Grand Raid : ultime rencontre entre Robert Chicaud et les maires avant la décision du préfet

File d'attente au site de la Ravine Blanche
L’édition 2020 du Grand Raid sera-t-elle être maintenue ? Robert Chicaud doit rencontrer cet après-midi à la préfecture les élus des communes partenaires afin de leur présenter ses propositions pour le protocole sanitaire de l’événement. Le préfet devrait trancher dans la foulée.
Depuis plusieurs semaines, l’équipe organisatrice du Grand Raid travaille d’arrache-pied pour que l’édition 2020 ait bien lieu, comme prévu. Il s’agit d’un véritable défi en cette période de pandémie, sans compter que notre département a été classé dimanche dernier en zone rouge, c’est-à-dire en zone où le virus du Covid-19 circule activement.

La question de son annulation divise l’opinion publique alors que les autorités sanitaires –préfecture et ARS- multiplient les mesures restrictives et les messages de vigilance, et que plusieurs autres événements ont déjà été annulés ou reportés.
 

Un protocole sanitaire "strict"


Alors le Grand Raid sera-t-il maintenu ou bel et bien annulé à son tour ? Le préfet Jacques Billant qui a annoncé vendredi dernier qu’il rendrait sa décision en milieu de semaine, a reçu hier mardi les propositions de Robert Chicaud, le président de l’association Grand Raid, sur le protocole sanitaire qui serait intégré à l’organisation.

L’organisateur a déjà donné les grandes lignes de ce protocole : le masque obligatoire pour les bénévoles mais aussi pour les coureurs lors de leurs arrêtés sur les différents postes.

Avec la désinfection des mains et la distanciation physique, Robert Chicaud parle d’une "trilogie des règles sanitaires", sans compter que la fréquentation sera contrôlée au départ de Saint-Pierre et à l’arrivée au stade de La Redoute afin que ne soit pas dépassé le seuil réglementaire des 5 000 personnes.
 

Cilaos et La Possession sur la réserve


Cet après-midi, c’est au tour des maires des communes partenaires de l’événement d’examiner ces propositions. Ces derniers ont rendez-vous avec Robert Chicaud à la préfecture à ce sujet. Mais certains des élus concernés ont déjà fait part de leurs réserves quant à la tenue de l’événement.

Jacques Técher, le maire de Cilaos, parle d’une "situation exceptionnelle" telle qu’il n’est "pas possible à son avis de participer à l’événement dans les conditions sanitaires actuelles". La maire de La Possession Vanessa Miranville est, elle aussi, réticente, soulignant que le maintien de l’événement engendrerait "30 à 40 000 euros de frais supplémentaires".
 

Près de 845 000 euros de frais d’inscription…


Sur le plan financier justement, l’annulation de l’événement serait lourde de conséquences pour l’association Grand Raid. Au total, l’organisation a reçu 843 345 euros pour les inscriptions. Les 2 765 participants à la Diagonale ont dû verser 180 euros de frais d’inscription. Ces frais s’élevaient à 125 euros pour les 1 109 inscrits au Trail de Bourbon. 90 euros pour les 1 734 concurrents de la Mascareignes et les 182 équipes du Zembrocal ont dû payer 280 euros pour leur part.

Ces 6 336 inscrits au total seraient-ils remboursés en cas d’annulation ? Selon l'article 28 du règlement du Grand Raid qui fixe les conditions de remboursement si la course n'a pas lieu, deux cas de figure sont prévus.
 

Qui rembourserait les coureurs ?


Si c'est l'association qui annule, celle-ci devra restituer aux compétiteurs le montant de leurs inscriptions au prorata de l'avancement des préparatifs de l'épreuve. Si l'annulation est due à un cas de force majeur, intempéries ou interdiction administrative, le montant des inscriptions restera acquis à l'organisation.

Par conséquent, si le préfet décide d'annuler le Grand Raid, l'organisation ne serait donc pas obligée de rembourser les coureurs.

La décision d’annuler aurait aussi un impact non négligeable pour nombres d’acteurs économiques. A Saint-Pierre, les commerçants du centre-ville et du front de mer profitent chaque année des retombées financières de l’événement. Déjà lourdement impactés par la crise sanitaire, l’événement pourrait leur permettre de se remettre d’aplomb.
 

Le député Ratenon : "Sortir de l’hypocrisie"


Le député Jean-Hugues Ratenon demande quant à lui au préfet d’annuler purement et simplement l’événement. Ses propos sont sans concession : "Le moment est venu de sortir de l’hypocrisie : soit le virus est dangereux et il ne faut surtout pas faire ce grand raid, soit on veut détruire la Réunion, détruire l’économie, détruire les liens sociaux, détruire l’emploi, affaiblir les hôpitaux et contaminer les Réunionnais, alors autorisez cette course".

L’élu avance que le contexte épidémique ainsi que la nature des récentes mesures prises par le préfet ne vont pas dans le sens de l’autorisation d’un événement réunissant plus de 6 000 personnes.