les dossiers de prêt. On a des taux qui s’envolent. L’année dernière, sur cinq dossiers présentés à la banque, quatre d’entre eux passaient. En ce moment, sur les cinq, seuls deux sont retenus. Il y a trois banques à La Réunion qui ne font plus de prêts immobiliers jusqu’au 31 décembre”, constate-t-elle.
En tant que membre de la chambre de commerce et d'industrie, Marie-France a une vision d’ensemble. Pour elle, les semaines et mois à venir seront mouvementés. Avec l’explosion des prix et l’impact sur le coût des chantiers, la commande publique a également chuté. Tout concourt donc à la détérioration du climat économique et social.
La Réunion trop dépendante de certains secteurs
“Il y a des signes qui ne trompent pas, les entreprises sont plus pessimistes, il y a moins d’importation, explique Philippe Jean-Pierre, économiste. Nous allons sur une période difficile. Il faut à la fois rembourser une dette et traverser cet épisode”.
"Nous dépendons peut-être trop des moteurs traditionnels comme le BTP ou la consommation"
Philippe Jean-PierreEconomiste
La Réunion va donc devoir s'adapter et faire avec cette crise. “Préparer l’avenir c’est diversifier. Nous dépendons peut-être trop des moteurs traditionnels comme le BTP ou la consommation. Aujourd’hui les nouveaux moteurs tardent à venir, donc quand les moteurs traditionnels s’enrhument, c’est tout le corps qui devient malade”, conclut-il.
Le décryptage de Jean-Marc Collienne sur Réunion La 1ère :
Le BTP, mais aussi les transporteurs
Autre secteur en difficulté, les transporteurs routiers. Jean Gael Riviere est président de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers (FNRT). Selon lui, 75% des entreprises de transport à La Réunion n’ont plus la capacité financière.
Regardez son interview sur le plateau de La 1ere :