En soutien aux planteurs, la Chambre d’agriculture démissionne à son tour du Centre technique de la canne

Frédéric Vienne le président de la chambre d'agriculture
Après la FDSE, les JA et l’UPNA, c’est au tour de la Chambre d’agriculture de démissionner du CTICS. La Chambre verte estime que la structure adopte des décisions de manière unilatérale, et décide d’en démissionner pour manifester son soutien aux planteurs.

La tension monte encore d’un cran. Après le débrayage mardi dernier des salariés du Centre Technique Interprofessionnel de Canne et du Sucre, c’est au tour des syndicats et de la Chambre d’agriculture de démissionner de la structure.

Ce jeudi 27 octobre, le président de la Chambre d’agriculture de La Réunion a en effet annoncé la démission de son représentant du personnel technique, du Conseil d’administration du CTICS. La décision intervient en soutien des planteurs, déclare la Chambre verte.

JA, FDSEA et UPNA démissionnent du CTICS

Hier, mercredi 26 octobre, les Jeunes Agriculteurs, la FDSEA et l’UPNA démissionnaient de la structure. La veille, le personnel du CTICS avaient débrayé pour dénoncer " les pressions incessantes et les injures " qui seraient proférés à leur encontre par " certains planteurs ", suite au nouveau protocole d’échantillonnage.

Les salariés du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre sont chargés de l'échantillonnage des cannes à l'arrivée des remorques sur les plateformes de réception.

Un protocole d’échantillonnage rejeté par les trois syndicats, qui dénoncent un " passage en force " de l’usinier, dans la foulée de la signature de la Convention canne en juillet dernier

 

Autre point de crispation : l’aide complémentaire versée par l’Etat

Outre le protocole d’échantillonnage, les syndicats de planteurs dénoncent un autre point. D’après les trois syndicats, les modalités de paiement de l’aide complémentaire de 14 millions d’euros versée par l’Etat va évoluer. D’une aide au tonnage, elle deviendrait une aide surfacique par hectare, après décision de l’Europe. La Convention canne prévoyait pourtant une aide à la tonne.

Cette modification " remet en cause toutes les décisions prises ", selon les JA, en trainant " des répercussions désastreuses pour les petites exploitations ".

 

Dialogue rompu au sein du CTICS

Pour la Chambre d’agriculture de La Réunion, les méthodes employées par le CTICS sont "inadmissibles". Elle dénonce un " fonctionnement dicté par les représentants de l’industrie sucrière au mépris de la neutralité qu’est censé représenter le CTICS ".

En soutien " aux planteurs ainsi qu’aux syndicats dont les représentants se sont retirés de cet organisme, qui adopte des décisions de manière unilatérale ", la chambre verte démissionne donc du Conseil d’administration du CTICS.

La Chambre d'agriculture lance un appel aux services de l'Etat

Son président, Frédéric Vienne, interpelle les autorités compétentes sur le fonctionnement du CTICS. Il demande aux services de l’Etat des solutions pérennes pour la mise en place d’échanges fructueux et partagés en matière technique.

En juillet dernier, la campagne sucrière avait démarré avec trois semaines de retard, après qu’industriels et planteurs s’étaient opposés sur l’adoption de la Convention canne.

Le président du CTICS répond

La réponse du président du CTICS, Florent Thibault, également directeur agricole chez Tereos, n’a pas tardé.

" Le CTICS n’est pas l’organisme dans lequel doivent s’exprimer des positionnements de politique syndicale ", écrit-il dans un communiqué. Florent Thibault précise que " sur les 6 représentants planteurs, seuls deux ont officiellement adressé un courrier de démission et un a annoncé son intention de le faire ".

Il apporte aussi cette autre précision : " par ailleurs, la Chambre d’agriculture, qui a annoncé sa démission, n’a jamais été membre du CTICS ".

Florent Thibault explique que le CTICS est " un organisme "technique" dont la mission principale consiste à mesurer la richesse en sucre des chargements de canne ". Il indique qu’  " il y a actuellement 3 sujets en discussion : le protocole d’échantillonnage, le plan de modernisation des outils et la préservation de l’équilibre financier du CTICS menacé par l’érosion des tonnages ".

Le président du CTICS affirme que l’organisme " continue de fonctionner à 15 membres, deux étant démissionnaires ". " Il appartient désormais à l’Etat de procéder au renouvellement des membres sortants ", ajoute-t-il.

Concernant les aides de l’Etat, Florent Thibault écrit :

" Il convient de rappeler que le CTICS doit voter en fin d’année le bordereau de fin de campagne. Ce document est nécessaire au paiement des planteurs. Il est également le document de référence pour le versement des aides de l’Etat. "