Des affrontements au Port, des gilets-jaunes qui s’organisent, des magasins pris d’assaut et une ile toujours paralysée. CE qu’il faut retenir de cette nouvelle journée de crise sociale à La Réunion.
Affrontements au Port
La journée a été marquée par des affrontements particulièrement violents pendant plus de trois heures dans la ville du Port. Les forces de l’ordre ont fait face à des manifestants déterminés à en découdre. Jets de galets contre gaz lacrymogènes. Près de 400 à 500 manifestants venant du Port Est et des dizaines de personnes venant de la rue du magasin Score ont pris en tenaille les policiers au niveau du rond-point Citronnelles. Deux manifestants ont été blessés. Ce matin, les manifestants en gilets jaunes avaient dressé un barrage dans le calme, au Port, devant la SRPP, le dépôt pétrolier de l’île. La situation a dégénéré à la mi-journée. Regardez ces images d'Imaz Press :Ce soir, le maire du Port déclare que “la ville a été assiégée” et “demande au gouvernement de se déplacer”. Sur Réunion La 1ère, Olivier Hoareau déplore le "comportement de personnes qui n'ont rien à voir avec le mouvement des gilets jaunes". Olivier Hoareau demande une "table ronde avec le préfet" et en appelle au gouvernement qui "ne regarde pas et n'écoute pas les Réunionnais". "Le gouvernement doit se déplacer et s'adresser aux Réunionnais", dit le maire du Port qui demande aux familles de rester chez elles.
Les gilets jaunes s’organisent
Partout dans l’île, une trentaine de barrages ont été dressés par les gilets jaunes ce mercredi au cinquième jour de mobilisation.A 18h, une délégation de gilets jaunes devait rencontrer le préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin. Ce rendez-vous a été annulé. Une délégation de gilets jaunes a refusé d'entrer en préfecture estimant que "tous les leaders du mouvement n'étaient pas représentés". Ils souhaitent prendre plus de temps pour se structurer avant de porter leurs revendications en préfecture.
Dans l'Est, une des portes paroles de la coordination des "gilets jaunes responsables" a expliqué sur Réunion La 1ère qu’une plate-forme de revendications communes allait être préparée. "Nous sommes à la première rencontre de coordination. Des revendications ont été mises sur la table, nous devons en discuter. Tout est encore à faire. Nous ne faisons que commencer à travailler, nous prendrons le temps qu'il faudra pour bien faire les choses pour les Réunionnais. Nous ne sommes pas pressés, nous avons su attendre jusqu'à maintenant", a déclaré cette porte-parole.
"Il n'y a pas de leader, c'est un mouvement citoyen, c'est pour ça que c'est difficile et que ça prendra du temps, mais nous trouverons des gens pour porter la parole de tous les Réunionnais", poursuit-elle. "Nous donnerons rendez-vous au préfet qu'on nous serons prêts, c'est nous qui fixons le tempo", a conclu cette porte-parole qui appelle au calme.
Itw Porte-parole de la coordination des " gilets jaunes " responsables de toute l'île pic.twitter.com/9zgz7SjURx
— Réunion la 1ère (@reunionla1ere) 21 novembre 2018
Politiques et syndicats
Ce matin, le président du département, Cyrille Melchior a lancé un appel au gouvernement. "La ministre des Outre-mer doit se déplacer et venir ici à La Réunion pour discuter et prendre la mesure du malaise et les décisions adaptées", a-t-il déclaré. Cyrille Melchior a présenté un mémorandum co-signé par 40 élus dont onze maires de l’île. Ce document s’intitule "La colère légitime des Reunionnais doit être entendue : 10 proposition pour La Réunion”. Ces mesures sont articulées autour de trois axes : la relance du pouvoir d’achat, l’insertion des jeunes et le soutien aux filières pourvoyeuses d’emplois.De leur côté, les organisations syndicales ont été sollicitées par le préfet de La Réunion pour dialoguer. L’Intersyndicale, CFDT, CGTR, CFE-CGC, FO, FSU, UNSA, SAIPER a demandé un délai pour affiner une position commune, mais se dit disposée à rencontrer ultérieurement le préfet.
Nouvelle journée morte demain
Demain, jeudi, c’est une nouvelle journée morte qui s’annonce à La Réunion. De nouveaux barrages sont prévus par les gilets jaunes. Les établissements scolaires resteront fermés tout comme les administrations et collectivités.Les magasins pris d’assaut
Ce matin, quelques magasins ont ouvert. Aussitôt pris d’assaut, ils ont été dévalisés par les Réunionnais qui cherchent à se réapprovisionner. Nombreux sont également les personnes qui se rendent dans les commerces de proximité pour éviter d’attendre des heures en caisse face à l’afflux de clients. A Saint-André, le Score a été pris d'assaut. Regardez le reportage de Réunion La 1ère :Couvre-feu
Ce mercredi la nuit est tombée sur La Réunion et déjà des incendies sont déjà signalés au Port, à Saint-Denis, mais aussi à Beauséjour et Saint-André.A 21h, le couvre feu est à nouveau entré en vigueur dans 14 communes de l’île. Il est désormais interdit de circuler jusqu’à 6h demain matin dans les villes suivantes : Saint-Denis, Le Port, Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-Leu, Saint-Louis, Saint-Paul, La Possession, Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-Benoît (Sainte-Anne), Le Tampon (La Plaine-des-Cafres) et Saint-André.