Le 7 mars dernier, le ministère d'Isabelle Lonvis-Rome présentait son plan national Egalité entre les femmes et les hommes 2023-2027. Profitant de son passage à La Réunion, la ministre a évoqué les grands axes de ce plan lors d'une réunion publique à la préfecture, ce samedi 1er avril.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Ce plan interministériel s'articule autour de quatre axes : la lutte contre les violences faites aux femmes, leur santé, l'égalité professionnelle et économique, et enfin la culture de l'égalité, soit au total une centaine de mesures que le gouvernement promet d'appliquer dans les prochaines années.
Des Assises régionales en mai
Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, la ministre a déjà évoqué quelques mesures vendredi, notamment le "Pack Nouveau Départ" qui sera expérimenté à La Réunion, à destination des femmes en situation de danger. Elle a également annoncé la création prochaine de deux Maisons de la Femme sur le département, ainsi que l'augmentation des places d'hébergement d'urgence. Neuf femmes par jour déposent plainte chaque jour à La Réunion.
Toujours au sujet des violences faites aux femmes et des violences intra-familiales, le préfet de La Réunion Jérôme Filippini a pour sa part annoncé la tenue d'Assises le 31 mai prochain au MOCA. Les dernières remontent à 2016.
Du créole au 3919
Autre annonce importante, celle de l'adaptation de la plateforme téléphonique d'écoute et de conseil 3919, pour accompagner les victimes en créole. La ministre Isabelle Lonvis-Rome était fière d'annoncer ce samedi que, "oui, il y aura une écoutante en langue créole" au 3919, soit par le biais d'une traductrice, soit en organisant une permanence en relais assurée par les associations à La Réunion.
Il y a quelques semaines, l'association Femmes Solid'Air et le CEVIF étaient montés au créneau afin de réclamer un 3919 local. En effet, les femmes contactant la plateforme basée à Paris rencontrent des problèmes de communication lorsque l'échange se fait en créole, et ne peuvent être accompagnées de façon adéquate.
Précarité menstruelle : "nous avons levé un tabou"
Parmi les mesures autour de la santé des femmes, la ministre cite la lutte contre la précarité menstruelle, avec le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes jusqu'à 25 ans. "Nous avons levé un tabou, il y a encore quelques années on ne parlait pas des règles, les femmes se cachaient", dit Isabelle Lonvis-Rome. "Nous allons aussi doubler le budget dédié à la précarité menstruelle aux associations qui luttent aux côtés des femmes précaires", annonce-t-elle. On peut également citer la suppression du délai de carence en cas d'arrêt maladie suite à une fausse couche.
Pourtant, de l'avis de certaines associations qui assistaient à la réunion publique de ce samedi, il faudrait encore en faire plus sur la thématique de la précarité menstruelle. "Les règles ne s'arrêtent pas à 25 ans. Avec l'inflation, je connais des femmes dans la précarité qui ne peuvent pas acheter de protections et lé obligé mett' coton", dénonce Jeanne Docteur, de l'association de lutte contre les violences intrafamiliales Garde l'espoir.
Une plateforme de mentorat en ligne pour les entrepreneures
Le pilier de l'égalité professionnelle et économique se matérialisera entre autres par un soutien aux femmes qui entreprennent, car "c'est aussi un symbole de liberté", soutient la ministre.
"Quand on décide de s'installer à son compte, c'est qu'on a envie d'innover, de créer, nous devons les encourager et les accompagner dans la création d'entreprise et dans les premières années de la création. C'est pourquoi nous mettons en place une plateforme de mentorat en ligne pendant un an ou deux, gratuitement, pour les femmes qui créent leur entreprise".
Isabelle Lonvis-Rome, ministre chargée de l'égalité femmes-hommes
"On est toujours à la traîne"
Parmi les nombreuses mesures du plan, la définition d'un quota d'ici 2027, fixant à 30% la proportion de femmes cadres dirigeantes dans les entreprises de plus de 1 000 salariés.
"Il faut continuer, c'est un combat, ça ne sera jamais fini. Nous les femmes, tous les matins on se réveille et on prend son bâton de pèlerin", commente quant à elle Frédérique Grondin, elle aussi membre de l'association "Garde l'espoir", et élue déléguée à la femme à La Possession. Et les mesures de soutien économique sont plus que nécessaires, considère-t-elle. "On est toujours à la traîne. Les femmes la plupart du temps n'ont pas de sous, c'est l'homme qui rapporte l'argent à la maison, surtout dans certains milieux sociaux un peu défavorisés. C'est une autre violence", achève-t-elle.
Des femmes entrepreneures témoignent des préjugés subis au quotidien dans leur vie professionnelle :
L'éducation, axe crucial
Enfin, concernant le quatrième axe, il souhaite agir pour davantage de mixité dans les filières d'avenir, ou encore miser sur la diffusion d'une culture de l'égalité à l'école, autour de l'école, et à l'extérieur de l'école. Elle se manifeste par exemple par l'attribution de labels à des établissements organisant des actions en faveur de l'égalité, comme le lycée Vue Belle, visité par Isabelle Rome vendredi.
Pour Jacqueline Pajaniandy, directrice générale de l'Association de protection de l'enfance et de la jeunesse, qui participait à cette réunion publique, la question de l'égalité est essentielle dans l'éducation des enfants. "Faut nou arret considère nos garçons comme des ti coq et nos filles comme des tites reines. Il faut éduquer les jeunes de la même manière, que ce soit garçon ou fille et transformer notre société trop violente, et peut-être un peu trop permissive. Tout ça passe par l'éducation. Partout où on parle d'éducation, partout il y a des choses à faire", réagit-elle au plan proposé.
À la rencontre des agricultrices
Pour achever sa visite ministérielle, Isabelle Lonvis-Rome s'est enfin rendue du côté de Sainte-Suzanne, afin d'échanger sur la thématique de l'égalité professionnelle avec des femmes agricultrices.
Les agricultrices ont abordé face à la ministre des sujets tels que l'ergonomie dans un travail où les machines sont davantage faites pour les hommes, et où on transporte de lourdes charges au quotidien. Sans oublier l'épineuse question des retraites, peu élevées pour des agricultrices, surtout lorsqu'elles ont eu des carrières hachées.
Le reportage de Réunion La 1ère à Sainte-Suzanne :