Fusillade à Strasbourg : deux jeunes réunionnaises racontent leur nuit d’angoisse

Le centre-ville de Strasbourg est bouclé mardi 11 décembre 2018 après une fusillade.
Une fusillade a éclaté mardi soir près du marché de Noël de Strasbourg. Samileï et Chloé, deux jeunes réunionnaises se trouvaient à quelques mètres. Confinées toute la nuit dans un appartement, elles racontent. 
"Tout s’est joué à quelques minutes près, remarque Samileï Hoarau. On aurait pu se retrouver devant l’assaillant". A 24 ans, cette jeune réunionnaise originaire du Bernica est en vacances à Strasbourg depuis quelques jours. Hier soir, mardi 11 décembre, elle a rendez-vous avec Chloé, professeur d’Espagnol à Strasbourg. Les deux amies d’enfance se donnent rendez-vous à 20h près du marché de Noël. Chloé a un peu de retard. Elles arrivent sur place quelques minutes après le début de la fusillade. 
 
Samileï et Chloé se trouvaient près du lieu de la fusillade à Strasbourg, le 11 décembre.

"Nous avions rendez-vous sur la grande rue où il y a beaucoup de restaurants. En arrivant, nous avons été bloqués par la sécurité, les attaques avaient commencé, raconte Samileï. Étrangement, je n’ai pas entendu les coups de feu, mais il y avait beaucoup de bruit". Plusieurs coups de feu ont été tirés dans le centre-ville. Le bilan provisoire est de trois morts et 12 blessés, dont six en urgence absolue. L'auteur présumé des tirs a été identifié et est activement recherché.

Ecoutez le témoignage ci-dessous recueilli par Philippe Dornier :

Samileï HOARAU

 

Le marché de Noël très fréquenté

Autour d’elles, de nombreuses personnes sont affolées. Les rues de Strasbourg sont remplies de monde en cette période de fêtes. "A cette période de l’année, Strasbourg vit beaucoup avec de nombreux touristes du monde entier qui viennent au marché de Noël. Il y a beaucoup de monde dans les rues du centre ville, raconte Chloé Jubault qui vit à deux pas du quartier où a eu lieu la fusillade. Il y avait beaucoup de rumeurs, d’informations contradictoires, on ne savait pas exactement ce qu’il se passait".
 

Confinées toute la nuit

Samileï et Chloé n’ont pas été témoins directs des attaques. Tout de suite après, elles se sont réfugiées dans l’appartement de Chloé à quelques pas de la fusillade. "Nous allons restées confinées, explique Samileï jointe par téléphone dans la nuit. A priori l’assaillant n’a pas été interpellé donc on ne veut pas sortir". Les deux amies d’enfance ont passé une partie de la nuit a regarder les chaînes d’informations en continue. "Ça me paraît éloigné et pourtant c’est à quelques mètres de là où je me trouve", remarque Samileï. "Finalement, nous sommes contentes de ne pas avoir pu faire ce que l’on avait prévu, mais en même temps c’est effrayant de se dire que l'on aurait pu être au mauvais endroit au mauvais moment", ajoute Chloé.

Ecoutez le témoignage ci-dessous recueilli par Philippe Dornier :

Chloé JUBAULT

 

L’angoisse des familles

Durant la nuit, Chloé a envoyé un message à ses parents. "Je me suis dis qu’il valait mieux que je les prévienne plutôt qu’ils se réveillent affolés sans nouvelle de moi, explique la jeune réunionnaise, originaire du Port. Ils ont allumé la télé et ont vu ce qu’il se passait. Je leur ai dit que nous étions en sécurité". Avec le décalage horaire, Samileï n’a pas pu joindre sa famille cette nuit, elle pense à leur inquiétude. "Surtout, ma grand-mère qui va être très inquiète de me savoir à un endroit où un tel événement a lieu", poursuit-elle.
 

La vie continue

Pour autant, la jeune réunionnaise ne veut pas céder à la panique et la psychose. "Ce n’est pas parce qu’il se passe des événements comme ça en métropole que l’on est toujours en danger, rassure Samileï. Strasbourg est une très belle ville et je suis heureuse d’y être venue. Le marché de Noël est sublime et j’espère qu’il ne va pas fermer. Le monde doit continuer de tourner, ce genre d’individu gagnerait si on annulait ce marché de Noël".
 

Réaction 

Un autre Réunionnais était présent à Strasbourg hier soir, il s'agit de l'euro député Younouss Omarjee. Il se trouvait au Parlement européen et a tweeté quelques minutes après le drame.