Depuis La Réunion où elle est venue en formation pour quelques semaines, Isabelle Roy ne sait plus quoi faire. Dix jours après le passage de Chido, cette mère de famille n'en finit plus de s'inquiéter pour ses deux petites filles d’un et trois ans restées dans le Nord de Mayotte avec leur père et alors que les vols commerciaux n'ont toujours pas repris avec l'île au lagon.
Si elle a pu reprendre le contact avec eux, elle est très préoccupée par les conditions de vie de si jeunes enfants, dans une région encore relativement isolée et où l'approvisionnement en eau et en nourriture est toujours difficile.
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
"D'après la situation, c'est difficile de trouver à manger, de trouver de l'eau, de l'essence, de l'argent... C'est très difficile pour des enfants d'un et trois ans qui réclament leur maman" décrit la mère de famille rencontrée à Saint-Pierre mardi 24 décembre.
"Pour des enfants, ça ne va pas du tout"
"Il y a deux jours, j'ai eu mes enfants au téléphone, à me demander : "Maman quand est-ce qu'on prend l'avion, qu'on dort ensemble ?" Et c'est très compliqué pour une maman d'entendre ça, parce que je suis démunie devant cette situation" , confie-t-elle.
Selon le mari d'Isabelle, le marché noir s'est installé à Mayotte, le prix des conserves et de l'eau notamment ont été multipliés par cinq.
"Pour des enfants, ça ne va pas du tout", confirme le papa au téléphone. "On ne peut pas se doucher, c'est difficile. Ne pas pouvoir sortir, ne pas pouvoir manger, ne pas pouvoir s'amuser, c'est compliqué."
Pour les deux petites filles, "psychologiquement ça ne va pas, elles réclament leur maman", explique-t-il encore.
"Des pieds et des mains depuis une semaine"
Depuis dix jours, leur mère dit avoir multiplié les contacts avec le ministère, la cellule de rapatriement pour faire venir ses filles auprès d'elle à La Réunion, sans succès.
"J'ai essayé de faire des démarches avec toutes les instances, ce que j'ai comme informations, et on me dit : "Madame, il faut patienter. Madame, relancez", mais personne ne me répond", s'agace-t-elle.
"Je n'ai plus de patience. La plupart de ces gens vont passer les fêtes de fin d'année en famille, moi je ne peux pas concevoir ça. Je fais des pieds et des mains depuis une semaine pour récupérer mes enfants, mais personne ne me répond", souligne Isabelle Roy.
Si elle redoute de devoir passer le reste des fêtes loin de ses filles, elle espère encore pouvoir les mettre à l'abri à La Réunion avant de pouvoir reprendre le cours de leur vie à Mayotte, où elle s'est installée en 2020, quand la situation sera plus stable.