Une intersyndicale SNPL-ALPA, CFDT, UNSA, SNPNS-FO a appelé les salariés d’Air Austral à la mobilisation. Ce dimanche 14 novembre, ils se sont rassemblés devant la préfecture pour protester contre un rapprochement "forcé" avec la compagnie aérienne Corsair.
Les manifestants sont soutenus par différentes personnalités politiques locales, parmi lesquelles la présidente de Région, Huguette Bello, les députés de La Réunion Karine Lebon, Jean-Luc Poudroux et Philippe Naillet, ou encore le conseiller régional d’opposition Jean-Jacques Morel.
Craintes pour l’emploi et l’activité
Les salariés mobilisés déplorent l’absence de rencontre ou de discussion dans ce dossier, et veulent obtenir des garanties de l’Etat. Ils craignent qu’un "mariage forcé" ne leur soit imposé, et que souhaitent voir maintenu le périmètre de l’emploi et de l’activité, ainsi que le rôle et l’encrage sociétale d’Air Austral au sein de La Réunion, explique Frédéric Benard, délégué syndical CFDT chez Air Austral.
S’ils ne se disent pas contre une joint-venture, ils veulent obtenir des garanties, obtenir le fait d’être entendu et obtenir d’être présents autour de la table des négociations. Ils veulent exprimer toutes leurs craintes auprès du préfet de La Réunion, plus haut représentant local de l’Etat. Ils ont donc sollicité un entretien auprès de Jacques Billant.
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Une audience pour échanger dans les prochains jours
Les représentants des salariés d’Air Austral ont donc rencontré le préfet et lui ont remis une lettre pour lui faire part de leurs craintes. D’après eux, " beaucoup d’éléments étaient connus, du moins pas étrangers à la connaissance du préfet ".
Jacques Billant les a assuré qu’il serait en mesure de monter une audience dans les prochains jours de façon à pouvoir échanger sur les différents scénarii qu’étudie aujourd’hui l’Etat dans le soutien de la compagnie d’Air Austral et son avenir, a expliqué Vivien Rousseau, président de la section Air Austral du syndicat national des pilotes de ligne, au sortir de cette rencontre.
Les représentants des salariés ont rappelé que " le calendrier était assez serré ", puisque dès la semaine prochaine certains acteurs économiques de la future "entité commerciale" devraient être présents sur l’île. Demande a également été faite par les syndicats d’une audience auprès du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui doit lui aussi venir à La Réunion dans les prochains jours.
Ne pas se " faire avaler "
Face à la crise Covid, les deux compagnies aériennes, Air Austral et Corsair, avaient décidé d’entamer des discussions pour en août dernier conclure un accord de coopération commerciale. Depuis, la tentation d’une fusion semble avoir pris le dessus.
Les salariés d’Air Austral craignent désormais que Corsair ne " les avale ". Ils ont le sentiment que les intérêts des Antillais sont privilégiés. Corsair est une compagnie aérienne française, détenue depuis fin 2020 par un consortium d'investisseurs ultramarins, dont un Guadeloupéen.
Dans un courrier adressé au préfet de La Réunion, aux députés et sénateurs, aux conseillers régionaux et généraux, aux maires, ou encore aux acteurs économiques et aux Réunionnais, les salariés d’Air Austral « et leurs familles » font valoir leur position.
Ils s’interrogent notamment sur le fait qu’Air Austral ait " dû emprunter auprès des banques alors qu’Air France et Corsair ont bénéficié d’aides conséquentes et gracieuses de la part de l’Etat ". Et d’ajouter : « l’Etat s’apprête à assécher Air Austral en lui imposant un mariage forcé, or nous sommes sortis des colonies ».
Un symbole de La Réunion
De cette fusion, les salariés d’Air Austral craignent de perdre leur " véritable patrimoine ", leur " identité " et leur " savoir-faire", dans ce qu’il considère être une fusion imposée, un "mariage forcé" avec Corsair.
" Tout comme nos pitons et remparts, la Fournaise, le Paille en queue, le rougail saucisse, l’ananas Victoria, le margouillat, l’endormi le Kréol, le rhum charrette, la dodo, … Air Austral est un symbole de La Réunion à préserver. "
Ils estiment qu’Air Austral participe au rayonnement de la France dans l’Océan Indien, et rappellent que des lignes ont pu être ouvertes vers l’Australie, la Thaïlande, la Chine, l’Inde, Madagascar, Maurice, Les Seychelles, Mayotte, Rodrigues et l’Afrique. La compagnie aérienne régionale fait vivre directement près de 900 salariés et leurs familles et crée plus de 3 000 emplois indirects.