Campagne sucrière catastrophique : les planteurs inquiets à l'issue d'une réunion en préfecture

L'ouverture de la campagne sucrière à l'usine de Bois Rouge, à La Réunion.
Mercredi 7 août, le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini a réuni les acteurs de la filière canne-sucre-énergie. Un point de situation était organisé un mois après un début de campagne sucrière jugée catastrophique par des planteurs, qui restent inquiets et déçus à l’issue de la rencontre.

Les syndicats de planteurs auraient voulu que le préfet de La Réunion soit un médiateur entre eux et les industriels de la filière sucre. Il n’en sera rien. Ils sont ressortis inquiets et déçus de leur rencontre hier, mercredi 7 août, en préfecture.

Après un mois de campagne

Jérôme Filippini, le préfet, a réuni les acteurs de la filière canne-sucre-énergie pour faire un point de situation un mois après le début des premières livraisons de cannes. La campagne canne a démarré le 11 juillet à l’usine de Bois-Rouge, dans l’Est, et le 22 juillet à l’usine du Gol, dans le Sud.

Regardez les précisions de Réunion La 1ère :

La déception des planteurs après une réunion en préfecture un mois après un début de campagne sucrière qu’ils jugent catastrophique

Une campagne catastrophique

"On est déçu, on fait le constat d’un début de campagne catastrophique, mais rien la réunion n’a abouti à rien, confie Dominique Clain, planteur et président de l'UPNA (Unis pour nos agriculteurs), à la sortie de la préfecture. Beaucoup d’agriculteurs n’arriveront pas à rembourser leurs dettes cette année".

Les syndicats préviennent : la campagne est catastrophique. "Le CITCS, Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre annonce 1,38 millions de cannes, mais nous, planteurs, sur le terrain, on sait déjà qu’on atteindra pas ce chiffre", se désole Dominique Clain, planteur et président de l'UPNA (Unis pour nos agriculteurs).

Le calcul de la richesse en question

Les syndicats de planteurs estiment aussi que l’actuelle méthode d'échantillonnage de la richesse en sucre de la canne est en leur défaveur.

Des agriculteurs préfèrent donc ne pas couper leurs cannes plutôt que de les vendre à perte. Hier, Dominique Clain a notamment proposé de fixer un prix plancher minimum de 35 euros par tonne de cannes.

2700 planteurs dans l’île

Pour Olivier Fontaine, secrétaire général de la chambre d’agriculture et agriculteur à Saint-Benoît, "il faut réagir vite pour que l’on tire du revenu de cette filière et que les 2 700 planteurs puissent vivre de leur métier et reprenne courage pour l’avenir".

On voit bien que dans les champs il n’y a pas de cannes. Et on sait que des agriculteurs sont déjà en grandes difficultés.

Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'Agriculture

Une année difficile

Des difficultés aux causes multiples cette année. "La production est en baisse à cause du manque de main d’œuvre et du changement climatique, explique Stéphane Sarnon, président de la FDSEA. On a mis en place un plan pour relancer la filière, puis mais il y a eu l’impact du cyclone en début d’année et on constate qu’on va faire encore moins de tonnage et que les canniers sont mis à mal".

Déjà des mesures de soutien de l’Etat

De son côté, l’Etat rappelle soutenir activement la production de canne à La Réunion. "Depuis le début de l’année, environ 42 millions d’euros ont été versés par l’État pour soutenir la trésorerie des producteurs de cannes", rappelle le préfet, Jérôme Filippini.

Pour permettre le recrutement de main d’œuvre, des mesures ont aussi été mises en place pour les saisonniers agricoles allocataires du RSA. Enfin, suite au cyclone Belal et à la tempête Candice, "la mise en paiement des aides du fonds de secours (calamités agricoles) interviendra en 2025", rappelle le préfet qui réunira à nouveau, chaque mois, la filière jusqu’à la fin de la campagne.