Chez les enfants, les écrans sont autant addictifs que de la drogue

Les enfants exposés aux écrans pourraient être plus à risque de troubles du langage
Une journée durant, professionnels de santé et de la petite enfance ont suivi un séminaire sur les impacts des écrans sur les enfants en bas âge.   Le constat est édifiant. Télé, tablette et autre smartphone agissent comme une véritable drogue auprès des plus petits. Pire, ces écrans retardent le développement des plus jeunes.

C'est à l’initiative de l’Association Saint-François d’Assises (ASFA) que s’est déroulé lundi 2 décembre un séminaire sur les incidences des écrans sur les enfants de moins de 6 ans. Trois spécialistes de la question ont débattu, pendant toute la journée, sur leurs travaux, avec des professionnels médico-sociaux et de la petite enfance. 

Former les professionnels

Devant une assemblée attentive de 200 professionnels de la petite enfance et du médico-social, le Docteur Anne-Lise Ducanda livre son expérience des écrans sur les enfants de moins de 6 ans. Cette spécialiste découvre il y a une quinzaine d’année que de plus en plus d’enfants lui sont adressés avec des troubles du comportement, du manque d’attention... Elle travaillait alors dans la protection maternelle infantile auprès de crèches et de maternelles. Le point commun entre tous ces enfants est leur véritable addiction aux écrans. 

Les écrans retardent le développement chez les enfants

Car les écrans affectent l'appropriation des éléments dans l’espace, les sens proprioceptifs, ainsi que la motricité fine, comme la graphie, l’écriture. 

Les écrans troublent aussi les diagnostics chez les plus jeunes. Ainsi les petits peuvent avoir un trouble de l’attention massif sans que cela soit un TDAH (Trouble De l’Attention avec ou sans Hyperactivité). Ils peuvent développer également des difficultés dans les relation sans que cela fasse partie du TSA (Trouble du Spectre Autistique). De même, l’exposition aux écrans rend plus difficile la perception des lettres sans pour autant que l’enfant souffre d’un des nombreuses DYS (Dyslexie, Dysphasie...). 

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

Un séminaire avec pour thème les écrans s'est tenu aujourd'hui

Un collectif pour aider les parents 

Il y a une dizaine d’année, le Dr Anne-Lise Ducanda crée le Collectif Surexposition aux Ecrans (COSE) pour aider les parents, mais aussi les professionnels de la petite enfance et de milieu médico-social, à appréhender les difficultés qu’entraînent les écrans dans le bon développement des enfants. 

 

Les écrans privent ainsi les tout-petits de ses besoins essentiels : interagir de façon fréquente et de qualité avec des humains, mais aussi d’explorer le monde réel en trois dimensions, avec tout son corps et tous ses sens. Le risque est d’avoir du retard dans le langage, la motricité, le développement cognitif, la relation à l’autre, la gestion des émotions... 

Dans une société du numérique où les écrans sont omniprésents, les parents se trouvent en difficulté. Eux-mêmes passent du temps sur les écrans et, certains, pour être tranquilles, n’hésitent pas à mettre entre les mains de leur chérubin un écran, ou les installent devant la télé. 

Proscrire les écrans avant 3 ans

Pourtant, le Dr Anne-Lise Ducandan est formelle. Avant l’âge de 3 ans, les écrans doivent être totalement proscrits pour les enfants. Mieux, les parents doivent éviter de les utiliser en leur présence et privilégier les interactions en face à face. Cela va permettre à l’enfant de pouvoir développer un langage structuré et complet, en prenant pour exemple les lèvres, la voix, les mimiques du visage de ses parents, de ses éducateurs, notamment à la crèche ou à la maternelle. Ainsi, l’apprentissage de comptine via les écrans est à proscrire absolument à la crèche et en maternelle. L’idéal, serait d’interdire les écrans aux enfants de moins de 6 ans. 

Limiter l'usage des écrans pour les plus grands

Si cela n’est déjà pas le cas, il faut alors limiter l’usage des écrans aux enfants. Pas plus de 30 minutes le samedi et le dimanche pour les petits de 3 à 6 ans. De 6 à 11 ans, la “dose” peut -être doublée et passer ainsi à une heure toujours les deux jours du week-end. À partir du collège, il ne faut pas excéder 2 heures chaque jour du week-end.

Il ne faut pas d’écrans tous les jours, parce que l’enfant attend sa dose. Il faut lui permettre de faire autre chose pour son bon développement, comme lire des livres à la médiathèque, faire des promenades, le laisser jouer seul dans sa chambre pour développer sa créativité... 

 Pour que les plus jeunes enfants n’aient plus accès à leur écran, la seule solution est un sevrage. Un processus long et difficile pour les parents, l’enfant et les professionnels de santé. 

Les écrans, une maladie reconnue par l'Organisation, Mondiale de la Santé 

L'OMS a reconnu que les jeux vidéo pouvaient représenter une addiction au même titre que les drogues ou l’alcool.  Car l’addiction aux écrans entraîne des troubles du sommeil, de l’attention, des difficultés à gérer la frustration... 

L’Australie, a pris de l’avance sur ce thème. Une loi interdit désormais aux jeunes de moins de 16 ans d’accéder aux réseaux sociaux. Bien souvent, ils proposent des contenus inadaptés, entretenus par des algorithmes. Chez les jeunes, cela augmente les troubles psychiques et de santé mentale, l’isolement, la dépression, la baisse de l’empathie, de l’agressivité...