La récolte des lentilles est terminée à Cilaos et cette saison 2021 n'est pas fameuse à en croire les producteurs. Une soixantaine de tonnes de lentilles ont été produites alors qu’on en avait récolté plus de 80 en 2020.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Attaquée par un champignon et les oiseaux
La faute notamment à la présence d’un champignon présent dans le sol du cirque : la sclerotinia également appelée "pourriture blanche"…
C’est loin d’être la seule menace. Les oiseaux provoquent également beaucoup de dégâts dans les parcelles. Pour faire face aux assauts répétés des martins, tourterelles et autres merles Maurice, les agriculteurs ont mis en place ce qu’ils appellent des "filets anti-oiseaux".
Un métier en mal de relève
Le métier, qui est donc difficile sous de nombreux aspects, peine à susciter des vocations chez les plus jeunes. D'où cet appel de la Chambre d’agriculture de La Réunion lancé aux côtés des agriculteurs du cirque pour redorer l'image de la filière.
Une filière qui a encore de l’avenir, défendent les membres de l'Association des producteurs de lentilles de Cilaos (APLC). D’ailleurs, la demande chez les consommateurs est de plus en plus forte. Alors quelles sont les solutions envisagées pour relancer le secteur ?
Vers la création d'un label d'Indication Géographique Protégée
Comme le rappelle Maximin Payet, le président de l’APLC, les professionnels travaillent actuellement sur un projet d'Indication Géographique Protégée (IGP) "Lentilles de Cilaos". Une stratégie cohérente s’agissant de ce produit "de luxe" dont le kilo se négocie à 20 euros, et un nouveau gage de qualité qui permettrait de limiter le risque de fraude.
Certains indélicats n’hésiteraient pas en effet à faire passer des lentilles venant d’ailleurs pour les fameuses lentilles du cirque. "On a eu des remontées avec des consommateurs. Nous avons essayé de mener notre enquête. Et on s’est rendu compte que les lentilles de l’Inde et de Madagascar ressemblent un peu à celles de Cilaos et qu’il y a déjà des gens qui commencent à frauder", assure Maximin Payet.
130 cultivateurs de lentilles à Cilaos
L’autre grand défi c’est la modernisation de la profession. Au nombre de 130 aujourd’hui, les cultivateurs se sont améliorés sur le plan technique et appliquent tout un processus de plantation pour conserver leur exploitation et garantir la qualité et la reconnaissance de leur produit.
Réputé pénible, le battage traditionnel de la lentille a laissé progressivement la place au battage mécanisé. Une avancée saluée par les agriculteurs, à l’instar de Pascal Dijoux, qui cultive la lentille depuis 30 ans à Mare Sèche : "Mi préfère la technologie. Les lentilles sont meilleures et sortent plus "propres". Avec "l’abattage" lontan, à la main, il y avait trop de travail".
Une "culture identitaire" à préserver
Frédéric Vienne, le président de la Chambre verte, souligne l’importance de ces cultures de niche : "Ce sont vraiment des cultures identitaires, que ce soit la lentille à Cilaos, le safran à la Plaine des Grègues, ou encore l’ail dans le Sud. On a donc tout intérêt à protéger ces pratiques pour qu’elles restent ancrées dans le paysage agricole de La Réunion. Il faut vraiment préserver ces pratiques car c’est de là qu’est née La Réunion et son agriculture".