Grenelle des violences conjugales : un an après, "des avancées plutôt encourageantes"

Il y a un an, le 3 septembre 2019, le gouvernement inaugurait en grande pompe le Grenelle des violences conjugales. Depuis, à La Réunion, 37 mesures locales ont été annoncées afin d'améliorer l'action publique locale. Mais quel bilan peut-on déjà en tirer ?
A La Réunion, comme partout en France, le 3 septembre 2019 s'ouvrait le Grenelle des violences conjugales. Objectifs : améliorer la prise en charge des victimes et leur suivi. La Réunion où depuis 2009, cinquante femmes ont été victimes de féminicide et qui  figure comme le troisième département français en matière de violences conjugales.

 A cette occasion, une centaine de professionnels des services de l'Etat, de la justice, des forces de l'ordre ou encore du monde associatif s'était réunie. 37 mesures locales ont été actées, complétées par 46 préconisations nationales afin de développer une prise en charge plus efficace des femmes et enfants victimes et des auteurs. 
 

Dépôts de plaintes des victimes : +12% 


Un an après, "la déclinaison de ces mesures locales et nationales a permis d'accompagner et de renforcer la libération de la parole des victimes et a impacté positivement la conscience collective et la vigilance des acteurs de la prise en charge" précise le préfet. Illustration avec le nombre de dépôt de plaintes par les femmes victimes. 1 107 plaintes ont été déposées au premier semestre 2020 à La Réunion contre 989 sur la même période en 2019, soit une augmentation de 11,9 %. Et par ailleurs, les affaires enregistrées par la justice en 2019 ont augmenté de 30,2 % par rapport à 2018

Dans le département, chaque jour, sept plaintes sont déposées pour des violences intrafamiliales. Trop souvent des femmes battues par leur compagnon ou leur ex-conjoint se retrouvent pourtant dépourvues de mesure de protection. Tout cela devrait s'accélérer, la procédure vient d'être réformée.

Témoignage d'une femme victime de violences conjugales dans ce reportage :
 
Justice : une ordonnance pour mieux protéger les victimes de violences conjugales
 

37 mesures locales adaptées 


Les préconisations du Grenelle contre les violences conjugales font aujourd'hui, l’objet d’un suivi rigoureux et attentif et ont débouché sur d'autres avancées notables : 

L'amélioration de l'accueil et la prise en charge des victimes par les services de police et de gendarmerie
 
  • Le nombre de référents violences intrafamiliales (VIF) en gendarmerie a été porté à 49 et des formations spécifiques destinées aux forces de l'ordre ont été renforcées.
     
  • Depuis le 15 janvier, la gendarmerie est habilitée à accompagner les victimes de violences conjugales à leur domicile conjugal pour récupérer leurs effets personnels.
     
  • Une convention de coopération est signée aujourd'hui afin de rendre possible le pré-dépôt de plainte des victimes de violences conjugales au sein du Groupe Hospitalier Est de La Réunion (GHER) de Saint-Benoît. L'Est étant le second arrondissement le plus touché par les violences conjugales et le premier territoire à expériementer ce dispositif. 
     
Une meilleure évaluation du danger encouru par la victime et un meilleur accompagnement
 
  • L'allégement de l'attribution des téléphones grave danger  (TGD). 28 femmes en ont bénéficié de janvier à juillet 2020 contre 26 en 2019. Signe que ce dispositif fonctionne efficacement. Des dispositifs pour aider les vitcimes à libérer leur parole mais également des victimes mieux accompagnées.
     
  • Le recrutement des intervenants sociaux dans les commissariats et gendarmeries (ISCG) ont doublé en un an. Ils sont désormais, 8 à ce poste et d'ici l'année prochaine, ils devraient être au nombre de 15. Des victimes qui peuvent également retrouver dans les commissariats et autres gendarmeries des permanences de soutien juridique.
 

Davantage de places d'hébergement exclusivement dédiées aux victimes  

" Dix mesures sont complétement réalisées. C'est encourageant mais il ne faut pas baisser la garde " 


Un an après, si le bilan reste plutôt mitigé voire en demi-teinte dans l'Hexagone, à La Réunion, les avancées sont encourageantes. La déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité précise que " sur les 37 mesures locales actées, 22 actions ont dans un état d'avancement très satisfaisant (dont 12 bien avancées et 10 sont en cours). Ce qui fait 60% de taux de réalisation, ce qui est un taux honorable. C'est encourageant mais pour autant la mobilisation doit se poursuivre coûte que coûte. Nous ne devons pas baisser la garde pour autant ".