"Le droit à l'avortement en danger" selon le docteur Alain Domercq

Dans le monde, 17 % des femmes ont recours à l’IVG au cours de leur vie.
Le 28 septembre marque la journée internationale du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Ce droit a abouti à l’adoption, le 17 janvier 1975, de la loi Veil dépénalisant l’avortement en France. La Réunion est la quatrième région française recensant le plus d’avortements avec un peu plus de 22 femmes sur 1000 qui ont pratiqué une IVG en 2021, derrière la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique.

234 300 interruptions volontaires de grossesses ont été pratiquées en France en 2022. Un nombre qui repart à la hausse après deux années de baisse. Chaque année ce droit permet à plus de 200 000 femmes en France de choisir de ne pas avoir d’enfant sans mettre en danger leur vie ou leur santé. 

Des freins multiples

Invité de la matinale radio ce matin, le docteur Alain Domercs évoque de nombreux freins à la pérennisation de ce droit. “Du côté de l’ordre des médecins et du côté associatif, rien ne coince. Il s’agit de décisions politiques, il y a toujours des freins religieux, des freins de certaines communautés”, explique-t-il. 

Pas plus tard que le week-end dernier, le Pape François en visite au Vélodrome de Marseille évoquait les personnes qui, en raison de leur situation financière, renoncent à faire naître des "créatures nouvelles", ainsi que "les enfants pas nés, refusés au nom d'un faux droit au progrès qui est en fait une régression", lors de son homélie. Des propos polémiques qui ne seront pas sanctionnés par le gouvernement mais qui ont fait réagir de nombreuses associations de militantes féministes. Un rassemblement est prévu aujourd’hui à Marseille.

“Ne pas restreindre l’IVG à des échecs de contraception”

“Il s'agit du choix d’un couple, mais avant tout du choix d’une femme qui choisit de ne pas garder un enfant qu’elle ne souhaite pas”

Docteur Alain Domercq, administrateur de l’Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception

 
Administrateur de l’Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception, le docteur Alain Domercs évoque un droit en danger, qui ne peut se résumer à des échecs de contraception. “L’IVG c’est aussi un choix. Parce qu’on vient d’avoir un emploi, parce qu’on est dans un couple instable, qu’on vient d’avoir un enfant et qu’on n’en veut pas un autre, parce qu’on veut une vie sans enfant. Il y a 1000 raisons pour faire une IVG. Ce choix c’est le choix d’un couple mais avant tout le choix d’une femme qui choisit de ne pas garder un enfant qu’elle ne souhaite pas, c’est un droit essentiel”, conclut-il.

Dans l’attente d’une inscription dans la constitution 

En France le manque de moyens (fermeture de plus de 130 centres d'IVG) et d’accès aux médicaments abortifs ont conduit chaque année des milliers de femmes à se rendre à l’étranger pour avorter.

Adopté par l'Assemblée Nationale en novembre 2022 puis par le Sénat en février, le texte est toujours en attente de son renvoi devant l'Assemblée pour la poursuite de la navette parlementaire.