Coronavirus : nombre de cas en hausse, vers un couvre-feu à La Réunion ?

Avec une nouvelle augmentation du taux d’incidence, à savoir du nombre de cas de Covid sur une semaine, la situation pourrait rapidement évoluer à La Réunion. Exemptée de confinement jusque-là, l’île pourrait y être soumise. Un couvre-feu serait prioritairement envisagé.
Alors que l’ensemble de l’Hexagone et certains territoires ultramarins sont classés en niveau de vulnérabilité élevée, La Réunion reste elle en niveau modéré. Une situation qui peut encore changer rapidement, ont rappelé les autorités.

A La Réunion, deux décès de personnes âgées de plus de 70 ans et 239 nouveaux cas de Covid ont été confirmés du 31 octobre au 2 novembre. De nouveaux chiffres doivent être communiqués en fin de journée.
  

Le taux d’incidence dépasse le seuil d’alerte

Selon le Dr François Chieze, directeur veille et sécurité sanitaire à l’ARS, le problème majeur, c’est le nombre de cas autochtones. Ces cas représentent 83% de ceux dans l’île. En 3 semaines, le taux d’incidence est passé de 38 cas pour 100 000 habitants sur une semaine à 57 cas pour 100 000 habitants du 19 au 28 octobre. Il a ainsi passé le seuil d’alerte fixé à 50 pour 100 000 habitants sur une semaine.

Un cap franchi qui a donc donné lieu à un renforcement des mesures de lutte contre la propagation de l’épidémie de coronavirus dans le département, annoncées vendredi dernier. D’autres indicateurs appellent à la vigilance les autorités. Ainsi, le nombre de reproduction effectif était à 1,33 sur la semaine du 19 au 25 octobre, soit au-dessus du seuil de vigilance mais en dessous du seuil d’alerte fixé à 1,5. Le taux de positivité aux tests est de 5,6% sur cette période, dépassant ainsi pour la 1ère fois le seuil de vigilance établit à 5%.
 
Enfin, le nombre de personnes hospitalisées était de 62, dont 11 personnes en réanimation, le lundi 2 novembre. Ce dernier indicateur n’est pour l’heure pas source d’inquiétude, le nombre de lits disponibles étant de 80, voire 120. Un chiffre qu’il ne faudrait cependant pas atteindre, car La Réunion ne pourra pas forcément bénéficier d’évacuations sanitaires vers l’Hexagone.


Vers un couvre-feu à La Réunion ?

D’après les données de Santé Publique France, la situation ne s’améliore pas à La Réunion. Sur la semaine du 25 au 31 octobre, le taux d’incidence serait de 68,1 pour 100 000 habitants dans le département.

Cet indicateur est celui qui est prioritairement pris en compte par les autorités. Ainsi, vendredi dernier, lors de son intervention, le préfet de La Réunion demandait l’arrêt des sorties en familles et des pique-niques de plus de 6 personnes.

Jacques Billant a indiqué que si le taux d’incidence venait à atteindre 150 cas pour 100 000 habitants sur une semaine et à dépasser 50 pour 100 000 habitants chez les personnes âgées de plus de 65 ans, à La Réunion, un couvre-feu pourrait entrer en vigueur. Autre indicateur à prendre en compte, un nombre de patients présents plus de 4 jours consécutifs en réanimation supérieur ou égale à 25% du nombre de lits installés, soit 20 lits.

Au-delà de 200 cas pour 100 000 habitants sur une semaine, un confinement serait décrété.

Les précisions du Dr François Chieze, directeur veille et sécurité sanitaire à l’Agence Régionale de Santé de La Réunion, invité du journal de Réunion la 1ère :
Coronavirus : vers un couvre-feu ? itw Dr Chieze de l’ARS ? ©Réunion la 1ère
 

" L’auto-confinement " plutôt que le reconfinement

Une partie de la communauté médicale se montre particulièrment inquiète. Le Dr Christine Kowalczyk fait remarquer que le taux est actuellement élevé dans le département et l’aéroport reste ouvert. Même si le nombre de voyageurs est limité avec le retour des motifs impérieux, le flux d’arrivées continue.

La présidente de l’Union Régionale des Médecins Libéraux estime qu’il appartient aux Réunionnais d’adopter le bon comportement pour éviter que la situation ne s’aggrave et qu’un confinement leur soit imposé. Elle prône " l’auto-confinement ", à savoir prioritairement limiter les rencontres familiales, qui sont le premier vecteur de clusters.
 

" Cela est arrivé en métropole, il n’y a pas de raison que cela n’arrive pas chez nous. Si des clusters apparaissent dans le milieu familial, l’épidémie pourrait flamber. "

Dr Christine Kowalczyk, médecin généraliste et président de l’URML


Un couvre-feu le soir, ne serait pas forcément la solution la plus utile dans le département, les sorties nocturnes y étant peu nombreuses, selon la présidente de l'URML. Pour elle, le danger vient du week-end.

Si l’augmentation du nombre de cas venait à se poursuivre, les autorités pourraient bien opter pour un couvre-feu soir et week-end, a indiqué le Dr François Chieze.