Bois-Blanc : le préfet autorise l’exploitation de la carrière pour alimenter la NRL

Le projet de carrière de Bois-Blanc s'étend sur 40 hectares, de part et d'autre de la route des Tamarins
La décision est tombée. Le préfet a pris un arrêté autorisant l’exploitation de la carrière de Bois-Blanc par la SCPR pour alimenter le chantier de la NRL. Une décision contre laquelle le maire de Saint-Leu compte déposer un recours.
 
L’arrêté préfectoral a été publié hier, vendredi 28 décembre. Le préfet de La Réunion autorise ainsi l’exploitation de la carrière de Bois-Blanc par la Société de Concassage et de Préfabrication de La Réunion (SCPR).

Cette dernière peut donc exploiter des installations situées sur le territoire de la commune de Saint-Leu, implantées au lieu-dit « Ravine du Trou – Bois-Blanc ». La durée d’exploitation a été fixée à 4,5 ans, période comprenant la remise en état du site.
 
 

Des roches massives pour la NRL


Après des mois de rebondissements, le projet de la carrière de Bois-Blanc va finalement voir le jour. La commission d’enquête publique avait déjà rendu un avis favorable en ce sens le 3 septembre 2018. Le 9 novembre dernier, c’est au tour de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites de donner son feu vert.

Les conditions d’accès au site d’exploitation et les effets des installations sur le trafic routier ont également reçu l’accord du Conseil régional. L’exploitation est clairement destinée à fournir des roches massives pour la Nouvelle Route du Littoral, en mal de matériaux depuis bien longtemps maintenant.
 

" L’exploitation des installations est destinée exclusivement à alimenter en matériaux le chantier de construction de la nouvelle route du littoral (NRL) ", précise l’arrêté préfectoral du vendredi 28 décembre 2018.

 

Levée de bouclier des opposants et recours de la ville de Saint-Leu


A l’annonce de la décision, les réactions n’ont pas tardé du côté des opposants. Mobilisé depuis de long mois, le collectif "Touch pa nout Roche", qui avait encore organisé une chaîne humaine le 9 septembre dernier, a fait part de sa colère. Sur les réseaux sociaux, elle évoque une " très mauvaise nouvelle pour les riverains, les habitants des Avirons, de Saint-Leu et d’Etang-Salé mais aussi pour l’ensemble des Réunionnais ".
 

" Merci beaucoup à Monsieur le préfet pour ce cadeau de Noël de mauvais goût (au passage bonne idée de signer une mesure aussi impopulaire à cette période !), mais nous n’en voulons toujours pas ! "

 Le maire de la commune de Saint-Leu, Bruno Domen, a lui aussi réagi. Il déplore pour sa part que le préfet n’ait pas été " sensible à la voix des Saint-Leusiens, des Etang-Saléens et des Avironnais " et annonce que la ville de Saint-Leu déposera un recours contre cet arrêté préfectoral.
 

" Le Maire de Saint-Leu prend acte de cette décision préfectorale qui reste incompréhensible. En effet, le Schéma Départemental des Carrières qui comprenait le site de Bois Blanc, a été annulé par décision de la Cour d’Appel de Bordeaux, le 29 mai dernier. "

 En août 2017, le préfet de La Réunion avait déjà signé un arrêté autorisant l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc. Un recours avait alors été déposé par le maire de Saint-Leu de l’époque, Thierry Robert. Ce sera finalement l’annulation du schéma départemental des carrières à La Réunion, prononcée par la Cour Administrative d’appel de Bordeaux, qui fera obstacle au projet.
 

Deux zones réparties sur plus de 30 hectares


La carrière de Bois-Blanc s’étalera sur une surface totale de 36 hectares et 53 ares, répartie sur deux zones. Des zones reliées entre elles par un passage inférieur sous la Route des Tamarins, apprend-on. L’une est une zone basse côté mer à l’Ouest, l’autre une zone haute côté montagne à l’Est.
 
Les horaires de fonctionnement de la carrière sont aussi précisés dans l’arrêté préfectoral, ainsi l’exploitation se fera de 5h à 19h du lundi au vendredi et de 5h à 12h le samedi, les réparations d’engin de 20h à 5h du lundi au vendredi, et enfin les tirs de mines seront autorisés de 10h à 16h.

A noter, deux unités de fabrication d’explosifs ont été autorisées. L’une est une unité mobile, à la quantité totale de matière active fixée à 100 kg, et l’autre est une unité sur site, utilisable uniquement en cas de panne de la première.


Mesures de précaution


Des mesures de précautions sont énoncées dans le très long arrêté, parmi lesquelles certaines à destination des riverains. La gestion des émissions de poussière ou encore de la consommation d’eau y figure, ainsi que des points tels que le maintien d’une distance minimale de 100 mètres lors de la création de fosses d’extraction.

Des mesures environnementales garantissant la protection d’espèces animales ou végétales sont aussi précisées. Ainsi, avant exploitation, la SCPR devra, par exemple, transplanter des espèces comme l’Adiantum Rhizophorum, autrement dit des Capillaires, plantes endémiques des Mascareignes.

Des suivis seront également mis en place pour les Bois d’Ortie ou encore les pailles en queue à bec jaune, ainsi que d’autres espèces indigènes.