Ce mercredi 28 février, dans la salle des fêtes de l'Elysée, le président de la République Emmanuel Macron a reçu quelque 350 agriculteurs ultramarins pour un temps d'échange, profitant de leur présence au Salon international de l'Agriculture qui se tient à Paris jusqu'à dimanche.
Le chef de l'Etat a appelé la profession à diversifier les filières pour lutter contre la vie chère et progresser vers la souveraineté alimentaire. Sans oublier la problématique du changement climatique, largement évoquée.
"Produire le premier sucre bio sur nos territoires"
Au-delà, dans son discours aux agriculteurs, Emmanuel Macron a précisé une de ses ambitions pour les territoires ultramarins.
"Sur la filière sucre, nous avons une ambition qui est de produire le premier sucre bio sur nos territoires. Elle est réalisable. C'est une ambition qui doit maintenant réunir l'ensemble de notre territoire, et qui nous permettra de nous différencier par rapport à la concurrence internationale"
Emmanuel Macron, président de la République
"Vivre dignement de la production de canne"
Thierry Silotia, élu à la Chambre d'agriculture de La Réunion, et président d'Askabio Réunion (association Suc Kann bio de La Réunion), s'est réjoui de l'entendre.
Pour lui, le développement d'une filière de sucre de canne bio sur l'île serait une façon de permettre aux agriculteurs en difficulté de tirer leur épingle du jeu.
"On est en train de mettre en place une petite filière de sucre bio à La Réunion. Il y a de petites exploitations qui n'arrivent pas à s'en sortir avec la canne conventionnelle, c'est donc une opportunité, par rapport au cours du sucre bio, de pouvoir vivre dignement de la production de cannes"
Thierry Silotia, élu à la Chambre d'agriculture, président d'Askabio Réunion
Exploiter de petites surfaces
Cette filière pourrait aussi profiter, dit-il, à "un certain nombre de jeunes en reprise d'exploitation qui ont des projets bio", ou à tous les petits terrains en friche. "Ces petites surfaces permettraient de produire du sucre bio tout en ne diminuant pas les surfaces de canne conventionnelle", observe Thierry Silotia.
Objectif : 700 tonnes par an
L'objectif ? Pouvoir fournir 300 tonnes de sucre bio au groupe Carrefour, sur 700 tonnes produites. A titre de comparaison, ce sont environ 200 000 tonnes de sucre qui sont produites en agriculture conventionnelle chaque année à La Réunion.
"C'est une aubaine qu'on associe de petites surfaces de cannes bio de façon à ce qu'on ait une production pour alimenter un marché, qu'on a affiché lors du salon depuis deux ans, avec un partenariat avec Carrefour pour que demain on puisse leur fournir 300 tonnes de sucre bio"
Thierry Silotia, élu à la Chambre d'agriculture, président d'Askabio Réunion
Un partenariat signé en 2020 avec Carrefour
En effet, en février 2020, la Chambre d'agriculture de La Réunion avait signé avec Carrefour un partenariat, où l'acteur de la grande distribution s'engageait à l'époque à acheter auprès des producteurs réunionnais 40% du tonnage, ou jusqu'à 500 tonnes chaque année, pour la réalisation de produits d'épicerie bio de la marque distributeur.
Des essais devaient alors être réalisés sur des parcelles, et des études de faisabilité lancées. A La Réunion, l'association Askabio a été créée en 2019 sous l'impulsion d'une vingtaine d'agriculteurs et la Chambre d'agriculture.
A l'heure actuelle, quelques rares exploitants bio valorisent déjà leur canne à sucre en galabé, sirop la cuite, en vinaigre de canne et en sucre complet, mais seulement à petite échelle, de façon artisanale.
Regardez le décryptage de Jean-Marc Collienne :