Coronavirus : Avec le confinement, les horticulteurs redoutent une catastrophe pour leur filière

Filière agricole discrète, l'horticulture est pourtant pourvoyeuse d'emplois. Mais toute cette filière appréhende aujourd'hui un crash de son activité en raison de la lutte contre le Covid-19.
Pour les horticulteurs, il n'y a pas l'ombre d'un doute, l'épidémie de Coronavirus ainsi que les mesures de confinement de la population sont arrivés au plus mauvais moment. Difficile de faire pire. Tous les points de vente sont fermés, et cela au moment même ou la filière réalise les trois-quarts de son chiffre d'affaire.

Sur l'exploitation d'Auguste Ponty, les 7000 à 8000 roses attendues cette année ne vont pas pouvoir s'épanouir et faire le bonheur de plusieurs foyers... comme celui de leur producteur. Faute de pouvoir finir sur les étals, l'horticulteur est contraint de détruire chaque bouton de fleur qui commence à éclore. Tous les deux jours, ce sont ainsi des centaines de roses qui sont jetées. Pas question de les laisser pourrir sur les tiges afin d'éviter l'apparition de maladie.

Des marchandises périssables dont la vente ne pourra pas être rattrapée et qui en plus sont déjà payées. Un manque à gagner considérable pour Auguste Ponty, qui dit ne pas pouvoir survivre bien longtemps dans ces conditions. Deux semaines, tout au plus. Au-delà, c'est la mort assurée de son activité.
 

2,5 millions d'euros perdus en 15 jours 


Comme lui, 240 horticulteurs accusent le coup. Cela varie selon les exploitations mais chacun réalise en général 30% de son chiffre d'affaires annuel de mars à mai. Période où habituellement Pâques, fête du travail et fête des mères sourient à la filière. Illustration avec le muguet, actuellement en cours de production chez les horticulteurs. A l'Union des horticulteurs et pépiniéristes de La Réunion (UHPR), ont est alarmiste :

 

"l'arrêt brutal de nos activités de commercialisation dû au confinement aura des conséquences économiques : liquidation pour certains, manque à gagner importants, difficultés de trésorerie avec incapacité de payer les salariés, fournisseurs, charges. Conséquences sociales également avec le non-renouvellement des CDD et des licenciements qui seront inévitables, alerte l'UHPR. 


Au total, entre 300 et 600 emplois sont menacés, sur les 1700 existants. Après dix années de crises successives, "la filière est au plus bas, elle ne se relèvera pas dans son intégralité". Sur quinze jours, les pertes financières sont évaluées à 2,5 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires annuel de 45 millions d'euros. Des pertes qui s'élèveraient à 6,5 millions d'euros fin avril, selon la filière, qui réfléchit à produire autrement... comme se lancer dans la culture de plantes comestibles, en parallèle des plantes ornementales.


Dans un courrier adressé au préfet, la profession demande, entre autres, l'autorisation de pouvoir vendre leurs productions dans les points de ventes alimentaires ; l'abandon total des charges URSSAF, fiscales sur la période de crise ou encore de débloquer les CIR et autres crédits d'impôts.


Le reportage de Henry-Claude et Laurent Figon

Reportage ©Réunion La 1ère