COP26 : les jeunes de l'océan Indien lancent un cri d'alerte

Inondations aux Seychelles en janvier 2013
Ils sont Mauriciens, Malgaches, Comoriens ou autres. Ils sont mineurs ou jeunes majeurs. Ils sont le futur des îles de l'océan Indien. Sous leurs yeux l'environnement change. Ces "jeunes" impliqués dans le nettoyage des plages, des mangroves et des forêts, demandent des actes pour l'avenir.

Des plages de plus en plus étroites, des mangroves devenues des décharges, des fôrets qui flambent, des atolls menacés par la montée des eaux, les jeunes de l'océan Indien observent tous les jours la dégradation de leur environnement. Ce sujet fait la une des journaux télévisés, uniquement lors des catastrophes (inondation, feu de forêt, fonte de la banquise, disparition d'une espèce), mais les adolescents et jeunes majeurs des îles de la zone s'informent via les réseaux sociaux. Ils ont l'habitude de les utiliser et tous ne s'en servent pas uniquement pour faire des selfies. 

De nombreuses chaînes scientifiques proposent des contenus didactiques sur le changement climatique, les conséquences et les solutions envisageables pour amortir l'impact de cette transformation inéluctable. Le but est désormais de limiter la casse comme l'ont bien compris les nouveaux militants pour la sauvegarde de l'environnement.

Astrid Young, jeune Mauricienne, constate déjà l'impact sur son île

 

La montée des eaux entraîne une diminution des plages de l'île sœur, l'eau se réchauffant, les poissons migrent et les coraux meurent. Les pêcheurs mauriciens n'arrivent plus à subvenir à leurs besoins. Le gouvernement mauricien a interdit l'utilisation des sachets plastiques, il s'est également engagé à ne plus utiliser de charbon d'ici à 2030. Des zones du lagon de l'île Maurice, comme à La Réunion sont contrôlées par le Parc Marin. Il est interdit d'y pêcher. Des arbres ont été plantés pour lutter contre l'érosion des sols, mais est-ce suffisant ? Demande Global Citizen.

"J’ai peur qu’il soit trop tard pour réduire nos émissions de carbone et qu’ainsi, ils ne restent plus assez de temps pour [l'espèce humaine]", ... "J’espère aussi que le niveau des océans cessera d’augmenter pour que mon île ne soit pas submergée par l’eau", confie Astrid Young.

Les Seychelles et les Maldives risquent d'être submergées

 

Les Maldives, dont le sommet culmine à 2m30 au-dessus du niveau de la mer, risquent d'être englouties par la hausse des océans (1m90), comme les îles Kiribati dans le Pacifique. Les Seychelles, dont le Morne est le point culminant, avec 906 mètres, sont un peu moins concernées, même si plusieurs de ses 106 îles sont des atolls qui seront submergés avant la fin du siècle, si les prévisions se confirment. 

Aujourd'hui, les Seychellois s'inquiètent surtout des inondations répétées. Vincent Amélie, directeur des services météorologiques de l'archipel, vient de se doter grâce à la Commission de l'Océan Indien d'Aladin, un outil informatique. Il devrait permettre de mieux appréhender les risques de fortes pluies et donc de préserver l'économie des dangers climatiques comme il vient de l'expliquer dans cette vidéo de la COI.

Les jeunes Comoriens nettoient les mangroves

 

Les mangroves sont "des forêts" de bord de mer qui font l'interface entre le milieu marin et la terre. Elles représentent moins de 1% des espaces végétalisés sous les tropiques et pourtant, elles sont essentielles pour la biodiversité. De très nombreuses espèces de poissons, d'oiseaux, de crustacés sont endémiques à leur mangrove. 

Aux Comores, Kalathoumi Charif et ses amis, avec l'aide du Croissant-Rouge ont décidé d'agir et de sensibiliser la population sur la nécessité de protéger l'environnement de l'archipel. Fin octobre 2021, des milliers de volontaires se sont lancés dans le nettoyage des mangroves. Ils ont retiré des tonnes de déchets plastiques coincés dans les racines des palétuviers. La seconde étape de cette action est moins spectaculaire, mais peut-être plus importante : "Des milliers de jeunes Comoriens vont dispenser des sessions de formation et de sensibilisation à la conservation des sols cultivables et à la protection des mangroves contre les effets du changement climatique", écrit l'ifrc.org.

Madagascar, si on parlait des déchets, de la montée des eaux, des inondations

 

Madagascar est touché par une sécheresse sans précédent. Le Sud de la Grande île se meurt et l'urgence est absolue. La déforestation, est également un sujet de préoccupation majeur. Chaque jour, la population qui vit en brousse la coupe et la brûle pour répondre à ses besoins immédiats. Le président de la République a milité devant la COP26 pour le financement de réchauds fonctionnant à l'éthanol pour les familles concernées, mais en attendant la réponse, la forêt disparaît. 

Restent tous les autres sujets qui sont liés au changement climatique et dont personne parle. Delphine Berthet, l'une des fondatrices du Réseau Climat Océan Indien, tente d'ouvrir le débat, mais avec ses amies, elles confient à RFI, avoir du mal à être entendues par les responsables politiques : "Quand on parle changement climatique, le gouvernement, et même quand on demande aux gens, ils vont parler uniquement de reboisement", ... "Par exemple, pendant l'atelier qu'on a fait ce matin, sont ressortis beaucoup de problématiques d'urbanisation et donc de déchets et de montée des eaux à Tana, de problématique des océans, qui ne sont pas du tout pris en compte. On n'entend jamais parler de la problématique de l'océan". Tout n'est pas négatif, des initiatives individuelles ont vu le jour, mais l'urgence est réelle.