Culture : le SOS des intermittents du spectacle

Annulation des festivals, des salles vides et des théâtres fermés, en première ligne, les intermittents du spectacle. A La Réunion, ils sont 2 000 à être privés de travail. Emmanuel Macron a annoncé aujourd'hui, la prolongation de leurs droits jusqu'en août 2021.
D'ordinaire, ils nous font rire, danser, chanter. Mais aujourd'hui, ils tirent la sonnette d'alarme. Les intermittents du spectacle craignent une perte totale de leurs revenus. Spécificité française, le régime des intermittents concerne aujourd'hui, 100.000 artistes et techniciens indemnisés chaque année. Une main d’oeuvre cruciale du secteur culturel. A La Réunion, ils sont 2 000, à vivre en ce moment, avec très peu de moyens et sont au bord de l'asphyxie.
 

Menace sur le régime des intermittents 


C'est le cas de Rémi Cazal, ce jeune musicien du groupe "Grèn Semé" aurait dû être actuellement en tournée entre l'Hexagone et le Cap Vert. Mais confinement oblige, il se retrouve à travailler chez lui. Cet intermittent du spectacle comptait sur les concerts de cet été pour garder son régime. Un régime spécifique qu'il perdra si il n'effectue pas une trentaine de concerts d'ici octobre. Au vu du contexte, cela est impossible pour le musicien tamponnais. Un régime donc remis en cause et un salaire fortement amputé : " mi perd' trois fwa mon salèr, mi tomb' o RSA. Moin né na crédits. Na un pé, né na marmailles et la fin de zot statut, i arriv plus tôt pou zot, juin, juillet, août. Comment zot i fé pou paye zot loyer, donne manger marmailles ? Zot navé un niveau de vie ke i sa èt divisé par trois ! ". 
 

Nous aimeré ke les droits indemnités lé reconduits juska ke lé possib de fèr not' métier, not spectacles. Nous aimeré un fond de solidarité concerté ent' les différentes institutions pou aid' bann plus fragiles, bann précaires, sa ke i gainy dann baba !  réclame Rémi Cazal.


Laurent Pirotte a rencontré Rémi Cazal dans son studio. Son reportage :
 
 

Une prolongation des droits des intermittents jusqu'en 2021


Le ministre de la culture, Franck Riester a annoncé mardi, travailler sur un dispositif de protection pour cet été. Il ne s'est cependant pas prononcer sur l’éventualité de leur accorder l'« année blanche » réclamés par les intermittents. 

Le chef de l’Etat, quant à lui, a dévoilé ce mercredi, les premières orientations d’un « plan pour la culture ». Depuis l'Elysée, Emmanuel Macron a évoqué les destinées du monde de la culture,  éprouvé par la crise, après s'être entretenu par visioconférence avec des artistes et acteurs de cette sphère culturelle. Il s'est retroussé les manches au sens propre comme au sens figuré et a d'emblée parlé de la situation des intermittents du spectacle dont "beaucoup ne pourront pas faire leurs heures". Il a ainsi déclaré qu'il souhaitait prolonger d'un an, "jusqu’à fin août 2021" les droits de ces intermittents à l'assurance-chômage. 

"Le 11 mai beaucoup de choses pourront reprendre comme les musées, en évitant le brassage. On doit pouvoir rouvrir donc les musées, les galeries d’art, les librairies. On doit aussi pouvoir à rouvrir les théâtres pour que les gens puissent répéter en respectant les consignes. Les lieux de création doivent revivre, les artistes recréer", a-t-il poursuivi. 

Macron a également annoncé la création d'un fond d'indemnisation temporaire pour les tournages de cinéma et les série. Des tournages à l'arrêt en raison de la crise du coronavirus. Et a promis que l'Etat s'engagerait dans l'accompagnement du monde de la culture via la banque d'investissement.


" Nou attend' un plan de sauvetage "


Des mesures qui étaient très attendues par le monde de la culture locale. A l'instar de Lolita Tergemina, comédienne et metteure en scène qui déclarait hier soir, dans notre journal de 19h : " Nou attend' vraiment un plan de sauvetage pour les artistes intermittents du spectacle. Plus largement les artistes. Parce que là, nou lété su un bateau, nou lavé un bouée ke lété pa terrib et aujourd'hui, nous retouv' a nou en plein mèr et nou koné pa kel koté nou sa va. Nou la vraiment besoin d'avoir des réponses concrètes ".

Le cri d'alerte de la comédienne et metteure en scène, Lolita Tergemina, invitée du 19h
 


" l'état d'urgence culturelle " réclamé


De nombreuses personnalités du monde de la culture se sont mobilisées dès le 30 avril en publiant une tribune dans Le Monde titrée " Monsieur le Président, cet oubli de l’art et de la culture, réparez-le ! ". L'objectif : demander aux pouvoirs publics une prolongation des droits des intermittents du spectacle. " Parmi les signataires Omar Sy, Catherine Deneuve ou encore Jeanne Balibar. Des signataires qui ont décidé de poursuivre leur combat sur Twitter via le compte " culture oubliée ".

Hier, c'est la comédienne française Isabelle Adjani qui a décidé d'agir et d'interpeller le président de la République. Dans une lettre ouverte, elle lui demande de déclarer l' " état d'urgence culturelle " et incite le gouvernement à se mobiliser en faveur des intermittents.