Le dernier tour de vis du préfet passe difficilement chez les acteurs du monde économique et culturel de La Réunion. L’annonce de la fermeture des bars et restaurants, mais aussi des salles culturelles et de sport, pour enrayer l’épidémie, a sonné hier comme un coup de massue.
Bien qu’elle était attendue, la décision prise par le préfet Jacques Billant de fermer l’ensemble des bars et restaurants de l’île à partir du mardi 6 avril, ébranle fortement les professionnels du secteur.
"Une fermeture serait catastrophique", lançait d’ailleurs Patrick Serveaux, vendredi, à quelques heures de la conférence de presse du préfet. Le président de l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (Umih) n’a ainsi pas caché son désarroi lorsque le couperet est finalement tombé.
Une décision "pas adaptée à la situation"
"Nous sommes abattus parce que ça fait des mois que nous apportons notre pierre pour faire en sorte que l’épidémie ne se propage pas à La Réunion : nous avons formé notre personnel et nous avons investi dans du matériel". Pour Patrick Serveaux, cette mesure de fermeture "n’est absolument pas adaptée à la situation".
Les restaurants ne pourront désormais fonctionner qu'en mode "à emporter" ou en "livraison". Mais les professionnels du secteur expliquent que la plupart d'entre eux ne pourront pas s'adapter et devront malheureusement fermer ces deux prochaines semaines.
Philippe Doki-Thonon, vice-président de l’Umih, déplore lui aussi cette décision. "Le couvre-feu de 18h nous a déjà fortement affectés et on a fait l’effort de rester ouverts malgré un travail à perte. On a l’impression d’être systématiquement stigmatisés : pourquoi fermer les restaurants alors que les restaurants d’entreprise et les cantines scolaires restent ouverts ?"
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Des commerçants "indignés"
Les gérants de bars et de restaurants ne sont pas les seuls à faire la soupe à la grimace. A l’issue de ce week-end de Pâques, six galeries marchandes situées dans des centres commerciaux de plus de 10 000 m² vont, elles aussi, devoir baisser le rideau.
C’est notamment le cas du centre Grand Nord de Sainte-Clotilde et de celui de la Réserve à Sainte-Marie. La première des conséquences de cette fermeture : les employés des magasins concernés vont devoir être mis au chômage partiel.
"Je suis indigné par cette décision. Je ne comprends pas… J’ai l’impression que c’est une escalade de mesurettes qui stimagtise les commerçants", lance Aslam Badat, commerçant de la galerie de Sainte-Marie. Les pertes financières sont colossales pour ce chef d’entreprise qui emploie plus de 70 salariés. Et les aides proposées par l’Etat sont loin d’être suffisantes. "Ça nous couvre à peine le loyer !"
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Ibrahim Patel réclame plus d'aides pour les entreprises
Invité ce samedi midi dans le journal de Gaëlle Malet, Ibrahim Patel, président de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion, dénonce le manque de cohérence dans les décisions de la préfecture.
"Les chefs d'entreprises aujourd'hui sont fatigués parce qu'il n'y a pas de visibilité", déplore-t-il. "Plus les jours passent et plus le Covid se renforce et plus les entreprises sont dans la difficulté. Donc il faut renforcer les aides, il faut augmenter les aides et surtout les ouvrir à l'ensemble des activités. Il faut les donner à tout le monde. On ne peut plus mettre de critères!"
Regardez l'interview d'Ibrahim Patel sur Réunion La 1ère :
Le monde de la culture en quête d'une sortie de crise
La pilule est également dure à avaler pour le monde local de la culture. Car le préfet Jacques Billant a également décidé de faire fermer les salles de spectacle, tout comme les salles de sport au passage. Rémi Cazal, porte-parole de la CGTR Spektak, appelle de ses vœux à "une sortie de crise qui doit être construite collectivement".
Une sortie de crise qui pourrait intervenir "à partir de la mi-mai", pour reprendre les déclarations du président de la République Emmanuel Macron lors de sa prise de parole, le mercredi 31 avril. Il a assuré que "certains lieux de culture" pourraient accueillir à nouveau du public avec des règles strictes. C'est ce qui avait été mis en place dans l'île jusqu'à cette "reculade" du préfet Jacques Billant hier...
Regardez l’interview complète de Rémi Cazal sur Réunion La 1ère :