L’inquiétude des agriculteurs face à la sécheresse dans les hauts de Saint-Leu

Il ne pleut pas à La Réunion. Les sols manquent d’eau et le Grand Etang est quasiment à sec. La saison sèche actuelle est classée au deuxième rang des saisons les plus déficitaires enregistrées par Météo-France depuis 49 ans. A Piton Saint-Leu, Jean-Paul, agriculteur, est désemparé.
A Maduran, à Piton Saint-Leu, Jean-Paul Pajaniaye ne pense même pas récolter sa canne en décembre prochain. Ce mardi matin encore, il fait très chaud et le vent est sec sur les terres de Jean-Paul. Plantée en décembre de l’année, la canne n’a pas poussé en raison du manque d’eau.

"La pluie ne tombe plus depuis quatre mois sur les hauts de Saint-Leu, raconte Jean-Paul. Nous sommes en zone irriguée, mais j’ai des factures d’eau de plus de 2 000 euros pour les trois derniers mois".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Sécheresse : un agriculteur aux abois à Piton Saint-Leu
 

Des factures d'eau trop importantes

Dans les Hauts de Saint-Leu, Jean-Paul Pajaniaye est installé dans un secteur qui ne bénéficie pas de l’aide à l’irrigation. Il n’ose même plus mettre ses arroseurs automatiques en marche. Sa dernière facture de la SAPHIR l’a cloué sur place : 2126 euros pour le trimestre, contre 700 euros habituellement. "La canne a un prix fixe et calculé, je ne peux pas y intégrer le coût de l’eau comme pour le maraîchage, explique Jean-Paul Pajaniaye. Il faudra revoir cela".
 

Et si la canne n'est pas récoltée ? 

Ses six hectares de cannes ont besoin de 50 mètres cube d’eau par semaine en temps normal. En ce moment, avec la sécheresse, le producteur a besoin de trois fois plus d’eau. Il s’est arrangé avec la société d’affermage pour étaler les paiements. En attendant, si Jean-Paul ne récolte pas sa canne, elle aura 18 mois avant la prochaine coupe. "Ce n’est pas bon, car elle va perdre en sucre, explique le planteur. Mais on gagnera en tonnage".
 

Une saison sèche record

Cette année 2020 est marquée par une saison sèche record. La saison sèche actuelle est classée au deuxième rang des saisons les plus déficitaires enregistrées par Météo-France depuis 49 ans. Cette situation tendue a amené quelques communes à prendre des mesures telles que des coupures d’eau la nuit dans certains quartiers.

Comme Jean-Paul, quelques 180 agriculteurs de Saint-Leu sont dans la même situation. Tous appréhendent d’ores et déjà la mise en place de restriction.