En pleine campagne électorale, les autorités mauriciennes décrètent le black-out sur les réseaux sociaux

Les Mauriciens se sont réveillés ce matin avec l'interdiction d'accéder à la plupart des réseaux sociaux, ordonnée ce jeudi 31 octobre par l'autorité de régulation des télécoms. Une mesure qui intervient alors que la campagne pour les élections législatives du 10 novembre bat son plein.

Les Mauriciens privés de réseaux sociaux ? C'est ce qui se profile depuis ce vendredi 1er novembre, alors que l'Independant information and technologies authority (ICTA), l'autorité de régulation des télécoms à Maurice, a demandé aux principaux opérateurs internet du pays de suspendre l'accès aux réseaux sociaux. 


Une mesure applicable jusqu'au 11 novembre prochain, soit au lendemain des élections législatives au cours desquelles le camp du Premier ministre sortant Pravind Jugnauth (MSM) joue son avenir.

1 002 857 électeurs mauriciens seront appelés aux urnes le 10 novembre 2024 pour les législatives anticipées.

En cause, la diffusion ces dernières semaines sur les réseaux sociaux de bandes sonores mettant en scène "des personnes proches du pouvoir", dont l'une pourrait être le Premier ministre lui-même.

"Une décision qui choque tout le monde"

"C'est une décision qui choque tout le monde, parce que nous sommes en pleine campagne électorale. Ça choque parce que Maurice est un pays connecté, où pratiquement tout en termes d'échanges et de communication se fait via les réseaux sociaux, et aussi parce que la campagne électorale se fait par les réseaux sociaux" observe Jean-Luc Mootoossamy, journaliste mauricien et directeur du cabinet Média Expertise interrogé par Réunion La 1ere.

Regardez l'intervention de Jean-Luc Mootoossamy au JT de 12h30 de Réunion La 1ere : 

ITV Jean-Luc Moutoussamy Maurice ©Réunion la 1ère

"Ce n'est que le 11 novembre que les Mauriciens pourront de nouveau accéder à Youtube, Facebook ou Instagram. Et pas seulement les Mauriciens, mais aussi les touristes, les businessmen de passage et qui n'ont pas de VPN, c’est-à-dire une connexion hors du réseau local", précise cet expert des médias mauriciens. 

"On parle de la liberté d'expression, tout simplement de la liberté des Mauriciens"

Jean-Luc Mootoossamy, journaliste mauricien


Selon le journaliste, l'autorité de régulation se borne à invoquer une "menace pour la sécurité nationale, une explication parmi d'autres, sans donner plus de détails." Aussi, plusieurs partis d'opposition auraient d'ores et déjà saisi la justice afin de contester cette mesure que certains médias locaux qualifient déjà de "censure", à l'image du grand quotidien mauricien L'Express.

Un million d'électeurs appelés aux urnes

"On parle de la liberté d'expression, tout simplement de la liberté des Mauriciens", reprend l'expert. 
"L'île Soeur doit ressentir ce qu'il se passe chez nous. Maurice a été un espace de démocratie et de liberté pendant longtemps" rappelle Jean-Luc Mootoossamy. "Nous comptons sur la solidarité de ceux qui nous entendront et seront sensibles à ce que nous vivons aujourd'hui", conclut-il. 

Le 10 novembre prochain, plus d'un million d'électeurs mauriciens devront se rendre aux urnes à l'occasion d'élections législatives anticipées, après la dissolution du gouvernement. Le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, est candidat à sa propre succession.