"Ce sera toujours trop cher" : le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, réagit à la hausse des prix des carburants à La Réunion

Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer revient deux mois après sa première visite dans l'île
Pour sa deuxième journée de visite à La Réunion, le ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier a réagi à l’augmentation des prix des carburants. Au 1er septembre, ces prix augmentent fortement dans le département. Plus 7 centimes pour le super sans-plomb et plus 13 centimes pour le gazole.

"Je suis un usager comme vous, c'est toujours trop cher de mettre de l'essence dans la voiture pour aller travailler lorsqu'on n'a pas le choix”, a déclaré le ministre des Outre-mer, lors de son deuxième jour de visite à La Réunion, ce jeudi 31 août. 

"Moins cher que dans l'Hexagone"

Alors qu'il visitait une entreprise innovante à Saint-Paul, Philippe Vigier a été interrogé par Réunion La 1ère sur la hausse des prix des carburants au 1er septembre à La Réunion. 

“Je sais que les prix ont augmenté mais ici il y a quand même un avantage que je tiens à souligner : le gazole a augmenté, mais il est quand même 50 centimes moins cher que dans l'Hexagone”. 

Philippe Vigier

Ministre des Outre-mer

"L'Etat ne va pas s'en mettre plein les poches"

Ces dernières années ont été très variables concernant les prix des carburants à La Réunion. La hausse annoncée au 1er septembre est particulièrement forte. Sept centimes d'augmentation pour le sans-plomb, représente une hausse de 4%, et 13 centimes pour le gazole représente une hausse de 10%.

Selon Philippe Vigier, l'Etat n'y est pour rien. L'Etat au moins, ne va pas chercher des taxes et s'en mettre plein les poches, pour le dire clairement”, a commenté le ministre. 

Rejoindre les prix de l’Hexagone

Interrogé sur le sujet, l’économiste à l’Université de La Réunion, Julien Baddour explique la volonté des politiques de rattraper les écarts de prix avec la métropole : “Les politiques souhaitent voir le prix réunionnais de l’essence rejoindre le même niveau que celui dans l’Hexagone”, a-t-il expliqué. 

Une hausse qui n’est cependant pas comparable à celle de l’an dernier. Au mois de juillet 2022 l’essence était à 1 euro 94 le litre et le gazole à 1 euro 64. Cette année, même avec cette augmentation, les prix restent bien inférieurs à ce pic de juillet 2022, 20 centimes en dessous précisément. 

Un marché pétrolier sous tension 

L’économiste Julien Baddour a détaillé les multiples raisons de cette augmentation. Dans un premier temps, la forte tension qui pèse sur le marché pétrolier mondial. “Actuellement, il y a une hausse de la demande et une baisse de l’offre ce qui a produit une augmentation assez importante des cotations du sans-plomb et du gazole, avance-t-il. Plus 10% pour le sans plomb et plus 20% pour le gazole”. 

Un manque d'alternatives à La Réunion 

Julien Baddour souligne également le manque de solutions alternatives à la voiture. “L’Etat doit répercuter une partie de la hausse du carburant sur le budget du consommateur, remarque l'économiste. A La Réunion, nous avons une très forte dépendance à l'automobile, cette hausse du carburant va donc se faire davantage ressentir dans le département".

Le réchauffement climatique au coeur du problème 

Autre raison de cette augmentation à la pompe : la question climatique. “Il y a une volonté d’assurer la transition écologique, ce qui signifie que la part de l’énergie fossile doit diminuer au profit des énergies renouvelables. Il n’est donc pas étonnant que le prix des énergies fossiles, du pétrole, du carburant et du charbon augmentent fortement afin de rentabiliser les investissements qui se font au niveau des énergies renouvelables”, explique Julien Baddour, économiste. 

"La réactivité est au rendez-vous"

De son côté, le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, a souligné la réactivité du département face à cette hausse des prix. Une réactivité qui n’existe pas en France métropolitaine. “Lorsque le prix de l'essence baisse dans l'Hexagone, c'est trois mois après la baisse du prix du baril. Ici, tous les mois le préfet décide : au moins ça monte ou ça baisse, mais immédiatement, et c'est déjà un avantage. Ça sera toujours trop cher et nous en avons pleinement conscience. (...) Je comprends les usagers, mais au moins la réactivité est au rendez-vous", a-t-il conclu.