La campagne électorale touche à sa fin. Ce dimanche 9 juin se dérouleront les élections européennes à La Réunion, dans l’hexagone et dans plusieurs autres pays de l’Union européenne.
Si l’Europe possède une influence forte sur les pays et leurs citoyens, pour ces derniers, elle semble pourtant bien éloignée de leurs préoccupations quotidiennes. La participation à ce scrutin est toujours très basse.
Record d’abstention à La Réunion notamment
Les appels à voter se multiplient à l’approche du vote, particulièrement parce que les tendances au national donne un niveau d’abstention assez proche du niveau de 2019.
Lors des dernières élections européennes, près de la moitié des électeurs ne s’étaient pas rendus aux urnes, rappelle Philippe Fabing, directeur d’études à l’Institut SAGIS, invité de la matinale de Réunion la 1ère. A La Réunion, 70% des électeurs ne s’étaient pas déplacés, c’est dire à quel point le scrutin avait eu du mal à intéresser les Réunionnais, souligne-t-il.
Globalement, ce sont des élections qui sont extrêmement importantes, mais elles passionnent beaucoup plus les états-majors politiques, pour pleins de raisons différentes et d’ailleurs certaines de ces raisons ne concernent pas du tout l’Union européenne, que les citoyens.
Philippe Fabing, directeur d’études à l’Institut SAGIS
Un scrutin à un seul tour
" L’Europe, c’est loin à tout point de vue ", ajoute-t-il. Loin géographiquement, loin des citoyens, notamment du fait des mécanismes institutionnels, donc mal-connue dans son fonctionnement, mais les élections européennes le sont aussi.
A la différence de nombreuses autres élections, les Européennes sont des élections proportionnelles à un seul tour. En conséquence, explique Philippe Fabing, " la majorité qui va se dégager au Parlement européen, ça va être le résultat des votes de citoyens de l’ensemble de l’Union européenne, en une seule fois et dans chaque pays, la liste qui aura obtenu 20% des voix elle enverra 20% des députés européens de son pays au Parlement ".
Un équilibre politique qui devrait se maintenir
Les équilibres politiques au Parlement sont déjà connus, " on sait déjà que les deux groupes principaux devraient rester les deux actuels, à savoir le PPE groupe des droites européennes et le groupe des Sociaux-Démocrates ", analyse-t-il.
Ensuite, reste à voir comment les poussés d’extrême droite peuvent avoir une influence, mais qui devrait rester modérée sur les équilibres de pouvoir du Parlement européen lui-même, problématise Philippe Fabing.
L’Union européenne finance 40% des investissements de La Réunion
Si on ne voit pas l’Union européenne avoir une influence sur sa vie quotidienne, sur le prix du gaz, le prix de l’eau, elle donne pourtant à La Réunion 2 milliards d’euros entre 2021 et 2027, indique Philippe Fabing.
Il précise que de toutes les régions d’Europe, La Réunion fait partie de celles qui reçoivent le plus de l’Union européenne, dont le plan de développement régional prend en compte le niveau de vie des habitants par rapport à la moyenne de l’Europe.
Ces 2 milliards d’euros représentent 40%, donc près de la moitié, de tous les budgets d’investissement de la Région et du Département pendant ces 7 années.
La France, "contributeur net" de l’UE
La France fait partie des "contributeurs nets" de l’UE, c’est-à-dire ceux qui donnent plus qu’ils ne reçoivent, explique Philippe Fabing. Cela coûte à la France, par an, 6 milliards d’euros sur la période de 2014-2020, le budget de l’Etat français, c’est 450 milliards d’euros, donc le coût de l’Europe pour la France représente 1,3% du budget de l’Etat, note le directeur des études de l’Institut SAGIS.
Si on prend la totalité des dépenses publiques en France, Etat + collectivités + Sécurité sociale, par an, on est à peu près à 1 600 milliards d’euros, c’est-à-dire que ça représente moins de 0,5% des dépenses publiques en France.
Philippe Fabing, directeur d’études à l’Institut SAGIS
Le budget total de l’Union européenne pour les 27 pays, ce n’est même pas 2/3 du budget de la France, détaille-t-il. L’UE a surtout beaucoup d’influence réglementaire, souligne Philippe Fabing.