Quatre journalistes comoriens pourraient être incarcérés pour diffamation pendant trois mois. Le procureur de la République des Comores a requis à l’encontre des quatre prévenus des peines inimaginables. Il a requis un an de prison, dont trois ferme et l’interdiction pour les suspects d’exercer leur profession pendant un an, s’ils sont reconnus coupable, écrit Alwatwan.
La défense a souligné lors de sa plaidoirie, le caractère exceptionnel et probablement excessif des réquisitions du parquet : "Demander à ce que des journalistes soient empêchés d’exercer pendant un an peut laisser penser que l’on cherche à museler la presse", relève La Gazette des Comores.
Le plus étonnant, dans ce dossier, est la constitution de partie civile. Le 17 juin 2023, lors de la cérémonie où auraient été prononcés les propos visés par la plainte en diffamation, Andjouza Abouheir, vice-président du syndicat des journalistes a dénoncé des faits supposés de harcèlement sexuel commis par un cadre de l’ORTC sur des femmes journalistes travaillant pour la télévision nationale, sans citer le moindre nom.
Aucun nom d’aucun cadre cité
La défense de s’interroger sur le bien-fondé de ce procès. Pour qu’une diffamation soit constituée, il faut que le nom de la victime soit clairement identifiable. Au pire, s’il avait été prononcé, les poursuites du parquet devaient viser le syndicat et non le représentant.
Le Syndicat National des Journalistes des Comores (SNJC) a réagi à l’issue du procès. Faïza Soulé Youssouf, la présidente du SNJC, espère que les juges seront mesurés : "Le syndicat espère que le tribunal ne suivra pas les réquisitions. Empêcher un journaliste de faire son travail est une entrave manifeste à la liberté d’expression".
Enfin, la présidente de l'association des femmes journalistes aux Comores, Mariata Moussa, s’est dite surprise qu’en 2023, le parquet requiert des peines d’emprisonnement fermes pour des délits de presse : "Aujourd’hui, on se rend compte que la liberté est un exercice toujours compliqué dans notre pays. À aucun moment, les personnes citées dans cette affaire n’ont nommé le plaignant. C’est lui qui s’est senti visé ".
Reste à attendre la décision du 27 juillet 2023.