Depuis le début de l’année, une centaine de cas de dengue ont été identifiés à La Réunion. C’est deux cent fois moins qu'en 2021. De 2018 à 2022, l'épidémie de dengue a fortement touché notre île.
Finie l’épidémie
Aujourd'hui, le nombre de cas a baissé de manière significative, il ne s’agit même plus "d'épidémie". En juillet dernier, le plan Orsec a même été abaissé à un niveau inférieur par la préfecture de La Réunion.
Comment le nombre de cas a-t-il baissé ? "Sur les quatre sérotypes de dengue existants, le type 1 a été à l'origine de la dernière épidémie à La Réunion", rappelle le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire l’ARS, Agence Régionale de Santé de La Réunion.
Une population immunisée
"En 2019, on peut considérer que la majorité de la population réunionnaise n’était pas immunisée contre ce virus, poursuit le professeur Xavier Deparis. Il a mis entre un an et 18 mois à s’installer et le pic épidémique est survenu en 2021 et il a été massif".
2021, le pic épidémique
En 2021, l’ARS a recensé 30 000 cas et 23 décès liés à la dengue, auquel il faut ajouter les malades asymptomatiques et ceux qui n’ont pas consulté de médecin. La population a donc été largement contaminée, mais immunisée, car chaque type ne peut s'attraper plusieurs fois.
Attention aux nouveaux sérotypes
Aujourd’hui, "le virus a plus de mal à circuler et on observe quelques cas à La Réunion", explique le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire ARS Réunion.
Maintenant, on est très vigilant sur l’introduction d’un nouveau sérotype. On a observé deux zones dans lesquelles le virus dengue 2 circule faiblement.
Le professeur Xavier Deparis
Déjà présent à Rodrigues et Maurice, ce virus dengue 2 a en effet été détecté dans le Sud de l'île.
Continuer à se protéger
La Réunion s’en est sortie, mais le moustique tigre, vecteur de la maladie, prolifère toujours dans l’île. La dengue a beau circuler faiblement, les mêmes mesures de lutte anti-vectorielle s'appliquent pour se protéger.
"On ne va pas attendre d’avoir la confirmation d’un cas, on va intervenir de suite dans un rayon de 100 mètres autour des malades, explique Manuel Rodicq, responsable du service de lutte anti-vectorielle de l'ARS Réunion. On va aussi avoir des actions de sensibilisation auprès de la population, de suppression des gîtes larvaires et de rappel des bons gestes. On va aussi mettre en place des actions de lutte insecticide pour tuer les moustiques qui sont potentiellement vecteurs".
L’expertise de La Réunion sert dans l’Hexagone
Dans ce contexte, l’Agence Régionale de Santé de la Réunion sert de consultant aux autres agences régionales de l'Hexagone. Le moustique tigre est de plus en plus présent dans d’autres départements français, et les processus de lutte utilisés à La Réunion servent d'exemple.
"Nous avons une expertise qu’on ne trouve pas ailleurs", remarque Manuel Rodicq, responsable du service de lutte anti-vectorielle à l'ARS Réunion.
On est consulté sur différents paramètres, sur les modalités à mettre en place autour des cas, sur notre organisation.
Manuel Rodicq, responsable du service de lutte anti-vectorielle
"Ici nous avons un service de lutte anti-vectorielle qui fait lui-même les actions de terrain, ce n’est pas le cas des ARS en métropole qui délèguent ces actions de terrains à des prestataires, poursuit Manuel Rodicq. À La Réunion, nous avons aussi un plan ORSEC qui n’existe pas en métropole, mais qui va leur servir de modèle pour en mettre un en place".
La recherche et les moustiques stériles
Du côté de la recherche, les expériences sur les moustiques stériles menées à La Réunion, n'ont pas été développées à grande échelle. Il y a deux axes de recherche en cours : le TIS (Technique Moustique Stérile) et le procédé du moustique stérile infecté par une bactérie, développé par Symbiotic, qui a reçu quatre millions de l’Etat pour développer une usine de production de moustiques stériles.
Enfin, la possibilité de l'arrivée d'un vaccin ouvre aussi de nouvelles perspectives.