Lundi soir le 8 janvier 2024, Elisabeth Borne, Première ministre, a remis la démission de son gouvernement au président de la République Emmanuel Macron. Celui-ci a salué le travail "exemplaire" au "service de la nation" de celle qui avait été nommée en juillet 2019.
Le nouveau gouvernement, dont le nouveau Premier ministre, doit être annoncé ce mardi 9 janvier dans la matinée.
Le député Philippe Naillet ne se fait "pas d'illusion"
En attendant, la démission d'Elisabeth Borne n'a pas laissé les élus réunionnais de marbre, d'autant qu'il annonce l'arrivée de nouveaux membres au sein du gouvernement.
Qui seront les nouveaux ministres ? Le député socialiste de la 1ère circonscription, Philippe Naillet, n'est pas très optimiste quant au choix des nouveaux ministres.
"Moi je ne me fais pas beaucoup d'illusion : un autre Premier ministre va arriver, et Macron comme d'habitude va décider depuis l'Elysée. Ce sera toujours la même politique menée, comme elle est menée depuis le premier quinquennat", lâche-t-il ce mardi, citant la loi sur la réforme des retraites et le projet de loi immigration, toutes deux passées en force magré une opposition évidente.
"Ca va être une politique de droite, une politique libérale, avec de nouveaux acteurs, mais le film lui ne changera pas".
Philippe Naillet, député de la 1ère circonscription
Un "jeu de chaises musicales" pour le député Frédéric Maillot
Frédéric Maillot, député Nupes de la 6ème circonscription, estime lui aussi que peu importe le Premier ministre, c'est la méthode du gouvernement qui doit changer.
"Si nous joue à la chaise musicale et nou pousse un pou remplace par un autre, mais le fond et la méthode restent les mêmes, personne n'aura gagné"
Frédéric Maillot, député de la 6ème circonscription
"Si nou quitte une ministre que nena le record de 49.3 sur un lapse de temps très court, et nou remplace par Gabriel Attal, c'est quoi la méthode ?" s'interroge Frédéric Maillot, qui souhaite pouvoir faire son rôle de député et "voter et amener la représentation nationale", à l'inverse de ce qui s'est passé sur la réforme des retraites.
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Le sénateur Stéphane Fouassin salue une "femme qui a mené de grandes réformes"
Pour Stéphane Fouassin, sénateur de La Réunion, avec la démission de la Première ministre, "on a perdu une femme d'Etat, une femme qui a mené de grandes réformes, celle des retraites, celle de la loi immigration". "On l'a décrit comme la grande faiseuse des 49.3, mais elle s'est battue pour que son gouvernement puisse faire passer ses lois", dit-il, n'hésitant pas à comparer Elisabeth Borne à l'ex-Première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher.
"C'est toujours choquant qu'un président demande la démission d'un Premier ministre, d'autant qu'elle n'a pas fauté, mais je pense que ça fait partie d'un nouveau cycle. (...) En remaniant ainsi son gouvernement, il va proposer peut-être d'autres actions, et on aura une autre vision de la politique gouvernementale, je l'espère en tout cas"
Stéphane Fouassin, sénateur de La Réunion
En mai dernier, l'ancien maire de Salazie, "pas macroniste mais apparenté pour essayer de faire avancer les sujets de La Réunion", avait pu accueillir Elisabeth Borne dans sa commune, lors de sa visite à La Réunion. "Ca a été une rencontre très importante pour moi juste avant la fin de mon mandat, elle nous a vraiment écoutés, pour qu'on puisse avancer sur cette fameuse route de Salazie", se rappelle-t-il.
Regarder la réaction de Stéphane Fouassin et de quelques Réunionnais interrogés ce lundi :
"On va voir maintenant qui sera l'heureux ou l'heureuse élue à ce poste", s'exprime Stéphane Fouassin, évoquant le nom de Gabriel Attal, pressenti pour succéder à Elisabeth Borne. Un Gabriel Attal "un peu jeune", concède-t-il, "mais de bonne volonté, qui connaît parfaitement La Réunion", et qui augure "un avenir prometteur pour La Réunion".
Perceval Gaillard appelle à une dissolution de l'Assemblée nationale
Perceval Gaillard lui, retient de la politique d'Elisabeth Borne "sa sale besogne", entre réforme des retraites, projet de loi immigration, "49.3 en pagaille".
"Quel que soit celui ou celle qui lui succèdera ça sera la même politique antisociale et anti-écologique qui sera menée. La même politique autoritaire sans majorité à l'Assemblée nationale".
Perceval Gaillard, député de la 7ème circonscription
Perceval Gaillard appelle désormais à la dissolution de l'Assemblée nationale, ou, au pire, à la soumission du nouveau gouvernement à un vote de confiance de l'Assemblée "comme dans toutes les démocraties du monde". "Sans cela la crise politique s'amplifiera et le pays deviendra chaque jour un peu plus ingouvernable", juge le député Nupes.
L'Assemblée nationale "fonctionne", selon Yaël Braun-Pivet
Ce remaniement intervient dans le contexte de la visite de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à La Réunion. Lors de sa matinée dédiée au patrimoine réunionnais, elle a pris quelques minutes pour commenter une éventuelle dissolution de l'institution qu'elle préside. "C'est au président de décider (...), c'est son entière prérogative, comme celle de nommer un Premier ministre", précise-t-elle.
"On voit qu'Elisabeth Borne a réussi à trouver de larges majorités sur la plupart des textes pour qu'ils puissent être votés et appliqués dans l'intérêt de nos compatriotes. Aujourd'hui, je vois une Assemblée nationale au travail et qui fonctionne, et je suis convaincue qu'avec le nouveau gouvernement, elle continuera à travailler aussi bien que possible et dans l'intérêt des Français"
Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale
Ecoutez la réaction de Yaël Braun-Pivet sur Réunion La 1ère :
Une démission forcée, selon la députée Karine Lebon
Karine Lebon, députée de la 2ème circonscription, rejoint Perceval Gaillard sur l'idée d'une éventuelle dissolution de l'Assemblée nationale. "Pourquoi pas ? Parce que c'est difficile de composer avec une Assemblée qui n'a pas de majorité absolue. Mais je pense que par le dialogue on peut trouver certains terrains d'entente. Mais certainement pas avec ce qu'il s'est passé sur la loi immigration, qui est une hérésie", explique-t-elle.
La députée voit dans la démission d'Elisabeth Borne une démission forcée : "C'est une décision du président de la République qui avait suffisamment utilisé son fusible et l'a fait sauter".
"Si c'est Gabriel Attal, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. J'ai vraiment peur qu'on change simplement le casting mais pas le scénario"
Karine Lebon, députée de la 2ème circonscription
Enfin, le président du conseil départemental, Cyrille Melchior, salue "le travail d’Elisabeth Borne à la tête du précédent gouvernement, dont l’engagement a été marqué par un déplacement officiel à La Réunion en mai dernier, visite durant laquelle elle a pu faire quelques annonces majeures concernant le soutien à l’agriculture et au projet MEREN, la lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que l’accompagnement financier de l’Etat pour la construction de 5 nouveaux EHPAD".