C’est un appel à l'aide lancé par les agriculteurs, et notamment les maraîchers, ce lundi 13 février. Ils se sont rassemblés devant la préfecture puis le Département, à Saint-Denis, pour demander une aide d’urgence. Les maraîchers sont à bout de trésorerie.
La filière fruits et légumes en difficulté
Les agriculteurs ont déposé en préfecture une motion pour attirer l'attention des pouvoir publics sur l'augmentation du prix des intrants. Ils demandent un soutien à la filière fruits et légumes et affirment que la diversification végétale est au plus mal. Cette motion a aussi été remise ce matin au président du Département, Cyrille Melchior.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Hausse des coûts de production
"Il est impossible pour les agriculteurs de faire face et demain ça sera au consommateur de payer, prévient Dominique Clain, le président de l'UPNA, Unis Pour Nos Agriculteurs. Nous sommes obligés aujourd’hui d’augmenter les prix de nos produits pour pouvoir payer nos coûts de production".
L'intersyndicale agricole dénonce une hausse intenable des coûts de production, et en particulier du prix de l’engrais. Les producteurs de fruits et légumes travaillent à perte. Ils ont réduit leur volume de production et leur personnel.
Les prix des engrais ont triplé
Ils expliquent faire face à une succession de difficultés ayant fragilisé leur trésorerie ces trois dernières années. "L’arrivée de nouveaux ravageurs, les aléas climatiques avec cyclones et sécheresse, la crise Covid mais aussi la guerre en Ukraine et les prix des engrais qui ont triplé", assurent-ils. Les prix des autres intrants ont aussi flambé, ceux du plastique ou encore des bâches ont pris 30 à 50 % d’augmentation.
"Dans ce contexte, le plan mis en place pour atteindre l’autonomie alimentaire est remis en cause, prévient Jean-Michel Moutama, président de la CGPER. Sans accompagnement, la production locale va se casser la figure. On ne peut pas répercuter ces coûts sur nos produits alors qu’un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté à La Réunion".
"La mort de toutes les filières"
"Nous demandons que les autorités prennent en compte cette inflation et nous donnent des aides fiables, explique Dominique Clain, le président de l'UPNA, Unis Pour Nos Agriculteurs. Toutes les filières de l’agriculture réunionnaise sont en train de mourir : caniers, maraichers, éleveurs, abeilles…"
Une aide du Département
Le Département a déjà débloqué une enveloppe de secours, mais cette aide ne suffit pas selon Stéphane Sardon, le président de la FDSEA. "L’aide est de 150 euros par hectare, mais c’est insuffisant, assure-t-il. Nos factures en fertilisant ont doublé. Pour 1000 mètres hectares, on est déjà à 17 000 euros, c’est horrible".
"On est vraiment dans l’urgence, martèle Stéphane Sardon, le président de la FDSEA. Encore un mois ou deux comme ça, et on ne pourra pas remettre en culture et replanter".
Pour les jeunes agriculteurs, le constat est clair. "Aujourd’hui on demande aux agriculteurs de nourrir la population et d’assurer la souveraineté alimentaire, mais on nous donne pas les moyens de le faire", dénonce Guillaume Sellier, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs Réunionnais.
Un plan de relance sur deux ans
En fin de matinée, une délégation a été reçue au conseil Départemental. Le président Cyrille Melchior a réaffirmé "le soutien de la Collectivité aux producteurs de fruits et légumes qui assurent près de 70% des besoins en frais des Réunionnais".
Il annonce un plan de soutien et de relance sur deux ans avec des "mesures jugées prioritaires pour atténuer l'impact de l'augmentation des coûts de production, comme l'engrais". "Une enveloppe prévisionnelle de 3 M€ est d'ores et déjà envisagée à cet effet", a précisé Cyrille Melchior. La filière ananas, en voie de disparition, sera notamment concernée.
Une rencontre avec Jean-François Carenco
Par ailleurs, à l’issue de leur rencontre avec le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, les acteurs du monde agricole auraient aussi obtenu l’assurance d’être reçus par Jean-François Carenco et ses conseillers, pour une séance de travail en fin de semaine. Le secrétaire d’Etat aux Outremers sera en visite officielle dans l’île du jeudi 16 au samedi 18 février.