Evasan, renforts : le directeur du CHU de La Réunion demande des solutions pour ne pas avoir à sélectionner les patients

Le CHU de La Réunion.
La tension sur le CHU de La Réunion est extrême, alors que la situation épidémique est inquiétante. Le directeur du CHU envisage des évacuations sanitaires vers la métropole ou Mayotte. Il demande des renforts de personnels. L’objectif : ne pas avoir à sélectionner les patients à soigner.

Ces derniers jours, il n’y avait qu’un à deux lits de réanimation de libre au CHU de La Réunion. Le Centre Hospitalier Universitaire est sous extrême tension, alors que la situation sanitaire n’a jamais été aussi dégradée dans l’île. Le taux d’incidence atteint 311,9 cas pour 100 000 habitants, selon Santé Publique France.

Renforts de lits et de personnels

"Nous sommes au maximum de nos capacités avec 103 lits de réanimation au prix d’une déprogrammation de soins opératoires, explique Lionel Calenge, le directeur du CHU, sur Réunion La 1ère. Le Centre Hospitalier Universitaire fonctionne au deux tiers de ses capacités opératoires. De plus, les équipes sont épuisées, l’absentéisme du personnel augmente, et les renforts nationaux arrivent au compte-goutte".

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Interview de Lionel Calenge, directeur du CHU

 

Vers des évacuations sanitaires ?

Le CHU était déjà sous tension avec 200 contaminations par jour, et la semaine dernière il y a eu 450 contaminations par jour en moyenne.

"L’hôpital va être encore plus sollicité, d’où la sonnette d’alarme que nous tirons, poursuit Lionel Calenge. Nous devons obtenir des renforts. Le CHOR a ouvert des lits de médecine Covid, le privé étudie la possibilité d’ouvrir des lits de réanimation supplémentaires, et l’hypothèse d’évacuations sanitaires vers Mayotte ou la Métropole est à nouveau envisagée". Actuellement, la situation est beaucoup moins tendue au centre hospitalier de Mayotte où une dizaine de lits est disponible.

"Ne pas avoir à sélectionner les patients"

Le directeur du CHU s’inquiète de l’accès aux soins.

Les urgences et la cancérologie sont assurés, mais si on devait déprogrammer davantage d’activités, nous craignons de devoir sélectionner certains profils de patients plus que d’autres.

Lionel Calenge, directeur du CHU

 

Même inquiétude du côté des soignants comme Jean-Marc Vélia, secrétaire de la CFDT Santé au CHU, et soignant depuis 34 ans : "des blocs opératoires sont fermés et nous craignons de devoir choisir qui nous allons soigner".

Du personnel épuisé

"On a focalisé sur la vaccination des 8 000 hospitaliers, mais si les gens ne prennent pas conscience du réel effort qu’il faut faire à l’extérieur ça ne suffira pas, assure-t-il. Le respect des gestes barrières, arrêter les fêtes de familles.

Nous serons très vite débordés au niveau de la capacité de prise en charge de la population si les gens ne prennent pas conscience de l’importance de maintenir les gestes barrières.

Jean-Marc Vélia, soignant au CHU

 

Jean-Marc Vélia, secrétaire de la CFDT Santé au CHU, confirme aussi l’épuisement de ses collègues. "Les soignants sont investis avec peu de moyens, depuis un an et demi sur cette crise, rappelle-t-il. Nous sommes en juillet – août, des personnels sont en vacances, d’autres suppriment leurs vacances, alors qu’ils sont dans un grand état de fatigue".

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Interview Jean-Marc Vélia, soignant et syndicaliste au CHU

 

Des patients en réanimation jeunes et non vaccinés

Pour la communauté médicale, le confinement serait une mesure forte et nécessaire pour freiner l’épidémie.

Le directeur du CHU encourage aussi les Réunionnais à se faire vacciner. "Le vaccin protège à 95% des formes graves du Covid", assure Lionel Calenge qui précise que "tous les patients actuellement en réanimation ne sont pas vaccinés". Il remarque aussi qu’il y a "de plus en plus de patients jeunes en réanimation, avec ou sans comorbidités", dit-il.

Regardez les précisions de Réunion La 1ère :

Covid-19 : le CHU de La Réunion est sous extrême tension. Reportage.