Covid-19 : interrogations et craintes autour des vaccins à La Réunion

Alors que le Royaume-Uni vient d’approuver ce mercredi 2 décembre le vaccin des laboratoires Pfizer/BioNTech contre le Covid-19, le calendrier de la campagne de vaccination se précise en France même si des craintes persistent dans l’opinion publique. Et La Réunion ne fait pas exception.
"Nous ne sommes pas des cobayes dans les DOM", "Testez d’abord votre vaccin sur le gouvernement !"… Les réactions à l’annonce faite sur Twitter par le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu, le 26 novembre dernier, de placer les Outre-mer "au cœur de la stratégie de vaccination du gouvernement" illustrent à quel point les réticences peuvent être fortes sur le sujet.
 
Dans l’Hexagone, comme dans les Outre-Mer, l’on n’est pas vraiment rassuré de voir arriver un ou plusieurs vaccins élaborés en seulement quelques mois, avec cette crainte de devoir faire avec de possibles effets secondaires. Selon les différents sondages réalisés au cours des derniers jours, c’est bien cette peur des effets secondaires qui revient principalement.

Chez les spécialistes, il n’est pas vraiment question d’inquiétudes mais plutôt d’interrogations, car pour l’instant, peu d’informations sont disponibles, s’agissant des résultats des tests menés par les laboratoires pharmaceutiques ayant pris part à cette course au vaccin.
 

Les professionnels de santé mal informés

"Tant qu’on n’aura pas une formation vraiment professionnelle et une formation scientifique, c’est quand même compliqué d’en parler à nos patients", réagit le docteur Christine Kowalczyk, présidente de l’Union régionale des médecins libéraux. Le fait que les Outre-Mer soient prioritaires est signe, selon elle, "qu’il y a une conscience de notre fragilité au niveau de notre territoire. On est quand même très vulnérables par rapport au nombre de lits de réanimation".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
 

Le docteur Bruno Bourgeon, qui est épidémiologiste ainsi que le vice-président de l’Espace éthique de La Réunion, déplore ce manque d’informations et pointe du doigt la communication trop "publicitaire" de ces laboratoires.

"Pour l’instant, le seul effet secondaire que l’on puisse voir et démontrer c’est l’augmentation des actions des laboratoires concernés", ironise-t-il. "On n’a pas de recul suffisant pour les effets secondaires sur le long terme dans un essai de phase 3 puisqu’on a que cinq mois de recul", observe-t-il.

Celui-ci se montre prudent s’agissant en particulier des vaccins ARN basés sur une toute nouvelle technique n’ayant jamais été utilisée chez l’homme, et présentant par ailleurs, selon le spécialiste, "des résultats pas forcément très positifs en médecine vétérinaire".
 

Le Royaume-Uni, premier pays à approuver un vaccin


Pour autant, la communauté scientifique et les autorités sanitaires relativisent en rappelant l’importance d’aller vite face à une épidémie d’ampleur mondiale ayant fait plusieurs centaines de milliers de morts. Quant à la question des effets secondaires, on répond qu’il n’y pas un seul médicament ou vaccin sans effets secondaires, les autorités ayant néanmoins déjà précisé qu’il y aurait bien sûr un suivi sur le long terme.

Ce mercredi 2 décembre, le Royaume-Uni est le premier pays au monde à avoir approuvé un vaccin, celui des laboratoires Pfizer/BioNTech. Mais la France n’est pas loin, elle aussi, de lancer une campagne de vaccination. Celle-ci est prévue pour le début 2021, a indiqué le président de la République Emmanuel Macron.
 

Les gramounes seront vaccinés en priorité

Une première campagne ciblera en priorité les résidents des Ehpad et les professionnels y travaillant, les personnes âgées figurant parmi les publics les plus vulnérables au Covid-19. Une campagne "grand public" sera ensuite lancée entre avril et juin prochain.

Reste à savoir comment cette campagne sera organisée sur le plan de la logistique. Car le principal vaccin anti-Covid-19 doit être conservé à -70 degrés. Tout devrait normalement être centralisé par les hôpitaux qui disposent des équipements adéquats.

S’il n’est pas question de rendre le vaccin obligatoire, comme le répète le gouvernement, certains professionnels de santé font remarquer que les voyageurs n’auront sans doute pas le choix. L’IATA, l’Association internationale du transport aérien, pourrait imposer cette vaccination afin de relancer le trafic aérien…