Le préfet Jérôme Filippini avait annoncé leur tenue lors de la visite la ministre chargée de l'égalité femmes-hommes, Isabelle Lonvis-Rome, début avril dernier : les Assises contre les violences faites aux femmes ont lieu ce mercredi 31 mai au MoCA.
Regardez les précisions de Réunion La 1ère :
En 2016, ce sont des Etats généraux qui avaient été organisés pour réunir différents acteurs autour de cette problématique bien présente à La Réunion. Aujourd'hui, il s'agit de réunir les acteurs institutionnels et associatifs pour faire le point, mais surtout émettre des propositions pour améliorer la lutte.
Neuf plaintes par jour
Car sur l'île, chaque jour, 9 femmes en moyenne entrent dans un commissariat ou une brigade pour dénoncer des faits de violences conjugales. Sur les 11 208 victimes de violences en 2022, la moitié concerne des faits de violences intrafamiliales. Dans 7 cas sur 10, il s'agit de violences conjugales, frappant très majoritairement les femmes.
Alors lors de cette journée d'Assises, collectivités, associations, acteurs institutionnels, ont confronté leurs idées lors d'une table-ronde sur "Les racines des violences intrafamiliales à La Réunion", avant d'émettre des préconisations dans l'après-midi. Des préconisations qui devront compléter les mesures déjà existantes comme le dispositif de pré-plainte déployé dans les hôpitaux, le téléphone grave danger ou le bracelet anti-rapprochement.
Bientôt un bouton d'urgence connecté
Huguette Bello, présidente de Région mais également présidente de l'Union des Femmes Réunionnaises (UFR) avance pour sa part que depuis 2016 le nombre d'assistantes sociales a été multiplié par 4. Mais c'est encore insuffisant, juge la collectivité régionale, espérant davantage de moyens, et citant en exemple le budget consacré à ce fléau en Espagne, qui est dix fois supérieur à celui de la France.
Parmi les solutions concrètes proposées ce mercredi par les associations, un dispositif déjà expérimenté dans le Val d'Oise, et dont la Région Réunion souhaite subventionner le déploiement sur l'île. Il s'agit de "Monshérif", un bouton d'alerte connecté, dissimulable d'un conjoint violent au creux d'un bijou par exemple, qui déclenche un appel téléphonique vers des contacts d'urgence pré-enregistrés et leur envoie la localisation et le nom de la victime.
Davantage de fonds nécessaires
Autre proposition qui émerge de ces Assises, la multiplication des logements pour les victimes et les auteurs de violences. "Une fois l'urgence passée, il faut que les victimes puisse se reloger durablement et convenablement", estime Cathy Pomart directrice du centre de recherche juridique.
Mais pour cela, il faut des moyens supplémentaires, pour les logements comme pour l'accompagnement des victimes, pour les actions de prévention dans les milieux scolaires, pour aller vers les personnes à travers les caravanes d'accès au droit...
Des dispositifs sous-exploités
Quant à la procureure générale de la cour d'appel, Fabienne Atzori, elle estime que certains outils déjà existants sont sous-exploités. "Sur l’ordonnance de protection, nous sommes sur des chiffres relativement faibles, en termes de demandes et d’octroi. Il faut vraiment faire un travail d’information pour expliquer en quoi ça consiste, ce que ça peut régler comme difficultés, dont l’attribution d’un logement, la garde de l’enfant...", souligne-t-elle.
Les derniers chiffres sont en effet faibles : 25 ordonnances de protection ont été accordées cette année dans le Sud, et 17 dans le Nord. Le "téléphone grave danger" lui, n'est pas non plus très exploité, avec en 2022, 55 utilisations répertoriées. Il en va de même pour le bracelet anti-rapprochement, avec seulement 26 recours l'an passé.