Covid-19 : la détresse amplifiée des personnes isolées

Les appels de personnes psychologiquement fragiles se sont multipliés à la sortie du confinement

La Réunion enregistre en moyenne un suicide tous les quatre jours. Un drame qui touche notamment les 15-29 ans dont c'est la deuxième cause de décès. Avec la crise sanitaire, le mal-être s'est accentué. Pour vaincre leur solitude, certains ont fait la démarche de se confier à des écoutants. 

Aider les personnes en détresse pour éviter qu'ils en viennent au suicide, c'est l'objectif de S.O.S solitude. Les bénévoles proposent une écoute bienveillante. Sans grande surprise, les appels se sont multipliés sur la plateforme de l'association pendant le confinement à La Réunion. Mais le pic a surtout été atteint à la sortie de ce confinement. " Les gens ont eu peur de sortir de leur domicile. C'était protecteur pour eux de rester chez eux. Une angoisse s'est donc installée ", c'est le constat de Catherine Saminadin, présidente de l'association. 

Suicide et TS à la Réunion

Un mal-être a ainsi été révélé pendant cette période d'isolement et de solitude. Les hommes ne sont pa sen reste, " on a assisté à une libéralisation de leur parole qu'on avait pas constaté avant. Ils n'hésitent plus à prendre leur téléphone et à nous appeler et mettre des mots sur leurs émotions" précise-t-elle.

Des traumatismes sous-jacents

Cette période d'isolement a réveillé chez certaines personnes à La Réunion, d'anciens traumatismes. Les écoutants de SOS Solitude se sont aperçus que ces traumatismes souvent enfouis pouvaient remonter à l'enfance. "Les gens qui nous appellent peuvent être entourés par leur famille mais ils ne se sentent pas écoutés. Et le fait de se confier sur notre ligne quelque part ça les rassure" confie la présidente de l'association. 

Une hausse des idées suicidaires difficilement quantifiable

Pour Pascal Duvignac, superviseur de l'équipe Nord de SOS solitude, "une hausse des idées suicidaires a bien été constatée avec cette crise sanitaire mais elle est difficile à quantifier". Certains se sont retrouvés enfermés avec leur mal-être, "l'obligation de rester tous ensemble a pu créer des confrontations rigides qui ne pouvaient pas s'améliorer et conduire à des passages à l'acte" précise Marc Fillatre, le président de l'union de prévention du suicide. 

Afin de prévenir ce risque, les bénévoles écoutants utilisent des outils de repérage bien spécifique. Ils doivent assez rapidement évaluer l'urgence de la personne au bout du fil. La prévention du suicide est l'affaire de tous et fera l'objet d'un colloque en ligne ce vendredi en présence d'acteurs locaux et nationaux.