C'est l’inquiétude pour les agriculteurs. Malgré les pluies bénéfiques du début d’année et celles, trop courtes, des restes de Bheki, la sécheresse sévit. Les finances de l’Etat pourraient même aggraver leur sort.
De 120 balles de foins à 8 pour une prairie de 4 ha
À Piton Hyacinthe, au-dessus du 19ème kilomètre au Tampon, Jean-Philippe Smith est inquiet. Ce maraîcher et producteur de viande bovine fait partie des victimes de la sécheresse. Pour l’heure, ses retenues collinaires pour ses plantations sont à peine remplies de moitié. Pire, c’est l’alimentation pour le bétail qui vient à faire défaut. les prairies de 4 à 5 hectares ne fournissent pas plus de 7 à 8 balles d’herbes coupées, contre 120 les bonnes années. Avec une saison cannière catastrophique de l’avis de tous, la paille canne vient à manquer. Pour les seuls 330 éleveurs adhérents à la Sica-Révia, ce sont 1000 tonnes de bagasse qui leur faudrait pour nourrir leurs bêtes.
Les vaches laitières ont besoin d'eau
Plus haut à la Plaine des Cafres, les éleveurs laitiers sont eux aussi inquiets. C'est le cas de Vladimir Reboul. Ses 70 vaches boivent chacune 170 litres d’eau par jour. Ces derniers temps des coupures d’eau peuvent survenir. Ses réserves lui permettent de tenir que 2 jours, pas plus. Avec la sécheresse, l’alimentation des bêtes se compose de matière sèche de d’aliments concentré, ce qui leur demande de boire de l’eau en plus.
La crise budgétaire pour aggraver la situation des agriculteurs
Si les calamités climatiques ne suffisaient pas, voilà que s’ajoute la crise budgétaire du pays. Dans le cadre de la loi de finance de la Sécurité Sociale, les cotisations des agriculteurs réunionnais pourraient être multipliées par 6, voire 7. Jusqu’à présent, les cotisations étaient calculées par rapport aux hectares pondérés. Ici les exploitations font en moyenne 7 hectares, dans l’Hexagone certaines en font 3000 ha à 5000 ha.
Le projet de loi demanderait que les cotisations soient basées sur les revenus des agriculteurs. Pour 40000 euros de revenus annuels, un agriculteur réunionnais qui payait jusqu’alors 2000 euros de cotisations, pourrait se voir taxé à hauteur de 14000 euros.
L’amendement de la sénatrice Audrey Bellim pour empêcher ce nouveau mode de calcul a été refusé à deux voix près.