Coronavirus : un mois de ramadan inédit commence ce samedi, à La Réunion

Alors que les musulmans s'apprêtent à célébrer un mois de ramadan, Emmanuel Macron a confirmé que le lieux de culte ne rouvriront pas le 11 mai. C'est donc un ramadan inédit qui démarrera samedi, à La Réunion. Les rituels de ce mois de jeûne et de prière seront profondément bousculés. 
Le chef de l’Etat a longuement dialogué hier, avec les responsables des autorités spirituelles du pays. Le président a été très clair : les lieux de cultes ne rouvriront pas le 11 mai, mais peut-être début ou même mi-juin en fonction de l'évolution de la situation. « La pire des choses serait de rouvrir trop vite, trop fort et d'être ensuite amené à refermer », a expliqué Emmanuel Macron. 

Pas d'ouverture des lieux de culte le 11 mai. Les églises, synagogues, temples et mosquées resteront donc fermés au moins jusqu'à la mi-juin. Les musulmans s'apprêtent donc à célébrer un ramadan particulier, sans pouvoir se rendre à la mosquée. Ce mois de jeûne et de prière sera forcément bouleversé pour toute la communauté musulmane. 

Le ramadan débutera ce samedi à La Réunion. Les musulmans de l'île n'ont pu observer le croissant lunaire ce jeudi soir.
 
Dans l'hexagone, une commission religieuse, réunie à la Grande Mosquée de Paris, décidera officiellement de la date ce jeudi, à 18 heures. Face au contexte inédit, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a fait le point sur les adaptations du ramadan imposée par l'épidémie. 
 

Le jeûne


Ce jeûne d'un mois fait partie des cinq piliers de l'Islam, avec la profession de foi, la prière, l'aumône et le pèlerinage à la Mecque. Il commémore la révélation du Coran au prophète Mahomet. Durant ce mois, les musulmans ne doivent ni manger, ni boire quoique ce soit, de l'aube au crépuscule. 
Ce jeûne correspond aux heures de prière, celle du matin est appelée "Fajr", c'est après cette dernière que les interdictions prennent effet, jusqu'au "Maghreb", la prière du soir mettant fin au jeûne de la journée.
Le Conseil français du culte musulman a expliqué que cette pratique dépend " intrasèquement et individuellement de chacun", là, où il se trouve. Pour le CFCM, la pratique du jeûne n'est pas affectée directement par le contexte de pandémie : 

 

Celles et ceux qui remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l’observer, l’observeront comme d’habitude. Celles et ceux qui ont une dérogation reconnue, comme la maladie, la vieillesse, la grossesse, l’allaitement ou le voyage, en seront exemptés suivant la réalité de leur situation.
 


L'Organisation Mondiale de la Santé a dévoilé ses recommandations vis à vis de ce mois de jeûne. L'institution indique que pour l'heure aucune étude n'a été réalisée concernant le jeûne et le risque d'infection. Et les personnes en bonne santé devraient pouvoir le suivre normalement.
En revanche, les personnes qui ont été atteint du covid-19, il est indiqué qu'elles "devraient envisager de ne pas le faire, suivant les dérogations prévues par la religion, en concertation avec leur médecin, comme pour toute autre maladie." 
Cette préconisation concerne également les personnes qui présentent des symptômes laissant présager un cas de coronavirus. 

Pour les profils les plus vulnérables, l'OMS invite à "appeler fermement les personnes âgées et le personnes présentant une affection préexistante (maladie cardiovasculaire, diabète, maladie respiratoire chronique ou cancer) à ne pas se joindre aux rassemblements, car elles risquent davantage de développer une forme sévère de la COVID-19 ou d’en mourir ". 
 

Prières à domicile 


Si la pratique du jeûne ne se trouve pas affectée par la crise sanitaire, il en est tout autre pour les temps de prière. Des temps de prière bouleversés par la fermeture des mosquées prévue au moins jusqu'à la mi-juin. En attendant, le Conseil français du culte musulman incite les fidèles à accomplir leurs prières chez-eux. " C’est la seule attitude responsable et conforme aux principes et aux valeurs de notre religion dans ce contexte d’épidémie ".

Des prières à la maison et en famille. Le CFCM conseille ainsi, aux fidèles d'accomplir les prières journalières obligatoires ainsi que le Tarawih (prière de nuit), avec les membres de leurs familles avec qui ils sont confinés : " ce qui leur permettra de profiter pleinement des mérites de la prière, d’accompagner au mieux leurs enfants dans leur vie spirituelle et leur transmettre, par la même occasion, les valeurs authentiques de notre religion ".

Et puis à l'approche du ramadan, l'appel à la prière résonne de nouveau à La Réunion, chaque soir (prière du coucher du soleil, salât oul Magreeb). Le conseil régional du culte musulman en accord avec les autorités a décidé de cette reprise progressive qui a débuté le 16 avril dernier.

Il est temps d’entrevoir une espérance et de pouvoir écouter la voix du mouadh-dhin (muezzin) précise le Conseil régional du culte musulman de La Réunion.


Le secrétaire du Groupe de dialogue inter-religieux (GDIR), Omar Issop Banian d'ajouter " l'appel à la prière symbolise la rupture du jeûne et c'est pourquoi, c'est très important que toutes les personnes chez elles, entendent cet appel ".
 


Le CFCM met quant à lui tous les moyens dont il dispose pour que son site officiel www.cfcm-officiem.fr et sa chaîne YouTube " cfcm-officiel-tv " soient des lieux de ressourcement et appelle toutes les forces vives de notre communauté à y contribuer par des interventions orales ou écrites, des récitations du coran, des invocations et tout ce qui peut être une alternative à la rencontre physique dans les mosquées.
 

Les moments de partage : repas de rupture de jeûne


Le Conseil français du cultre musulman déplore le fait que les repas de rupture de jeûne ne puissent être maintenus.
 

Par le passé, de nombreuses mosquées et associations caritatives organisaient des repas de rupture du jeûne (Iftars) et les partageaient avec les plus démunis et avec nos amis de toutes confessions. Il est fort probable que ces repas ne puissent avoir lieu cette année dans leurs formats habituels.


Mais, le CFCM a déjà réfléchi à des idées alternatives : " des distributions de repas répondant aux restrictions en vigueur pourront faire l’objet d’une concertation avec les autorités locales de notre pays et faire appel à l’entraide entre les différents acteurs associatifs" .
A ce sujet, l'OMS invite à faire appel à des institutions centralisées et de proposer des portions individuelles préemballées.