L’artisanat péï, "victime invisible et oubliée de la crise sanitaire"

Jean-Charles Nagou, le président de l'association Arts et Traditions, tire aujourd’hui la sonnette d'alarme. L'artisanat péï est en danger, explique-t-il, "victime invisible et oubliée de la crise sanitaire". Le secteur en crise appelle à la mobilisation.
Les artisans réunionnais subissent eux aussi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire actuelle. C’est ce qu’explique Jean-Charles Nagou, le président de l’association Arts et Traditions, dans une tribune intitulée : "L’artisanat péï : victime collatérale de la situation sanitaire, mais surtout victime invisible et oubliée".

"Nous sommes des fournisseurs de boutiques touristiques, des hôtels, des sites de visites guidées et au vu de la baisse de fréquentation, nos commandes ont baissé drastiquement. D’au moins 70%", détaille l’entrepreneur sainte-suzannois.

L'interview de Jean-Charles Nagou au journal de 12h30 de Réunion La 1ère :
 
Jean-Charles Nagou, invité du Journal de 12h30

La baisse d’activité est tout aussi inquiétante dans le domaine de l’événementiel (mariages, communions,...) pour lequel les artisans sont également sollicités habituellement. "La situation fait que le coût de fabrication a nettement augmenté également, les banques ont resserré les vis. À tout cela on rajoute des annulations d’événements majeurs, sources de revenu important pour les artisans. Beaucoup sont dépendants d’évènements pour être visibles et vendre".

Jean-Charles Nagou parle d’un "cercle infernal qui dure depuis 7 mois". Le professionnel indique échanger régulièrement avec les autres artisans. "J’entends les cris de désespoir, je vois des visages fermés et des familles en pleine souffrance", déplore-t-il.

L’artisan déplore le silence des autorités les concernant. "Je ne peux pas croire qu’elles ignorent le problème. Mais il semble qu’"on ne peut sauver tout le monde" alors on sacrifie les petits artisans locaux".
 

Pas de dispositif pour soutenir les artisans péï


Le problème, selon Jean-Charles Nagou, est que le secteur de l’artisanat péï n’entre pas dans le cadre des dispositifs de soutien mis en place notamment par l’Etat. "Nous sommes nombreux mais invisibles et nous n’avons pas pignon sur rue, ni de grands syndicats qui se battent réellement pour nous, regrette-t-il. Nous sommes pourtant un maillon de l’économie réunionnaise qu’on abandonne avec dédain".

Le président de l’association Arts et Traditions interpelle ainsi les institutions locales afin que celles-ci se mobilisent pour soutenir le secteur. "Les artisans péï, ce sont des emplois et des familles qui en vivent. A ce rythme-là, ce seront des milliers de chômeurs qui viendront s’ajouter à la queue à Pôle Emploi. Les artisans péï, ce sont aussi notre culture et notre patrimoine. Perdre ce trésor c’est perdre un peu de notre identité si belle et si complexe mais aussi si fragile".

Le secteur continue néanmoins de se battre pour survivre. C’est ainsi qu’à la Plaine des Palmistes se tient ce week-end le marché de l'artisanat péï. Une manifestation maintenue malgré le contexte sanitaire afin de soutenir justement les artisans en grande difficulté. Une trentaine d'exposants ont fait le déplacement.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
 
Artisans péi ; ils vous attendent à la Plaine des Palmistes