Ce qu'il fallait retenir du Sobatkoz "comment faire baisser durablement les prix à La Réunion?"

Sobatkoz - La vie chère à La Réunion.
Pendant plus d’1h20 le jeudi 21 novembre, Séverine Rahout du collectif « pou la dignité lo pep réyoné », le secrétaire général de la Fédération du Commerce et de la Distribution Philippe Maillard, Raphaël Morino-Ros, membre de l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR) et l’économiste Jean-Yves Rochoux ont débattu sur “comment faire baisser durablement les prix à La Réunion”, lors de l’émission SOBATKOZ, sur Réunion la 1ère.

Comment faire baisser durablement les prix à La Réunion ? L’émission SOBATKOZ diffusée sur Réunion la 1ère jeudi 21 novembre, et co-animée par Jean-Marc Collienne et Gaëlle Malet, a permis à plusieurs points de vue de s’exprimer. 

La vie chère : une problématique qui dure depuis trop longtemps

Pour Séverine Rahout du collectif "pou la dignité lo pep réyoné", cela fait trop longtemps que l’on parle de la vie chère. Ce n’est pas en une émission que cette problématique sera résolue. Ce qu’elle demande désormais, c’est une grande concertation avec tous les Réunionnais. Il faut, selon elle, convoquer les élus et les collectivités locales pour régler ce problème de la cherté de la vie.  

Vers une continuité territoriale pour les produits importés ?

Raphaël Morino-Ros est membre de l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR). Il note un manque de confiance entre les citoyens, les différents acteurs économiques et la puissance publique. Il y a une défiance à un tel niveau que, quand quelqu’un affirme quelque chose, il y a une contestation nécessaire. Cette défiance est amplifiée lorsque tout ne peut être dévoilé. 

C'est ce que lui reproche Séverine Rahout pour avoir signé une clause de confidentialité au sein de l'OPMR. Néanmoins, grâce à cela, il a pu avoir accès aux éléments qui mènent à la fabrication des prix des produits vendus dans les grandes surfaces à La Réunion.  

Pour lui, il faudrait une action forte de l’Etat pour réduire les coûts liés au transport entre l’Hexagone et La Réunion. Cela reviendrait à instaurer une continuité territoriale des produits entre les territoires.  

Raphaël Morino-Ros ©Réunion la 1ère

 

Pour autant, il n’est pas favorable à la mise en place du protocole prévu aux Antilles. Il n’est adapté au tissu économique de l’île. S’il y a une baisse de 20% sur le prix de 53 familles de produits importés, certains seraient en concurrence frontale avec la production locale, si cela était appliqué à la Réunion. Il faudrait selon lui trouver des solutions innovantes appliquées au seul territoire de La Réunion.  

Une autorité de la concurrence plus présente

L’économiste Jean-Yves Rochoux remarque que si le taux de pauvreté est toujours aussi élevé avec 36% des Réunionnais concernés, leur part diminue depuis 2007.

Pour que les prix soient en baisse, il faudrait que la production agricole et industrielle locale augmente, avec une hausse de l’emploi. Le problème est que le marché est réduit.  

Il n’est pas possible non plus d’agir sur les prix, sauf à être en économie administrée comme pour le carburant. Cela est illusoire car il y a trop d’acteurs et de paramètres à prendre en compte. Ce qu’il faudrait, selon lui, c’est une vraie autorité de la concurrence. Elle devrait s’appliquer continuellement à vérifier les prix et la présence des produits dans les rayons, notamment pour ceux du bouclier qualité prix (BQP). 

Afficher les mêmes prix qu'en Hexagone

La grande distribution, représentée par Philippe Maillard, secrétaire général de la Fédération du Commerce et de la Distribution, s'engage à afficher les mêmes prix que dans l’Hexagone, si on leur trouve la solution. 

Philippe Maillard - secrétaire général Fédération du Commerce et de la Distribution ©Réunion la 1ère

Entre le producteur de métropole et l’arrivée des produits dans les rayons à La Réunion, il n’y a pas moins de 14 intermédiaires. À une exception près, ils sont tous indispensables. Ils opèrent à différents niveaux, ici et là. 

Le coût de la fabrication des produits alimentaires 

Les produits alimentaires comme le yaourt fabriqués localement le sont dans des usines qui ne sont pas adaptées au marché local. Il n’y a qu’une seule ligne de fabrication pour plusieurs produits, là où chaque produit à sa ligne de fabrication qui tourne 24h/24h en Europe.

Cela engendre des coûts supplémentaires dans la production. Par ailleurs, pour éviter tout monopole, il existe deux fabricants là où la logique économique ne laisserait de la place pour un seul.  

L’exemple du poulet

Le poulet local coûte plus cher que celui de l’Hexagone. Mais faire venir un poulet frais de l’Hexagone revient plus cher. 

Ainsi, une volaille vendue à un magasin en hexagone à 2,80 € hors taxes, se retrouve vendu dans le magasin en hexagone 3,53 € soit un écart de prix de 62%. 

Le poulet de même catégorie est vendu à un magasin à la Réunion 4,55 € hors taxes, se retrouve vendu dans le magasin réunionnais à 5,49 €, soit un écart de prix de 55%, inférieur à celui de l’Hexagone. 

Si le poulet de l’Hexagone devait être en importé en avion, car c’est un produit frais, il arriverait à la chambre froide du magasin à 8,69 € hors taxes, pour s’afficher à 10,49 € dans les rayons. 

Le bouclier qualité prix

Pour maintenir les coûts sur des produits de première nécessité, la loi Lurel a mis en place le Bouclier Qualité Prix. 

En 2018, il concernait 109 produits avec un chariot s’élevant à 288 €, soit une moyenne de 2,64 € par produit. 

En 2019, le coût pour les 109 produits descendait à 253 €, soit une moyenne de 2,32 € par produits. 

En 2021, ce sont 153 produits qui ont rejoint le chariot type pour un montant de 349 €, soit une moyenne de 2,28 € par produit. 

Depuis cette date, le représentant de la grande distribution remarque que cela fait 4 ans qu’il y a le même nombre de produits, et que le prix plancher de vente n’a pas bougé, malgré l’inflation. 

Séverine Rahout, du collectif « pou la dignité lo pep réyoné », de lui rappeler que les produits frais ne sont pas concernés par ce BQP.