Devenus symbole du mal-logement à La Réunion, ils étaient surnommés "les immeubles de la honte". En 2019, les logements sociaux de la cité Herbert Spencer au Port ont été détruits et la cité rasée. Aujourd’hui, au Port, sur un terrain vague, des conteneurs de la Semader abritent des tonnes de matériaux de récupération issus de la destruction des immeubles.
300 vieilles portes à peindre
Trente tonnes de matériaux y sont ainsi stockés, dont 300 vieilles portes qui ont donné une idée à Elodie Collonge, fondatrice de l’association ITAC, Innovation pour un Travail Artisanal Collaboratif. Elle a décidé de les mettre à disposition des artistes de l’île. "Nous voulons faire du beau à partir du vieux, travailler sur une histoire, explique Elodie Collonge. Désormais, on ne jettera plus rien, on ne fera que transformer et embellir les choses".
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
L’art et le réemploi
Ce discours sur le réemploi et l’écologie, Elodie Collonge lui donne du sens au travers les arts et le lien social. Elle fabrique actuellement l'exposition "(Dé) Peindre, un autre regard sur les déchets".
Mardi 21 septembre, elle a remis cinq portes à l’artiste peintre, Delphine Simonet. "Je trouve qu’il y a une grande symbolique dans la porte, remarque Delphine Simonet. Il y a l’idée de la transformation, du passage, de la poursuite, c’est très intéressant. Contrairement au mur qui est fixe et qui sera voué à la destruction, la porte reste. Elle est mobile et fait partie des éléments du bâtiment qu’on peut réutiliser".
Une démarche artistique originale
Avant d’être peintre, Delphine Simonet était styliste. Elle a aussi fabriqué des lampes, des sculptures et différents objets. "Le réemploi m’a toujours intéressé", souligne Delphine qui fait partie des huit artistes qui ont répondu au projet de l’association ITAC. Elle a déjà réalisé sur ces portes, un "triptyque aux Pélicans". Il est conservé dans l’atelier de l’association ITAC, Innovation pour un Travail Artisanal Collaboratif.
Le grapheur Eko participe également au projet. "Le fait d’avoir des portes récupérées, de pouvoir peindre sur une matière solide et un support quasiment aussi grand que moi, d’un point de vue artistique ça m’a plu, explique le grapheur Eko. La démarche est géniale".
"Que tous les artistes de l’île fassent leur porte"
Elodie Collonge, fondatrice de l’association ITAC, espère "que tous les artistes de l’île feront leur porte". Elodie Collonge a encore plein d’autres idées autour de ces portes des logements sociaux de l’ancienne cité Herbert Spencer. Elle voudrait notamment "sensibiliser les lycéens à l’écologie". Des projets pour tenter d’ouvrir les portes d’un monde plus durable.