Branché depuis près de quatre heures sur sa machine de dialyse, Daouloungou Zacharia a le sourire. Le Mahorais de 66 ans est arrivé dans la nuit de lundi à ce mardi 17 décembre à La Réunion. Il fait partie des premiers patients ayant bénéficié d'une évacuation sanitaire depuis Mayotte, via l'un des avions militaires du pont aérien.
"Je me sens bien là, j'étais très content de venir ici pour bénéficier de ces soins", confie le sexagénaire qui a pu rassurer ses proches restés dans l'île aux Parfums. Halifa Chamsane était également volontaire pour une "evasan". "Je suis un peu soulagée parce qu'à La Réunon, on fait faire la dialyse facilement, confie-t-elle. A Mayotte, c'est très dur parce qu'il n'y a pas d'eau et il n'y a pas non plus d'électricité".
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"Les équipes dialysent jour et nuit"
Car sans eau, en effet, impossible de mener à bien les opérations de dialyse. Il n'y a d'ailleurs plus qu'un seul des trois centres de dialyse de Mayotte qui reste encore opérationnel, celui situé au CHM. "Les équipes dialysent jour et nuit depuis le passage du cyclone", indique Lisa Rivière, coordinatrice des centres de dialyse Réunion-Mayotte-Guyane.
Plus de 280 patients doivent réaliser régulièrement des dialyses à Mayotte mais les conséquences du passage du cyclone Chido se font encore pleinement sentir. "On est très inquiet car on a encore 55 personnes qui sont "non contactables" depuis jeudi", confie Jeanne Lohyer, la directrice des structures.
Des patients "épuisés"
Au total, à l'heure actuelle, quelque 24 patients souffrant d'insuffisance rénale ont pu être évacués et pris en charge au centre de dialyse de Saint-Clotilde et une cinquantaine d'autres sont encore attendus ce mardi à La Réunion.
La nuit dernière, le personnel a dû prolonger son service jusqu'à 2 heures du matin pour les accueillir en augmentant le rythme des dialyses. "Les patients qui sont arrivés hier soir étaient en situation à risque parce qu'ils n'avaient pas dialysé depuis cinq jours, explique Christophe Prost, infirmier. Hier, on était inquiet avant leur arrivée, mais les séances se sont bien déroulées. On ressent surtout de la fatigue et de l'épuisement chez ces patients".
Rappatrier le plus grand nombre de patients
Des renforts ont été mobilisés avec, ce mardi, 13 infirmiers et 7 aides-soignants. Pour faire face à cette surcharge, une cellule de crise a été mise en place. Il s'agit d'éviter que le service ne se retrouve sous tension. L'urgence reste de rappatrier le plus grand nombre de patients mahorais.
La Réunion doit d'ailleurs augmenter d'une centaine de places ses capacités de dialyse. Infirmière en mission à Mayotte, lors du passage de Chido, Angelina Pineau participe elle aussi à la cellule de crise.
Elle explique que sur place, les équipes avaient anticipé une partie des dialyses à réaliser les jours précédant l'arrivée du cyclone. Les yeux encore rougis, elle reste marquée par ce qu'elle a vécu sans toutefois lâcher ses collègues qu'elle a donc pu rejoindre ici à La Réunion.