Coronavirus : confinement strict jusqu'au 11 mai, dépistage, rentrée scolaire... le point à La Réunion [SYNTHESE]

Jacques Billant, le préfet de La Réunion.
Suite à l’allocution du président de La République, le préfet de La Réunion, la directrice de l’ARS et le recteur de l’Académie de La Réunion ont fait le point sur les mesures de lutte contre le coronavirus, ce mercredi 15 avril à 17h.
Lundi 13 avril au soir, Emmanuel Macron s’adressait aux Français. Le président de la République a ainsi annoncé le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai prochain. Il a également évoqué des pistes concernant la suite. Retour des enfants à l’école, déconfinement progressif, dépistage massif, un plan doit être présenté par le gouvernement d’ici 15 jours.

Ce mercredi 15 avril, Jacques Billant, le préfet de La Réunion, Martine Ladoucette, la directrice de l’Agence Régionale de Santé, et Vêlayoudom Marimoutou, le recteur de l’Académie de La Réunion ont fait le point sur les mesures de lutte contre le coronavirus dans l’île.

Retrouvez le point de situation depuis l’hôtel de préfecture : 

Pas de nouveaux cas confirmés ces deux derniers jours

Ce mercredi 15 avril, comme la veille, La Réunion comptabilise 390 cas confirmés de coronavirus depuis le 1er cas arrivé dans l’île le 11 mars dernier, un ayant été reconsidéré. Aucun cas n’a été signalé lors des 48 dernières heures.
 
La situation sanitaire n’est pas alarmante, affirme Martine Ladoucette, la directrice de l’Agence Régionale de la Santé. Un taux de positivité de 1% est observé sur les 4 235 prélèvements des 10 derniers jours.

237 guérisons ont pu être prononcées par les infectiologues du CHU (sans symptôme depuis plus de 8 jours), 24 hospitalisations dont 3 en réanimation.  319 personnes contacts suivies, soit 10% du total des personnes que l’ARS a pu rechercher et joindre depuis le début de la crise sanitaire. Toutes les autres personnes ont pu achever leur période de quatorzaine stricte sans déclarer la maladie.

La situation n’est pas pour autant hors de danger, il ne faut pas relâcher les efforts de préparation, de prévention et de gestion d’une vague épidémique si elle devait se produire, prévient la directrice de l’ARS.

 

Le confinement strict reste la règle

Pour autant, il ne fait pas relâcher la vigilance. Le confinement strict reste la règle jusqu’au 11 mai, il sera appliqué avec la même fermeté, prévient Jacques Billant, le préfet de La Réunion.
 

" Ce que je ne sais pas, à ce stade, c’est qualifier la dynamique épidémique du coronavirus sur notre ile ", reconnaît le préfet de La Réunion.


"Nous ne savons pas si La Réunion reste sur une épidémie d’importation ou si’il y a une véritable circulation locale du virus", ajoute Jacques Billant. Il faut plus de données, plus de recherche et donc plus de temps. L’ensemble des mesures de confinement et des restrictions sont ainsi prolongées jusqu’11 mai.

La stratégie de dépistage a été élargie et doit permettre de tester de plus en plus de patients symptomatiques via une prescription de leur médecin, de se concentrer sur les publics les plus fragiles, personnes âgées, détenus, SDF, intervenants sociaux des centres d’hébergements notamment. Des campagnes de dépistage seront faites pour essayer de dépister les asymptomatiques.

Le dépistage systématique à J+12 de tous les passagers sortant de quatorzaine en fait partie. Le rétablissement complet des liaisons aériennes n’est enfin pas d’actualité, et " certainement pas avec les autres pays de l’Océan Indien ", a averti Jacques Billant.

 

Maintien des dispositifs de protection et de prise en charge

Si une éventuelle vague devait survenir, il faudrait donc être prêt, a dit la directrice de l’ARS. En conséquence, l’ARS soutient la mise en place, effective ou à venir, de 5  centres de consultation ambulatoires dédiés Covid.

Les capacités d’hospitalisation pour les formes sévères de la maladie pourraient être multipliées par 2,5, le moment venu, pour les lits de réanimation et par 4 pour les lits d’hospitalisation dédiés aux patients Covid. Pourraient enfin s’ajouter 3 unités de soins de suite médicalisées dédiées Covid, dont une dédiée aux personnes âgées.

Une plateforme d’appel à volontaires a été mise en place depuis le 10 avril. 221 professionnels de santé se sont déjà fait connaître, parmi lesquels 21 médecins, 79 infirmiers, 43 aides-soignants ou encore 31 kinésithérapeutes, 9 éducateurs et 4 psychologues. 5 Ehpad ont d’ores et déjà sollicités des personnels en renfort, soit 5 infirmiers, 16 aides-soignants et 1 agent de service hospitalier.

639 000 masques chirurgicaux et 53 000 masques FFP2 ont été distribués depuis hier et le seront jusqu’à vendredi, a indiqué Martine Ladoucette. Grâce aux dons du Groupe Bernard Hayot, les dotations aux professionnels de santé ont pu être augmentées et l’attribution élargie à de nouveaux bénéficiaires.  Les patients fragiles, centres ambulatoires Covid, les patients Covid dont les soins se poursuivent à domicile ou encore les sujets contacts en sont pourvus.

Un numéro vert sera également mis en place dès lundi prochain pour garantir la continuité d’accès aux soins. Ainsi les personnes sous traitement ou atteintes de maladies chroniques doivent poursuivre leur prise en charge

 

Préparer le déconfinement progressif

Après un mois de confinement, il en reste un autre à tenir. A l’issue de ce mois, un déconfinement progressif sera mis en place. Le premier ministre devra présenter un plan d’ici 15 jours
 

" Nous avons un horizon, le 11 mai, il nous faut le préparer sans même le précipiter ", insiste le préfet de La Réunion.


Ce déconfinement se voudra progressif pour assurer la protection des enfants et des enseignants, des personnes vulnérables, des travailleurs, et surveiller la dynamique épidémique du déconfinement et éviter une nouvelle vaque, a expliqué Jacques Billant.

D’ici là, le préfet de La Réunion identifie 3 priorités : le respect du confinement, la consolidation des solidarités et notre contribution aux stratégies de déconfinement qui seront élaborées.
Remplissage des attestations, limitation des activités sportives dans un rayon d’1km autour du domicile et une vie sociale strictement limitée restent d’actualité.

Certaines activités économiques ont pu reprendre, dans le respect des gestes barrières notamment. Des professionnels qui circulent sur les routes, mais qui ne doivent pas être un prétexte pour le reste de la population, avertit le préfet.

En compensation de la fermeture des services de restauration scolaires, une aide sera versée aux familles les plus pauvres. Près de 100 000 familles réunionnaises en bénéficieront le 20 avril, pour un montant global de 5,75 millions d’euros. Elle sera d’environ 35 euros par enfant.

Enfin, 7224 entreprises bénéficient du fonds de solidarité pour un montant de 100 millions d’euros. 5 725 entreprises ont activé le dispositif de chômage partiel pour près de 47 000 emplois. 25 millions d’euros de charges sociales et 9 millions d’euros de charges fiscales ont été reportés. L’Etat continuera d’accompagner les entreprises, a assuré le préfet de La Réunion.

Les stratégies de déconfinement seront travaillées dans des groupes de travail avec les élus, les professionnels de santé et les acteurs économiques. Doubler les transports en commun, repenser la restauration scolaire pour respecter les distanciations sociales, sont à envisager.

L’objectif est aussi de maximiser la production locale de masques en tissu en accompagnant les acteurs locaux. Des certifications seront mises en place.

 

Rentrée progressive à partir du 14 mai

Les élèves réunionnais doivent poursuivre l’école à la maison durant 3 semaines encore, jusqu’aux vacances du 1er mai. Ce n’est que le 14 mai, à l’issue de ces congé que le reprise de l’école se fera à La Réunion. Une reprise progressive a indiqué le recteur de l’Académie.

Les précisions sur les modalités de cette rentrée seront apportées d’ici deux semaines par le ministère de l’Education nationale. Le port de maques est envisagé, le savon, la distance entre élèves, les cours d’EPS seront l’objet de règles nationales, précise Vêlayoudom Marimoutou. Les collégiens et les lycéens pourraient travailler plus longtemps à distance.

Enfin, les examens demandent une organisation particulière que le déconfinement ne permettra pas de mettre en place, explique-t-il. Il confirme ainsi que l’ensemble des épreuves du bac seront passées sous forme de contrôle continu, comme l’a annoncé le ministère de l’Education nationale.